« Cette séance est pour nous un point de départ ! », scande Philippe Pelletier. Le président récemment reconduit du Plan bâtiment durable, menait ce 16 janvier 2018 une assemblée exceptionnelle regroupant professionnels du bâtiment et collectivités territoriales, au siège de la FFB (Paris XVI). Objectif : les concerter sur le plan quinquennal de rénovation énergétique des bâtiments mis en consultation auprès des professionnels jusqu'au 31 janvier 2018 et dont la version définitive devrait être publiée « fin février-début mars », selon la directrice de cabinet de Nicolas Hulot, Michèle Pappalardo. Et les présents n'ont pas manqué d'idées...
Pousser la rénovation lors de la transaction d'un logement
Premier thème soulevé : la rénovation de 500 000 logements énergivores prévus chaque année, dont la moitié concerne des ménages modestes. Pour les professionnels présents, la démarche du gouvernement, qui veut en priorité toucher les ménages les plus précaires, mettrait de côté certains publics comme les copropriétaires. « Il faudrait se demander si le moment de la transaction ne serait pas le moment idéal pour inciter à une rénovation énergétique », s’interroge Philippe Pelletier.
Développer les CEE
Loin de faire l’unanimité, la rénovation énergétique jouit d’une mauvaise presse auprès du grand public. Conséquence : les ménages ne se lancent dans des travaux qu’au dernier moment, créant un goulot d’étranglement pour les entreprises qui n’ont pas la capacité de traiter toutes leurs demandes en même temps. « Il faut inciter plutôt que punir. C’est pourquoi développer le système de certificat d’économie d’énergie pourrait être une solution, puisque les fournisseurs d’énergie, pour remplir leur objectif d’économies, doivent inciter les particulier à réaliser des travaux », propose Philippe Loiselet, du cabinet spécialisé dans l’administration de biens immobiliers, Loiselet & Daigremont.
Accroître la gouvernance territoriale
Ce travail de mobilisation du public doit aussi s’accompagner d’une gouvernance territoriale accrue, la région étant devenue le chef de file de la transition énergétique. Certaines collectivités locales prennent des initiatives. « Nous avons conclu un partenariat avec trois grandes banques régionales pour négocier au mieux les intérêts bancaires des habitants », explique Fabrice Dalino, chef de service de l’écologie urbaine pour la région Bretagne, qui pose aussi la question d’aller chercher des fonds européens.
Améliorer la communication
Pour le Plan bâtiment durable, le nerf de la guerre se situe aussi au niveau de la communication. La mission interministérielle a lancé avec l’Ademe un appel à consultations sur l’évolution de la communication et du marketing de la rénovation. « Il faudrait créer une marque ou une bannière, de manière à ce que les territoires, mais aussi les acteurs publics et privés puissent communiquer sur les mêmes termes », propose Anne-Lise Deloron, directrice adjointe du Plan bâtiment durable. Objectifs : donner envie et confiance aux ménages de réaliser des travaux de rénovation, mais aussi rassembler la filière.
S'appuyer sur les plateformes territoriales de la rénovation énergétique
Car à côté de ce problème de communication, les professionnels établissent un constat : le secteur privé propose peu d’offre d’accompagnement des ménages dans les travaux de rénovation. « Organiser une communication régionale, former et mobiliser les professionnels est devenu nécessaire. C’est pourquoi il faut mettre d’avantage à disposition des plateformes territoriales de la rénovation énergétique (PTRE) », préconise Benoit Faucheux, vice-président de la région Centre-Val de Loire. Ces PTRE assurent l’accompagnement des particuliers qui souhaitent diminuer la consommation énergétique de leur logement. Ces PTRE pourront les orienter vers des réseaux de professionnels, qualifiés pour définir leur projet, monter leur financement et faire réaliser des travaux.