Réhabilitation du bassin minier : l'Etat au rendez-vous de ses engagements

Pour poursuivre la rénovation des logements de ces cités du nord de la France, la loi de finances 2025 prévoit 8 millions d’euros qui viendront s'ajouter aux 124 millions engagés depuis 2018. En outre, 17 millions sont budgétisés pour requalifier les espaces publics, en plus des 46,5 millions déjà investis à cet effet. 

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Maisons minières à Rouvroy (Pas-de-Calais)
En raison de l’inscription de plusieurs cités minières au patrimoine mondial de l’Unesco, comme ici à Rouvroy (Pas-de-Calais), les maisons sont rénovées de l’intérieur. Entre 80 000 et 100 000 euros par logement selon la surface. C’est Demathieu Bard qui assure le gros œuvre pour le compte du bailleur SIA (7 300 logements ouvriers). Couverture, menuiserie, isolation, plomberie, désamiantage, curage, etc. Une douzaine d’artisans interviennent en moyenne sur chaque maison.

En 2017, à la fin du quinquennat Hollande, l’Etat s’engageait à verser 100 millions d’euros (10 millions par an de 2018 à 2027) pour rénover les logements énergivores des cités minières. Objectif de ce programme baptisé « Engagement pour le renouveau du bassin minier », ERBM : diviser par trois la consommation d’énergie de ces maisons en brique construites dans la première moitié du XXe siècle pour abriter les mineurs et leurs familles. Ce « programme de renouvellement urbain du logement horizontal » ciblait 23 000 maisons classées F ou G, disséminées entre Lens, Valenciennes, Douai et Béthune, et n’ayant pas pu bénéficier justement, jusque-là, du soutien de l’Anru.

Où en est-on aujourd’hui ? La rénovation des logements classé G est en passe d’être terminée. Les « F » sont aujourd’hui en travaux. Les « E » le seront entre 2030 et 2034. « A condition que l’Etat continue à nous accompagner », précise Jean-François Campion, directeur général de Maisons & Cités. Le premier bailleur des Hauts-de-France, avec 64 000 logements, a investi de son côté 1,7 milliard d’euros pour la réhabilitation de son parc depuis 2018.

124 millions versés

Jusqu'à présent, l'Etat est bien au rendez-vous puisqu'il a déjà dépassé l'enveloppe initiale de 100 millions d'euros avec 124 millions d’euros déboursés, sans même compter les 8 millions supplémentaires programmés dans la loi de finances 2025.

Comment expliquer de telles largesses ? La rallonge est due en partie au vote en août 2021 de la loi « Climat et Résilience », plus ambitieuse en termes de rénovation énergétique. Le nombre de logements concernés par l’ERBM est ainsi passé de 23 000 à 30 000. Et des éléments supplémentaires ont été pris en compte comme le confort d’été, ou le remplacement des chaudières gaz par des pompes à chaleur (PAC) plus coûteuses. Ces 8 millions supplémentaires vont permettre d’absorber, en partie, les travaux sur ces 7 000 maisons de plus.

« Par rapport à 2018, on rénove aussi autrement, en ouvrant les pièces pour faire des cuisine-salons plus grandes et plus lumineuses », détaille Philippe Castelain, directeur Réhabilitation et Renouvellement urbain pour le bailleur social SIA Habitat, récipiendaire de 29 millions d’euros au titre de l’ERBM depuis 2018.

Des travaux supplémentaires qui coûtent aussi plus chers en raison de la flambée du prix des matériaux et des prix de travaux qui baissent peu malgré les forts volumes engendrés. De 60 000 euros par logement en 2018, le coût de la réhabilitation oscille aujourd’hui entre 80 000 et 100 000 euros.

17 millions pour la requalification urbaine

L'Etat sera-t-il aussi présent sur le volet aménagement urbain que sur celui de la réhabilitation de l'habitat ? Car l’ERBM, c’est aussi des travaux sur les espaces publics : réfection de voiries, éclairage public, enfouissement de réseaux, création de boulevard urbain… En 2022, Emmanuel Macron promettait une rallonge de 100 millions d’euros pour cette requalification urbaine : 46,5 millions ont déjà été dépensés et 17 millions supplémentaires budgétés pour 2025.

Casse-tête pour les communes

De quoi rassurer, un peu, des élus locaux inquiets de la pérennité de ces financements, alors que collectivités et communautés de communes prennent en charge entre 30 et 40 % de ces travaux. « C’est compliqué de s’engager sans savoir ce que décidera l’Etat l’année prochaine. On aurait préféré une convention sur 20 ans, plutôt que des engagements au fil de l’eau », juge Alain Roger, vice-président de la communauté d’agglomération de Lens-Liévin en charge de l’ERBM.

A Rouvroy (Pas-de-Calais), au sud de Lens, les 753 logements de l’ex-cité Nouméa, la plus étendue de la région, ont bénéficié de 11 millions d’euros de travaux de rénovation. L’aménagement urbain, prévu dans les années à venir, a lui été chiffré à 10 millions. Colossal pour une ville de 8 700 habitants. « C’est un vrai casse-tête. Même si on espère des subventions, il faut emprunter pour payer l’ingénierie et lancer les premiers travaux », expose la maire PCF Valérie Cuvillier. Comme beaucoup de ses collègues dans les Hauts-de-France, elle milite pour un fonds de trésorerie pérenne qui ne plomberait pas le taux d’endettement de communes déjà enjointes à faire des économies.

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