Une initiative de plus pour tenter d’amener plus de jeunes vers les métiers du BTP. Elle vient des Vosges, département qui n’est pas plus épargné que les autres par la pénurie de main d’œuvre pour le secteur. Sa fédération du BTP comptabilise 1 420 postes à pourvoir, une proportion significative par rapport à ses effectifs de 7 500 personnes. « Pôle Emploi nous rapporte un taux record de 83 % de difficultés de recrutement dans la construction », ajoute Xavier Dorado, président de la fédération.
Audit
Pour y remédier, l’organisation professionnelle est partie à l’information à la source. « Nous nous sommes dits qu’on ne pouvait avoir une chance qu’en collant le mieux aux attentes des jeunes, ce qui supposait de recueillir leurs avis de façon la plus professionnelle possible », souligne Delphine Grévisse, responsable emploi-formation à la fédération BTP des Vosges. Il en est résulté un audit et un sondage pendant quatre mois, auxquels quelque 300 jeunes et leurs familles ont répondu, qu’ils soient en formation dans le BTP ou sans rapport avec le secteur. L’opération a représenté un coût de 250 000 euros.
Elle y a décelé des motifs d’espoir, au-delà des clichés sur l’image et les rémunérations. « Les familles s’accordent majoritairement sur la valorisation du secteur du BTP, 52 % des interrogés encouragent leur enfant ou petit-enfant à s’orienter vers lui. Les jeunes eux-mêmes imaginent à 97 % le BTP comme un secteur engagé pour la préservation de l’environnement et 85 % l’identifient comme innovant », relate Xavier Dorado.
Marque employeur
Pour capitaliser sur ces conclusions, la fédération a monté une marque employeur, « notion peu travaillée par nos entreprises », rappelle le président. TeamBTP88, ainsi qu’elle a été baptisée, pourra bénéficier à l’ensemble des 350 adhérentes, à son lancement la rentrée prochaine. Sans ambiguïté, elle doit permettre aux entreprises de mieux « se vendre » auprès des jeunes, à partir notamment de quelques messages et slogans imaginés avec l’agence de communication Section 4 pour coller aux repères des jeunes, comme le « Team BTP plus fort que la Team Strat ». On saura aussi que le BTP, grâce à ses formations par l’alternance, c’est « j’ai gagné plus de 26 000 euros pendant ma formation », ou « qu’à 16 ans, on ne gratte plus de thunes à ses parents ».
La base est ainsi posée pour développer d’autres actions, en « allant vers les jeunes là où ils sont, sur les réseaux sociaux et TIkTok » et dans une optique de moyen terme. « On se donne deux ans pour changer le cours des choses », souligne Delphine Grévisse.