Recrutement Les majors recherchent des cadres à l’international

Les géants du BTP ont un besoin urgent et massif de forces vives pour gérer les chantiers à l’international, élaborer des appels d’offres et consolider leurs filiales étrangères. Les chefs de projets et les responsables travaux sont particulièrement recherchés.

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Vinci, Eiffage, Colas, Bouy­gues Construction, les géants hexagonaux du BTP et leurs challengers directs n’ont pas attendu que la mondialisation s’invite dans l’agenda médiatique pour planter leurs drapeaux sur les cinq continents. Objectif ultraclassique de leur stratégie d’internationalisation : trouver de nouveaux marchés et de nouveaux débouchés. « La demande mondiale en matière de construction est particulièrement soutenue. D’où la frénésie des grands groupes pour trouver les meilleurs profils - jeunes ou confirmés - pour remporter les appels d’offres, prospecter des zones géographiques jusqu’alors délaissées, et, in fine, pour gérer les chantiers sur place », analyse Isabelle Istria, associée du cabinet de recrutement Horton International, département BTP. « Il n’y a jamais eu autant de grands projets dans le monde », confirme Patrick Béchaux, DRH de Vinci Construction Grands Projets (4 500 salariés) dont le nombre d’affaires a doublé en quatre ans. Cette légitime satisfaction chez les majors hexagonaux du BTP ne doit pas masquer une certaine forme d’inquiétude en termes de gestion des ressources humaines, sous l’effet conjugué de la hausse de l’activité et du papy-boom actuel. « Nos besoins en matière de recrutement sont élevés puisque nous recrutons de 250 à 300 cadres par an dont un grand nombre a vocation à travailler sur des projets internationaux. Or, il est peu aisé de recruter des jeunes profils expérimentés (35-45 ans), particulièrement courtisés. Il nous faut donc multiplier les initiatives en matière de recrutement tout en fidélisant les salariés déjà présents, notamment grâce à des efforts de formation, poursuit Patrick Béchaux. Nous comptons dans nos rangs plus de 300 expatriés. Un chiffre qui devrait augmenter dans les années à venir grâce au démarrage imminent de nombreux chantiers hors de France. »

L’envoi de VIE se développe. Chez Bouygues Construction, dans le même esprit, depuis 1999, deux cycles de formation destinés aux jeunes managers (Ulysse) et managers confirmés (Marco Polo) ont été mis en place. « Ces programmes internationaux, visent à développer les capacités de leadership et les aptitudes managériales autour de valeurs communes, à favoriser le partage d’expériences et à bâtir des projets sur une même vision », explique-t-on chez le géant du BTP.

Avec 45 % de son activité réalisée à l’étranger le groupe Colas, leader mondial de la construction de routes (implantation dans 40 pays, 450 expatriés sur 30 000 collaborateurs), est confronté à la même nécessité d’attirer (et de conserver) les meilleurs talents au profil résolument tourné vers l’international. « A partir de nos implantations régionales, nous nous impliquons de plus en plus dans le domaine des partenariats publics-privés et des concessions, explique Philippe Tournier, le DRH international du groupe. Nous recherchons en permanence de nouveaux profils, notamment des chefs de projets expérimentés ou des experts techniques. » Outre la recherche d’expatriés, le groupe Colas mise sur le « développement durable » de son encadrement local, comme récemment en Europe, au Maroc ou à Madagascar. « En 2007, à l’international, nous aurons intégré 3 000 collaborateurs dont 100 expatriés supplémentaires pour assurer notre expansion », précise Philippe Tournier.

Autre moyen pour défricher de nouveaux marchés : l’envoi de Volontaires Internationaux en Entreprise (VIE), une formule qui connaît un grand succès, notamment dans le BTP (1). « Les VIE sont intégrés à l’étranger soit en production au sein des équipes projets, soit dans les équipes de développement commercial en amont, se félicite Patrick Béchaux. Nous en comptons 25 aujourd’hui à travers le monde. Nous aimerions faire passer ce chiffre à 30 en 2008. »

Mise en place d’équipes mixtes. Quelles que soient les techniques d’approche utilisées (envoi d’experts techniques pour étudier les appels d’offres, nouer des partenariats dans le cadre de consortium, monter des équipes projets pour gérer le chantier remporté), les grands groupes du BTP s’efforcent, dans la mesure du possible, de créer des équipes mixtes sur place (expatriés/recrutements locaux). « Lorsque nous sommes leaders sur une opération (80 % des cas), nous détachons des patrons techniques, travaux et financier en recherchant toujours l’équilibre avec nos partenaires. Sur un grand projet, notre principe est de ne jamais donner “les clés de la maison”. Cela peut se comprendre compte tenu de la somme des risques techniques, contractuels et financiers. Nous préférons “garder les mains sur le volant”», note Patrick Béchaux. A l’image d’Alexandre Kohlmeyer, 32 ans, ingénieur Enise, expatrié dans une filiale allemande du groupe Eiffage depuis deux ans après avoir exercé des fonctions de conducteur de travaux en France.

« Actuellement, je travaille aussi à 50 % dans une filiale tchèque du groupe. Je mets en place des procédures de contrôle de gestion pour optimiser la maîtrise des coûts sur les chantiers et la qualité du reporting avec le groupe. Dans un poste comme le mien, il convient d’être humble et diplomate. »

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