Quelles solutions pour déplomber les canalisations ?

-Si la pertinence des travaux de liés à la présence de plomb dans les branchements publics est tenue en suspicion, plusieurs techniques répondent au problème. L'arbitrage reste donc avant tout économique.

Le problème du plomb dans les canalisations d'adduction d'eau est de nouveau d'actualité. Le 16 octobre dernier, le Conseil européen a adopté un texte qui impose un plafond de teneur en plomb de l'eau potable de 25 µg/l pour 2002, et de 10 µg/l pour 2012 (« Le Moniteur » du 24 octobre 1997, page 49). Le 1er juin était par ailleurs publié un arrêté interministériel « relatif aux matériaux et objets utilisés dans les installations fixes de production, de traitement et de distribution d'eau destinée à la consommation humaine ».

Comme le rappelle Louis Lessirard, ingénieur au service technique du groupe Bonna, « ce sont avant tout les canalisations en plomb qui sont montrées du doigt, et peut-être certains alliages contenant du plomb. En tout état de cause, les niveaux de relargage des produits à base de ciment sont largement en deçà des plafonds réglementaires ». Pourtant, c'est bien l'ensemble des tuyaux qui doivent être contrôlés et certains remplacés, qu'il soient en matériaux métalliques, à base de liants hydrauliques, ou organiques. Ces travaux, dont le montant est évalué à 130 milliards de francs pour la France, seraient imputables, pour une grande part, aux collectivités territoriales. Les élus s'en sont émus, en posant la question de la pertinence des ces mesures, mais en s'enquérant néanmoins des moyens techniques mis à leur disposition pour les appliquer (« Le Moniteur » du 17 octobre 1997, page 32).

Quatre techniques de remplacement des conduites

Les solutions sont de deux ordres : ou bien l'on traite l'eau de façon à réduire la solubilité des sels de plomb - en élevant le pH ou en ajoutant des sels de phosphate qui forment un film sur la face interne des canalisations ; ou bien l'on réhabilite ou remplace la conduite, dont le diamètre est toujours modeste. Dans ce dernier cas, l'opération vise à substituer le polyéthylène ou la fonte au plomb.

L'ouverture d'une tranchée reste la technique la plus simple et la plus courante. Elle occasionne le remplacement des terres de remblai par des graves calibrées, sous coupure d'eau. En milieu urbain, il est toutefois plus judicieux d'intervenir sans nuisances de surface.

« Deux solutions existent, résumait, le 20 novembre, à la journée d'information de l'AGHTM (1), Alain Boireau, ingénieur à la Générale des eaux. Première technique : le fonçage à la fusée. Le terrain est foré par compactage à l'aide d'un fonceur pneumatique, et le tube est introduit directement derrière, tracté par la fusée si le sol est boulant. La difficulté : les réseaux existants doivent être précisément recensés. Seconde technique : le remplacement place pour place. Le tuyau en plomb peut être extrait simultanément à la traction d'un polyéthylène haute densité, au moyen d'un câble équipé de cônes d'accrochage (procédé Extractor - CGE). La nouvelle conduite peut aussi être mise en place à l'intérieur de l'ancien tube qui reste en place, lui-même élargi par une découpe longitudinale (procédé Extracoupe - Lyonnaise des eaux). »

Autre solution possible : le forage dirigé, rentable surtout sur de grandes longueurs. « Elle peut être utilisée au prix de la tranchée ouverte, affirme Patrice Schneider, commercial de Cogeprec. Cette solution se trouve en concurrence avec les fusées. »

Des réhabilitations non structurantes

Les conduites existantes peuvent enfin être revêtues d'un film protecteur et imperméable aux atomes métalliques. La solution actuelle est néerlandaise : après décapage de l'intérieur du tuyau, une gaine en PET (2) est insérée puis expansée par injection d'eau chaude. Des tests sont aussi réalisés sur deux autres produits mis en oeuvre par remplissage à l'air comprimé : le latex, après nettoyage à l'acide acétique (CGE) ; l'époxy, après sablage (Lyonnaise des eaux). Restera ensuite à remplacer les canalisations à l'intérieur des bâtiments... Une autre paire de manches !

(1) « Conformité sanitaire des matériaux des installations publiques de distribution d'eau destinée à la consommation humaine », organisée par l'Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux (tél. : 01.53.70.13.53). (2) PET : polyéthylène téréphtalate.

SCHEMA : 2 procédés de remplacement du tube

La conduite en plomb peut être évacuée par un câble muni de cônes d'accrochage, qui tractent le nouveau tuyau derrière. (En haut). Elle peut aussi rester en place : le câble la découpe longitudinalement et dépose le nouveau tuyau dans ce diamètre élargi. (En bas).

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