Réglementations, normes, labels et surtout étiquetage environnemental sur les émissions de polluants dans l’air intérieur : suite à toutes ces exigences, la peinture, c’est aujourd’hui 80 % de phase aqueuse. En conséquence, la brosserie a dû s’adapter à ces nouvelles formulations. Mais ce ne sont pas les seules évolutions que ce secteur a connues ces dix dernières années. Nouvelles finitions, technicité à fonctionnalité en quête de valeur ajoutée…. Le libre-service doit-il se plier à tous ces changements ? C’est en tous cas la démarche des industriels pour faire digérer ces mutations.
Segmentation. Alors en libre-service, « nous devons faire preuve de pédagogie », annonce Stéphanie Vignon, chef de groupe division professionnelle chez V33. Du coup, la segmentation trône en rayons. « Nous avons développé un code couleur pour aider le peintre a trouvé sa brosserie par type d’usage et par type d’application », informe Claude Criqui, directeur général de Ciret France. Le vert rime avec façade, le jaune, avec laque et vernis, et le rouge, avec murs et plafond. Mais la démarche ne s’arrête pas là. « Encore aujourd’hui, certains peintres ne font pas la différence entre peintures solvantées et formulations en phase aqueuse. Or, il faut que l’outil corresponde non seulement à la surface mais aussi à la peinture afin d’éviter les mauvaises surprises sur le chantier », précise Claude Criqui. Résultat : chez Ciret France, pour le libre-service, les codes couleurs s’accompagnent d’un tableau de préconisation. Cette segmentation on l’applique aussi chez Cécil Professionnel. Mais, cette fois, « il s’agit de capter une cible diffuse chez les multi-spécialistes où 65 % des ventes sont réalisées en blanc », chiffre Stéphanie Vignon. Ainsi, « nous aidons au choix la clientèle de maçons, plaquistes, ou plombiers qui peuvent avoir des besoins ponctuels en blanc grâce à trois niveaux de qualité définis selon les typologies de chantier ». De l’économique, au bon pouvoir couvrant visant le meilleur rapport qualité/prix, jusqu’aux réponses techniques, dépolluantes y compris.
Tester les produits. Pédagogie oblige, les PLV décortiquent les différentes possibilités de finition, « car si le velours est de plus en plus demandé sur le terrain, son rendu reste méconnu », ajoute Stéphanie Vignon. Alors même si la place manque en rayons, les industriels rivalisent d’ingéniosité pour montrer. Ciret France a par exemple développé « des présentoirs trois faces pour les adhésifs, avec un espace pour tester le produit adapté selon la surface à masquer ». Reste que du côté des négoces spécialisés, l’idée même du libre-service interroge. « On s’achemine de plus en plus vers un achat en click and collect », révèle André Corriges, président d’Espace Revêtements. « En tous cas chez nous les peintres savent ce qu’ils souhaitent et commandent de plus en plus par téléphone pour enlever ensuite leur marchandise dans un casier ou au comptoir ». Dans ce cas, faut-il encore expliquer le produit ? Pour ce spécialiste « en libre-service, il faut avoir les 20/80, se recentrer sur les couleurs de l’année ou proposer une sorte de nuancier universel comme le RAL en menuiserie. Tout ce qui est démonstration se fait dans le show-room. Là le peintre peut accompagner son client ou nous l’envoyer directement. Ensuite, il faut un relais sur internet car les clients veulent voir de plus en plus de marchandises, et nous ne pouvons pas avoir des milliers de mètres carrés de stocks », ajoute André Corriges. D’ailleurs dans ce réseau d’indépendants, on se plie déjà à ces exigences. La commande avec enlèvement dès le lendemain est déjà dans les tuyaux de l’achat 2.0. Le libre-service pourra-t-il résister aux assauts du phygital ?