Alors que la sortie du confinement, imposé pour lutter contre le coronavirus, se traduit encore pour de nombreux salariés par une poursuite du télétravail, les professionnels de l’immobilier s’interrogent : quel sera l’impact de la généralisation de cette pratique sur les immeubles de bureaux ?
Lors d’un webinar organisé le 11 juin par le cabinet LPA-CGR Avocats, Christian de Kerangal, directeur général de l'Institut de l'Epargne Immobilière et Foncière, a donné un premier élément de réponse : « la crise économique qui va suivre aura un impact fort sur les entreprises et leur besoin en immobilier ».
Depuis le début du confinement, les investissements dans les immeubles de bureaux ont déjà chuté de 41%, selon l’agence d'immobilier d'entreprise Savills. Et avec la récession qui s’annonce et les plus de 800 0000 emplois perdus, les loyers pourraient baisser de 5 à 15%.

Des bureaux moins denses
Le home office pourrait aussi bouleverser l'organisation des bureaux. Boris Cappelle, P-DG de Savills, anticipe ainsi « l’émergence d’un système hybride au sein des entreprises avec du télétravail et le bureau comme centre de gravité ». Le travail à distance entraînera « une rupture dans la densification des espaces de bureau », ajoute-t-il. Conséquence de la crise sanitaire et des mesures de distanciation sociale : les collaborateurs qui retournent dans les locaux pourraient demander plus d’espace.
La localisation des actifs deviendrait également cruciale dans leur capacité de résilience : « le quartier central des affaires de Paris pourrait être plus résistant que la Défense ou la première couronne », estime Boris Cappelle.
Les bureaux post Covid-19 seraient donc plus grands et au cœur de la ville : « les salariés auront une exigence de qualité de vie dans l’expérience de travail. Nous constatons que cette qualité de vie s’obtient par l’imbrication de l’entreprise dans la ville », analyse Jacques Perpère, secrétaire général de l'Association des Directeurs Immobiliers.
Santé et environnement
Les professionnels s’attendent enfin a davantage d’investissements dans des immeubles « plus verts », affirme Daniel White, directeur recherche et stratégie de Primonial REIM. « Avec le décret tertiaire, les actifs qui ont une ancienneté énergétique vont décoter et il faudra documenter davantage les consommations en énergie et la production de CO2 des immeubles », prévient-il.
Même son de cloche du côté de Jacques Perpère : « les entreprises seront à la recherche d’immeubles plus résilients et flexibles pour traverser les crises et offrant une qualité de l’air optimale ». En bref, des locaux « tournés vers la santé et l’environnement ».