PROJET URBAIN - Un écoquartier sur les anciens chantiers navals

A Dunkerque, la reconquête des chantiers navals, commencée au début des années quatre-vingt-dix, marque une étape importante avec les premières livraisons de l'écoquartier du Grand Large.
Sa réalisation résulte d'un montage d'opération original, qui associe étroitement les promoteurs aux choix urbains.

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En 1987, les Chantiers de France fermaient, laissant plus de 3 500 personnes sans emploi et une zone portuaire sinistrée de 50 ha à proximité du centre-ville. Deux décennies plus tard, ce site reprend vie : depuis quelques semaines, il accueille les premiers habitants d'un nouvel écoquartier portuaire et vert de 20 ha, le quartier du Grand Large, qui tire son identité du contexte urbain particulier, entre mer et centre-ville, station balnéaire et port.La transformation de ce site est la deuxième phase de l'opération Neptune, un projet de reconquête globale de friches portuaires (200 ha, dont 50 ha d'eau) mis en place par la communauté urbaine de Dunkerque Grand Littoral au début des années quatre-vingt-dix pour redynamiser et élargir un centre-ville étriqué à l'échelle de l'agglomération.

Sur la base d'un plan directeur sur le long terme élaboré par l'agence britannique Richard Rogers Partnership, ce travail « par capillarité » a commencé dans les quartiers portuaires laissés vacants par le déménagement du port plus à l'ouest, avec la construction de trois ponts, d'un pôle commercial et de loisirs, de l'université. « La greffe a pris. Notre stratégie consiste désormais à étendre le centre-ville côté mer, en créant un quartier d'habitat attractif, qui fera le lien avec la station balnéaire de Malo-les-Bains », explique Jean-Louis Muller, délégué général aux grands projets à la communauté urbaine.

Les premières livraisons de logements, réalisés par l'architecte urbaniste Nicolas Michelin, qui a conçu aussi le plan guide de la ZAC, illustrent la diversité des constructions et des typologies retenues : grands immeubles collectifs à gâbles, petits collectifs unifamiliaux en retrait, maisons individuelles en bande mais aussi locatif social, locatif à loyer libre, accession à la propriété, petits et grands logements, le tout dans une forte proportion de logements sociaux (40 %).

« Cette offre immobilière très variée vise à retenir les populations tentées par le périurbain et à obtenir une mixité sociale et générationnelle à l'échelle du quartier », explique Sophie Meullenet, chargée d'opération à la S3D, aménageur.

Autre particularité, la forte présence des espaces verts dans ce quartier dense (90 logements à l'hectare) déclinés à différentes échelles et avec des limites ouvertes entre les domaines public et privé, à l'instar de nombreuses villes du nord de l'Europe, pour multiplier les parcours et les pratiques : quais, parc public en hémicycle d'un hectare, jardins mutualisés en cœur d'îlot.

Choix techniques écologiques

Le réseau viaire privilégie lui aussi la place du piéton, notamment avec les Spielstrasse, des rues partagées de moins de 6 m de large, sans trottoir et sans stationnement. Des parcours piétons sont également prévus pour rejoindre rapidement (en moins de dix minutes) le centre-ville ou la station balnéaire. « Notre objectif est que chaque famille dispose d'une voiture et de trois vélos et non l'inverse », ajoute Jean-Louis Muller.

La démarche environnementale s'applique aussi aux choix techniques des bâtiments : les grands et petits collectifs sont construits en matériau alvéolaire, des Cogéblocs qui assurent l'isolation thermique et sont chauffés à partir de la chaleur résiduelle de l'usine sidérurgique ArcelorMittal.

Les maisons individuelles, réalisées en béton cellulaire (et donc sans isolant elles aussi), sont équipées de panneaux solaires, qui fournissent 60 % d'eau chaude. Leurs toitures sont végétalisées. « Les premières livraisons sont conformes à la RT 2005. Dans la deuxième tranche, nous aurons des logements THPE, voire BBC », confirme Sophie Meullenet. La ventilation naturelle assistée (VNA) dans les immeubles à gâbles a cependant été longue à mettre en place, butant sur l'épineuse question des assurances, qui ne s'appliquent qu'aux produits certifiés. Ce système de roues au sommet des pignons permet d'aspirer l'air des constructions grâce au vent, en évitant de recourir à un système mécanique. « Nous avons fini par obtenir l'Atex et le titre V, délivré par le ministère permettant de déroger à la RT 2005. La VNA sera installée dans les futurs immeubles à gâbles », précise Nicolas Michelin.

Parmi les autres innovations figurent la collecte des déchets par containers enterrés, placés à 50 m maximum des logements, la réalisation d'une seule place de parking par logement, l'arrosage des espaces publics avec de l'eau de pluie stockée dans des puits. « Dans la deuxième tranche, nous souhaitons aller encore plus loin dans la démarche environnementale, annonce Jean-Louis Müller. Nous avons noué un partenariat avec l'équipe de recherche de Véolia et partirons de tous les grands référentiels qui existent en matière d'environnement. » -

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