Nord : une friche mise sur le réemploi jusque dans ses murs

En conservant deux tiers des 60 000 m² SP de l'ancien site d'Agfa, la communauté de communes Pévèle-Carembault donne à sa future ZAC des fondations cohérentes avec l'une de ses vocations : l'économie circulaire. Le site misera aussi sur une gestion mutualisée des ENR.

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Nord : une friche mise sur le réemploi jusque dans ses murs
L'agence d'urbanisme Saison Menu est mandataire de l'équipe de maîtrise d'œuvre de transformation du site qui comprend aussi Strate Ingénierie, Elan, Verdi et Slap Paysage. 39 700 m² SP de bâtiments conservés et 34 600 m² SP de nouvelles constructions. Un budget estimé de 110 M€ pour les bâtiments et 34 M€ pour l'aménagement. 4,1 ha dédiés aux espaces verts et 2,7 ha à la gestion intégrée des eaux pluviales.

Nouvel usage, mêmes bâtiments. Sur la friche industrielle d’Agfa-Gevaert à Pont-à-Marcq (Nord), non loin de Lille, un projet se déploie sans faire table rase du passé. La communauté de communes Pévèle Carembault (CCPC), pour qui l’EPF Hauts-de-France a racheté le site 1,5 M€, a en effet investi beaucoup d’énergie pour que les deux tiers des quelque 60 000 m² SP puissent être conservés et qu’un maximum d’éléments soient réutilisés, de préférence sur place.

La préservation des locaux, abandonnés depuis juin 2020, a été facilitée par leur bon état global et une faible pollution résiduelle. En effet, une mauvaise qualité de l’eau du sous-sol aurait impacté celle des pellicules et du papier photographique produits sur le site où l’usine s’est installée en 1935. « Après étude de l’état des bâtiments et de leur adéquation aux besoins des futurs preneurs de la zone d’activités, 11 ont pu être conservés tandis que 13 autres ont été déconstruits », précise Catherine Bardy, directrice générale de l’établissement public foncier (EPF) des Hauts-de-France qui assure la maîtrise d’ouvrage des travaux de déconstruction. Commencés en octobre 2024, ces derniers ont été confiés à l’entreprise Renard, avec Valgo pour le désamiantage de 8 500 m² SP. Ils viennent de s’achever sous le signe du réemploi.

Ainsi, une cinquantaine de charpentes métalliques connaîtront une seconde vie en devenant support des panneaux photovoltaïques des futures ombrières des parkings. Par ailleurs, plus de 200 éléments de second œuvre (sanitaires, luminaires, escaliers, faux plafonds, chemins de câbles… ) ont été gardés dans un ancien bâtiment transformé en ressourcerie temporaire de 1 600 m² afin de les réintégrer ensuite dans les nouveaux programmes. « Certains produits, comme des détecteurs incendies ou des portes sectionnelles, ont déjà été réemployés ailleurs. Nous prospectons aussi pour récupérer sur d’autres chantiers de quoi enrichir la ressourcerie », résume Hadrien Vandenbroucke, consultant en économie circulaire chez Elan. Plus original encore, la machine qui servait à couler les plaques offset pour l’impression a trouvé un nouvel usage dans l’entreprise Berger au sud de Limoges (Haute-Vienne).

Plus de 700 emplois.

« Les 15 000 m³ de béton issus des déconstructions seront réutilisés sur place. Seul l’amiante présent dans les coffrages perdus a rejoint des centres de stockage », souligne Arnaud Hottin, vice-président de la CCPC chargé du développement économique. Baptisée Champ Libre, la ZAC « du XXIe siècle », qui compte accueillir plus de 700 emplois, veut continuer à miser sur l’économie circulaire. Dans le cadre du projet européen « Circular economy office » (CEO), la CCPC envisage en effet de consacrer 20 000 m² SP à des activités liées à la seconde main, en particulier autour de l’ameublement.

Autre volonté : créer un réseau mutualisé d’énergies renouvelables (EnR) . « Au total, 11 000 m² de panneaux photovoltaïques peuvent être posés en toiture et 1 200 m² en ombrières. Un réseau de chaleur par la géothermie est aussi envisageable. Un marché global de performance va être lancé par la CCPC », indique Julie Bubrovszky, directrice du pôle urbanisme de l’agence Saison-Menu, aux manettes du projet. Selon Luc Foutry, le président de la CCPC, l’aménagement du site devrait coûter plus 30 M€, dont environ un tiers pour ce réseau d’ENR. « L’ensemble des surcoûts générés par nos actions innovantes sont pris en charge par des subventions, notamment de l’Union européenne », se félicite l’élu. Les travaux d’aménagement doivent démarrer au printemps 2026 et dureront au moins quatre ans.

Le siège de la collectivité recycle bâti et mobilier

La CCPC a installé son siège dans les 3 700 m² SP de l'ex-bâtiment administratif d'Agfa, datant des années 1970.

Pour ce faire, elle a réalisé environ 6 M€ HT de travaux entre février 2023 et mai 2024 (Tim Architecture). Les performances énergétiques ont été largement améliorées, le style Art déco des façades conservé, et 281 m² de panneaux photovoltaïques posés. La collectivité a innové en misant sur le réemploi pour son mobilier, avec seulement 5 % d'éléments neufs installés. Ainsi 17 % des meubles proviennent de l'ancien siège et 78 % du site Agfa.

Ils ont pu être réutilisés tels quels ou via un surcyclage préalable. Grâce au projet européen « Circular economy office » (CEO), 36 armoires en métal de la friche ont par exemple été mises au goût du jour via un placage en chêne réalisé par Duriez Agencement, et 57 bureaux ont été rénovés par Dizy.

Nord : une friche mise sur le réemploi jusque dans ses murs
10250_573279_k4_k1_1369199.jpg 1 -Vue aérienne de la friche Agfa avant les travaux. Pour extraire la machine qui servait à couler les plaques offset, il a fallu supprimer le bâti pris en sandwich entre les deux ailes visibles au premier plan. Ces dernières seront conservées et transformées en locaux d'activité.
Nord : une friche mise sur le réemploi jusque dans ses murs
10250_573279_k5_k1_1369200.jpg 2 -D'un coût de plus de 3 M€ HT, les travaux de déconstruction ont été financés à 80 % par l'EPF Hauts-de-France.
Nord : une friche mise sur le réemploi jusque dans ses murs
10250_573279_k6_k1_1369201.jpg 3 -Perspective du site après achèvement de cette première étape. De nombreuses toitures seront végétalisées.
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