Programme de recherche Homes : l’efficacité énergétique active est compatible avec des économies pérennes.

Le programme de recherche européen Homes (« Habitat et bâtiment Optimisé pour la Maîtrise de l’Energie et des Services ») vient de se terminer après quatre ans de travaux.Principalement centré sur le pilotage actif du bâtiment, ce programme est riche d'enseignements sur ce que pourrait être le bâtiment de demain.

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Le programme Homes et ses 13 partenaires

C'est au cours d'une cérémonie de clotûre dans les locaux de Schneider Electric, entreprise pilote du projet, que les protagonistes ont mis le mot fin sur leurs travaux. Mais pas sur l'avenir.

Homes c’est quatre années de recherche, treize collaborateurs (industriels et acteurs de la recherche) et cinq sites pilotes (lire notre article). « Ce programme nous a permis d’imaginer le bâtiment de demain et de créer les innovations technologiques qui l’équiperont », a introduit Jean-Pascal Tricoire, président du directoire de Schneider Electric. « L’efficacité énergétique ne pourra pas se passer des nouvelles technologies qui vont permettre de mener une véritable chasse au gaspi », a-t-il poursuivi. Car un bâtiment, qu’il soit résidentiel ou tertiaire, est laissé vacant en moyenne plus de 50% du temps. « Il faut donc apprendre à l’éteindre lorsqu’il est inoccupé. Aujourd’hui, grâce à la convergence des technologies de l’information et du bâtiment, c’est possible. »

Homes a permis de tirer deux enseignements principaux. Le premier est d’ordre économique : l’efficacité énergétique active est compatible avec des économies pérennes. Elle permet, selon la nature des sites, de réduire la facture énergétique de 20 à 60% et présente un retour sur investissement rapide (entre 3 et  7 ans dans le tertiaire et entre 5 et 15 ans dans le résidentiel). Selon Homes, elle pourrait également créer entre 30 000 et 40 000 emplois en France et près de 600 000 en Europe dans les 30 prochaines années.

Le second enseignement est d’ordre technique. D’après Homes, les trois champs d’action pour améliorer la performance énergétique, que sont le travail sur la qualité de l’enveloppe du bâtiment, la performance des équipements technique et la gestion active de l’énergie, sont indépendants les uns des autres. Tout en étant complémentaires, ils peuvent être appliqués dans n’importe quel ordre.

Une stratégie pour aller vers le « smart grid »

S’étant focalisé sur le pilotage actif du bâtiment, Homes propose une stratégie qui s’articule autour de trois axes dont la finalité est de rendre le bâtiment compatible « Smart grid » :

- au sein du bâtiment, agir pièce par pièce. Ce qui implique une refonte de l'architecture des réseaux et un décloisonnement des métiers. Eclairage, chauffage et stores doivent être pilotés concomitamment en fonction de l’occupation de la zone.

- optimiser l’approvisionnement en énergie via un pilotage à distance qui se construit niveau par niveau. Le but étant à terme d’intégrer le bâtiment dans un smart grid régional voire national. Cette démarche vise à prévoir les consommations et à connecter les communautés afin de partager et réduire les pics de consommations.

- comprendre les besoins et les intérêts des différents acteurs afin de les informer et d’impacter leur comportement. Occupant, propriétaire, gestionnaire de site et responsable de maintenance ont des attentes spécifiques liées à leur domaine de responsabilités.

Des recommandations pour les politiques

Homes a aussi permis de formuler des recommandations à caractère essentiellement législatif et règlementaire. Ces propositions, présentées par Pascal Brosset, directeur de l’innovation de Schneider Electric, ont été remises à la ministre du logement Cécile Duflot, venue clôturer les travaux du programme Homes. Elles préconisent entre autres :

- le développement de la formation en général et celui du métier de « gestionnaire d’énergie » en particulier,

- d’équilibrer les incitations entre les différentes branches impliquées dans l’efficacité énergétique,

- une prise en compte dans les textes de la performance réelle des bâtiments plutôt qu’une mesure théorique des consommations.

Selon Cécile Duflot, l’efficacité énergétique active constitue « une réponse pertinente » pour parvenir à une réduction de 38% des consommations énergétiques du parc immobilier existant (40% pour les bâtiments d’Etat et établissements publics) d’ici à 2020.

« Et ce n’est pas parce qu’il y a un escargot dans le logo de Homes qu’il faut avancer lentement ! a ironisé la ministre. Au contraire, il faut bouleverser les conservatismes. » Mais ce bouleversement doit se faire dans un climat de confiance. « Pour cela nous mettrons en place des règlementations et des politiques sécurisantes, encourageantes et pertinentes », a promis Cécile Duflot.

Ainsi la RT 2012, qui instaure aujourd’hui principalement des objectifs de résultats, pourrait dans les années à venir intégrer davantage d’obligations de moyens. « Le décret sur la rénovation du parc tertiaire existant, qui sera bientôt publié, prendra en compte l’installation de systèmes intelligents » a encore affirmé la ministre.

Et pour la suite?

Le programme Homes terminé, Schneider n’arrête pas sa course dans la recherche et l’innovation puisque le groupe est engagé dans différents projets européens ayant pour problématique la gestion de l’énergie à l’échelle d’un quartier ou encore la mise au point de caméra infrarouge à bas coût pouvant servir de capteurs d’occupation. Quant aux prototypes conçus et testés durant Homes, certains comme la Roombox (destinée au tertiaire, elle contrôle les fonctions chauffage, éclairage et stores d’une pièce) ou l’offre Wiser (système de gestion de l’énergie dans l’habitat) sont aujourd’hui en cours de commercialisation.

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