Dijon : le premier quartier rénové en énergie positive entre en fonctionnement

La Fontaine d’Ouche, à Dijon, a bénéficié de 36 millions d’euros d’investissements dans le cadre d’un projet européen innovant. Elle joue le rôle de démonstrateur européen de ce que peut être un quartier d’autoconsommation collective.

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Le quartier Fontaine d’Ouche à Dijon, premier à être rénové en énergie positive
Une partie des immeubles du quartier Fontaine d’Ouche se couvrent de 10 000 m2 de panneaux solaires, l’un des piliers du projet d’énergie positive.

Pour devenir « le premier quartier rénové à énergie positive de France » et un « démonstrateur de l’autoconsommation collective », dixit la métropole de Dijon (Côte-d’Or), celui de la Fontaine d’Ouche a bénéficié d’investissements massifs : 36 millions d’euros, apportés par la Ville, les bailleurs métropolitain Grand Dijon Habitat et départemental Orvitis, et l’Union européenne. Son nouveau mode de fonctionnement énergétique a été inauguré ce 23 mai.

Les premiers travaux ont été engagés en 2021. « Nous sommes enfin arrivés au bout avec l’installation des dernières solutions technologiques », se réjouit Jean-Patrick Masson, vice-président de Dijon Métropole délégué à la transition écologique.

Subventionné par l’Union européenne à hauteur de 6,2 millions d’euros au titre de son programme Horizon Europe de soutien à l’innovation, ce programme baptisé Response(1) réunit Dijon et Turku en Finlande. Les deux villes ont œuvré ensemble pour développer et tester des solutions à l’échelle d’un quartier, avec l’aide de l’Institut européen de recherche sur l’énergie (Eifer pour « European Institute for Energy Research ») qui coordonne le projet, riche de 54 partenaires. Six autres villes associées, comme Bruxelles ou Saragosse, se sont engagées à dupliquer les solutions qui seront identifiées comme les plus performantes.

Le projet de rénovation de la Fontaine d’Ouche, quartier inscrit dans la politique de la ville, a nécessité de mener de fronts plusieurs opérations de sorte à atteindre son objectif de baisse de 75 % des émissions de CO2 : la rénovation énergétique de cinq bâtiments résidentiels (618 logements et 1 100 habitants), de trois groupes scolaires et de deux complexes sportifs soit 30 000 mètres carrés au total ; l’installation de solutions pour optimiser, les consommations d’énergie avec le concours des habitants, ; l’installation de 4 500 panneaux solaires sur 10 000 mètres carrés (cumulant une puissance de 2 mégawatts-crête) qui couvrent aujourd’hui 118 % des besoins des bâtiments concernés, soit un bilan « positif » d’excès de production par rapport à la consommation.

Si la métropole de Dijon et EDF ont piloté, localement, le projet, la collectivité et les bailleurs sociaux (Orvitis et Grand Dijon Habitat) ont chacun « géré leurs appels d’offres », décrit Hadrien Rouchette, chef du projet Response pour Dijon Métropole.

Crem à Eiffage Energie Systems

La métropole a notamment porté l’essentiel du marché dédié à la fourniture d’énergie puisque ce sont, à près de 90 %, les bâtiments municipaux qui abritent les panneaux photovoltaïques. « Nous avons proposé un contrat unique en conception, réalisation, exploitation et maintenance (Crem) », qui a été confié à Eiffage Energie Systèmes, détaille Hadrien Rouchette. L’option qui a été retenue consiste en des panneaux innovants, bifaciaux, qui captent également la lumière émanant du sol (blanc) pour un rendement qui peut atteindre jusqu’à 12 % de plus comparé aux panneaux traditionnels.

L’efficience du dispositif repose sur un cerveau central : « l’EMS » ou « système de gestion de l’énergie » qui a été développé par les services de R&D d’EDF. « L’EMS, explique Xavier Ursat, directeur exécutif du groupe EDF (en charge de la direction de la stratégie, des technologies et de l’innovation), permet de coupler les panneaux solaires, la consommation des logements, les bornes de recharge électrique dans le quartier » pour, quand la production est supérieure à la consommation, « stocker l’énergie dans les ballons d’eau chaude » ou « dans des batteries ».

Cette efficience résulte aussi de l’implication des habitants. Pour mieux gérer leurs consommations, ceux-ci testent des solutions innovantes auxquelles les bailleurs sociaux les ont sensibilisés. Cette dimension est inhérente à l’expérimentation : « Il s’agit de montrer, par ce projet, que l’écologie n’est pas réservée à quelques privilégiés mais qu’il existe une écologie populaire et inclusive » capable d’emmener « une population fragile », souligne Nathalie Koenders, maire de Dijon. Ainsi, Grand Dijon Habitat a, par exemple, installé des interrupteurs Eco-Touch, développés par la société Ogga, simples d’utilisation. Un outil intelligent « qui apprend les habitudes des habitants » pour anticiper la chauffe en ciblant les moments où ils sont présents dans l’appartement, explique Stéphane Gagnat, président d’Ogga. Le bénéfice financier, pour les habitants, est estimé entre 30 et 80 euros d’économies par an.

(1) De son nom complet, « Integrated solutions for positive energy ans resilient cities ».

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