.E xtension, surélévation ou construction d’une maison à ossature bois. Si les chantiers ne sont pas abordés toujours de la même manière, les éléments utilisés, eux, sont très souvent les mêmes. Pour les industriels, il est difficile, donc, de bien séparer la destination de leurs produits entre construction et extension d’une maison. « Cela reste un marché de niche pour nous, fabricants. Si nous arrivons à uniformiser l’extension, nous pourrons alors être positionnés », reconnaît Thomas Charmasson, PDG du groupe Gipen.
Ce marché de l’extension-surélévation se caractérise par la dualité entre des industriels réalisant des solutions préfabriquées très poussées et d’autres proposant les éléments constitutifs de l’extension qui vont ensuite être assemblés sur place par un charpentier ou un menuisier. La situation explique l’atomisation du marché, de nombreuses scieries intervenant sur celui-ci en fournissant le matériau bois construction.
La poutre en « I » se démocratise
Pour autant, l’intérêt pour le matériau bois dans les projets d’extension-surélévation est évident. Estelle Billiotte, déléguée expert bois construction au Comité national pour le développement du bois (CNDB), vante notamment les mérites du bois pour ces chantiers : « La légèreté, la rapidité d’intervention en milieu occupé, sans compter la préfabrication possible avec l’intégration en amont d’un maximum de composants du mur pouvant aller jusqu’à la finition en bardage, par exemple. Ceci permet alors de tout monter côté pro- priétaire, même si le poseur n’a pas accès partout. »
La préfabrication gagne donc du terrain, notamment en ce qui concerne les surélévations, car elle économise un temps précieux lors du chantier, sachant que dans ce cas la couverture du bâtiment a été enlevée et qu’il s’agit d’intervenir vite. Concernant les extensions, la préfabrication a également son intérêt et ses adeptes, selon Christophe Lepee, PDG d’Ikos : « Nous proposons à nos clients des modules prêts à installer en extension bois, des sortes de cubes autonomes que nous avons préfabriqués sur mesure après nous être fournis chez notre distributeur. »
La capacité du bois à répondre aux attentes du poseur lors d’une extension n’empêche pas que celui-ci doive choisir les bons produits. Devant la multitude de l’offre, les industriels valorisent certaines solutions techniques particulièrement adaptées à l’extension. Ainsi, la poutre en I s’est fait une place, constate Gwénolé Lees, directeur du marketing et du développement du groupe ISB : « C’est un produit vraiment adapté à la construction de pièces de 25-30 m2. Légère, la poutre permet de bien isoler l’extension, en intégrant parfaitement l’isolant, tout en facilitant la mise en place d’un toit-terrasse qui est souvent le standard d’une extension. »
Ce produit plutôt technique se démocratise donc. Reste au négoce à faire un important travail de prescription et à stocker ces poutres. Il est vrai que le fil de l’histoire devrait être favorable au bois, intrinsèquement adapté à la recherche de performance énergétique. Pour Maxime Baudrand, prescripteur bois construction chez Atlanbois, « le bois permet un bon rapport entre épaisseur et résistance thermique par rapport à une solution maçonnée. Il semble donc que plus la réglementation thermique sera ambitieuse, plus l’intérêt du bois sera évident. Cependant, en France, la maison bois est culturellement associée au bardage bois avec son aspect grisé dans le temps. Ici, nous parlons d’ossature, et toutes les finitions sont possibles avec un aspect garanti en enduit ou en bardage. » L’extension bois étant souvent perçue comme un atout architectural pour la maison et son esthétique, les industriels soignent l’aspect finition. « Nous avons fortement développé notre offre de finition, avec deux nouveaux profils et différents types de finition garantie 10 ans à disposition », souligne Gwénolé Lees.
D’autres voies sont prises en compte, notamment les produits standardisés, l’objectif étant de répondre avec peu de références à de nombreuses configurations, car la contrainte principale de l’extension comme de la surélévation est de devoir s’adapter au coup par coup à l’existant, à la différence de la construction d’une maison à ossature bois (Mob).
Standardiser les produits ?
La stratégie des industriels évolue souvent dans ce sens, selon Gwénolé Lees : « Nous proposons à nos distributeurs des produits en longueur intermédiaire alors qu’avant nous n’avions que des produits en 13 m. Nous adaptons nos colis par rapport à la portée nécessaire, ce qui facilite le stockage et la mise en œuvre du produit. En standardisant les poutres, celles-ci peuvent avoir plusieurs applications, ce qui minimise les références stockées et évite au négoce la gestion des chutes à effectuer. Nous essayons vraiment d’être sur un produit standardisé. » Sachant que chaque chantier est différent et que l’autoconstruction est également une réalité. D’où l’intérêt d’adapter sa stratégie au poseur qui a évolué ces dernières années, avec des menuisiers-charpentiers mais aussi des maçons maintenant. À chaque fois, l’objectif est de permettre des chantiers plus rapides, plus propres et plus performants.
Pour y parvenir, à chacun sa méthode. Si les gros groupes industriels avancent toujours plus vers de la préfabrication poussée pour répondre à la demande des CMIstes, les acteurs de la filière construction bois prennent le chemin inverse. Vincent Marlin, responsable du pôle bâti chez Piveteau Bois, confirme : « L’évolution réglementaire va certainement aider le marché de l’extension, nous devons répondre aux attentes des poseurs, en ayant à l’esprit que les extensions représentent de petits volumes, d’où l’intérêt de développer notre offre au détail. » Au détail bien sûr, mais avec tous les composants produits référencés maison à ossature bois. À quoi il faut ajouter une tendance à aller aussi plus loin que le seul matériau bois, en partant d’un constat, sur le terrain, que la réalisation d’une extension bois est accompagnée d’une réfection de la façade du bâtiment existant dans de nombreux cas, grâce à une solution d’isolation thermique par l’extérieur. Certains industriels vont donc proposer une offre globale dédiée à l’extension comprenant aussi les produits d’isolation.
Penser service(s)
Pour les fabricants (et, par conséquent, le négoce), il est impératif de proposer un niveau de service élevé en offrant une solution quasi complète incluant le pare-vapeur, l’isolant… même si la fourniture d’un vrai « kit extension bois » ne semble pas encore à l’ordre du jour. L’essentiel est de mettre à disposition tous les produits nécessaires à l’exécution du chantier tout en laissant assez de souplesse au poseur pour s’adapter à la configuration de celui-ci. Un chantier plus rapide qui passe aussi par une meilleure préparation de celui-ci. Pour ce faire, les industriels peuvent s’appuyer sur des bureaux d’études compétents qu’ils mettent au service de leurs clients afin de dimensionner correctement l’extension, mais également quantifier les besoins en termes de matériaux.