Pourquoi la guerre dans la bande de Gaza a fait perdre à Caterpillar l’un de ses principaux actionnaires

Le fonds souverain norvégien a décidé de céder les parts qu'il détenait dans le groupe américain, en raison de la non-réaction de l'industriel face à l'utilisation de ses engins pour « la destruction illégale de biens palestiniens ». Un nouveau coup dur pour le fabricant, dont le chiffre d’affaires a baissé au deuxième trimestre.

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bulldozer Caterpillar
Un bulldozer de la marque Caterpillar, type d'engin soupçonné d'être utilisé par les autorités israéliennes dans « la destruction (...) de biens palestiniens », selon le fonds souverain norvégien.

Est-ce qu’un fabricant d’engins est responsable de l’usage qui est fait des matériels qu’il vend ? C'est toute la question que soulève la récente décision du fonds souverain norvégien de céder les parts qu’il détenait dans le groupe Caterpillar.

Le plus riche fonds au monde, avec près de 2000Mds$ d’actifs, a pointé le 25 août des violations des droits humains à Gaza pour justifier son désengagement. « Il ne fait aucun doute que les produits Caterpillar sont utilisés pour commettre des violations généralisées et systématiques du droit international humanitaire » dans le territoire en guerre depuis près de deux ans, a-t-il souligné dans un communiqué.

Il a ajouté avoir agi sur recommandation de son conseil d’éthique, qui a fait valoir que « les bulldozers fabriqués par Caterpillar sont utilisés par les autorités israéliennes pour la destruction illégale généralisée de biens palestiniens » et déclaré regretter que le fabricant n’ait « mis en œuvre aucune mesure pour empêcher une telle utilisation ».

Finances fragilisées

Détenant jusqu’ici 1,2% de son capital (soit 2,4Mds$), le fonds souverain norvégien faisait partie des dix principaux actionnaires du groupe américain.

Cette annonce intervient dans un contexte financier défavorable pour Caterpillar qui a dévoilé, au deuxième trimestre, un chiffre d’affaires en recul sur un an de 1% (16,57Mds$) et un bénéfice net également en repli sur la même période, passant de 2,68Mds$ à 2,18Mds$. Réduit de 18% sur un an à 2,86Mds$, son bénéfice opérationnel est lui aussi impacté du fait « de coûts de production défavorables (…) largement causés par l’impact des droits de douane supérieur ».

Ventes en hausse

Depuis le début de l’année, les Etats-Unis ont décidé de taxer les importations européennes à hauteur de 25%, en particulier l’acier, matériau utilisé dans la production des engins de chantier. Des surtaxes douanières qui, cumulées à celles devant s’appliquer depuis le 7 août, devraient coûter à l’industriel 1,3 à 1,5Md$ nets en 2025, selon ses estimations.

Cette situation est d’autant plus regrettable que les volumes de ventes s’inscrivent, eux, en hausse. « Nous continuons de constater des commandes solides à travers tous nos segments grâce à une demande qui reste résiliente, soutenue par les dépenses d'infrastructures et des besoins croissants dans l'énergie », a déclaré Joe Creed, P-DG de Caterpillar. Son carnet de commandes a grossi de 2,5Mds$ sur le trimestre par rapport au précédent et de 8,9Mds$ sur un an.

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