Porté par la Construction, Vinci affiche un carnet de commandes historique

A l'exception de sa filiale Aéroports, en difficulté, le géant français de la construction et des transports affiche des résultats semestriels encourageants.

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Ce semestre a été marqué par le lancement d’un chantier titanesque : un tunnel de 18 km de long, à 40 m de profondeur, entre le Danemark et l’Allemagne.

« La reprise est bien là pour nos métiers », s'est félicité Xavier Huillard, PDG de Vinci, à l’occasion, ce 30 juillet, de la présentation des résultats du premier semestre (1S) 2021 : 22,607 Mds€ de chiffre d’affaires (CA), en hausse de 22,3 % par rapport au 1S 2020 et de 4 % par rapport au 1S 2019.

« Le carnet de commandes à un niveau historique (46 Mds€, NDLR), grâce aux contrats signés pendant la pandémie », y est pour beaucoup, souligne-t-il.

Parmi les plus importants : un contrat de gestion, maintenance, entretien des terrains et travaux d'équipement de 59 sites du ministère de la Défense britannique (7 ans, 491 M€) ou encore un partenariat public-privé (PPP) de l'autoroute D4 en République tchèque (28 ans, 474 M€).

Ce semestre a également été marqué par le lancement d’un chantier titanesque : un tunnel de 18 km de long, à 40 m de profondeur sous la mer Baltique, entre le Danemark et l’Allemagne. « En 2029, il suffira de dix minutes en voiture et dix en train pour aller d’un pays à un autre, en remplacement d’un trajet de 160 km. Ce projet est aussi une alternative à l’avion entre Copenhague et Hambourg », rappelle-t-il.

Croissance externe

Un an et demi après le début de la crise, la croissance de la major du BTP (217 000 salariés dans le monde) est portée par ses branches qui comptent le plus de collaborateurs : Energies (84 000 collaborateurs) et Construction (71 000). Celles-ci dépassent en effet le niveau pré-Covid « en quantum et en marges », note Christian Labeyrie, directeur financier du groupe. Des performances qui permettent de faire face aux « foyers de perte, notamment sur l’oil & gas », commente-t-il.

Dopée par une vingtaine d’acquisitions finalisées depuis le début de l’année, représentant un CA annuel de l’ordre de 100 M€, Vinci Energies a vu son CA grimper à 7,2 Mds€, en progression de 12 % à structure réelle par rapport au 1S 2019.

Quant à Vinci Construction, son CA de 12,2 Mds€ est en hausse de 27 % par rapport au S1 2020 et de 7 % par rapport au 1S 2019. Cette croissance vient essentiellement de l’international, qui représente la moitié de l’activité. La ligne à grande vitesse britannique HS2 et « des projets routiers aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Australie » ont été cités par la direction.

En France, malgré un recul du CA de 2 % par rapport au 1S 2019, « l’activité reste soutenue dans les travaux publics et le génie civil - portée par les projets du Grand Paris Express - ainsi que dans les travaux routiers, ferroviaires et de terrassement. Dans le bâtiment, l’activité est tirée par plusieurs grandes opérations en région parisienne », assure le PDG.

Dans ce contexte plutôt favorable, Xavier Huillard confirme que « la marge d’exploitation de Vinci Construction en 2021 sera meilleure que celle obtenue en 2019 ».

Matières premières

Quid de la crise des matières premières ? « Même si cela est moins vrai en bâtiment car les prix sont forfaitaires, une grande partie de nos contrats sont révisables, ce qui nous permet de nous couvrir des éventuelles augmentations des prix des matières premières, dans toutes nos géographies », commente Pierre Anjolras, président de Vinci Construction.

Pour protéger l’entreprise, le dirigeant cite deux autres options. La première : « Affermir les commandes, quitte à les payer d’avance, donc à pénaliser notre trésorerie mais à sécuriser l'approvisionnement », explique-t-il. La deuxième, sur les lots sous-traités : « Nous cherchons à trouver la meilleure solution. Si c’est le sous-traitant qui peut mieux gérer le risque, il le fait comme nous le faisons avec nos clients », témoigne-t-il.

Merci à la « décentralité » du groupe, chantier par chantier, « qui nous permet d’arriver à gérer cette crise assez brutale et imprévisible », résume-t-il. Merci aussi au ministre de l’Economie Bruno le Maire, qui a promis le mois dernier qu’il n’y aurait « pas de pénalités de retard pour les marchés publics », ajoute Xavier Huillard.

Avec 742 M€ de CA, « un niveau proche de 2019 à périmètre constant », relève-t-il, Vinci Immobilier a de son côté repris le chemin de la croissance.Contre vents et marées : « le prix du foncier », « la réticence de certains élus à délivrer des permis de construire » ou encore « les délais de purge des trop nombreux recours », liste le PDG.

L’activité « Airports » dans le dur

Concernant la filiale Autoroutes, « la reprise est là comme prévue », relève le PDG. Son CA de 2,4 Mds€ est inférieur de 8 % par rapport au 1S 2019 mais supérieur de 26 % par rapport au 1S 2020. « Le trafic reprend, le véhicule léger réagit aux phases de restrictions et le poids-lourd se montre très résilient », analyse-t-il.

Enfin, sans surprise, l’activité « Airports » est toujours dans le dur. Son CA de 0,4 Md€ est inférieur de 65 % par rapport au 1er semestre 2019. « Aux Etats-Unis, en République dominicaine et au Costa Rica, il y a un retour à la normale, mais pas en Europe, à Londres Gatwick notamment », observe-t-il.

« Par rapport à l’avant-crise, le trafic y est actuellement inférieur de 80 %, contre 95 % il y a un an », complète Nicolas Notebaert. Le président de Vinci Airports se veut confiant, en raison de la récente levée des restrictions outre-Manche pour « les voyageurs vaccinés en provenance des Etats-Unis et de certains pays européens ».

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