Entre Bastia et Saint-Florent, le village de Patrimonio (600 habitants) est réputé depuis l’Antiquité pour son vin et, depuis 1990, pour son festival international de guitare. C’est là, sur un terrain en pente douce, que l’architecte lyonnais Gilles Perraudin - lui-même vigneron - a agencé, dans un même ensemble bâti, une Maison des vins et une Académie de guitare, autour d’un amphithéâtre de verdure de 400 places (à venir). Ce complexe, formé de pavillons indépendants disposés en grappes qui abritent chacun des éléments du programme, est librement inspiré des petites constructions traditionnelles méditerranéennes (nouraghs de Sardaigne, bories du Vaucluse, pagliaghji de Corse, etc.). Chaque pavillon, construit sur plan carré de 10 m x 10 m, décline les mêmes matériaux : socle en béton cyclopéen (à partir des moellons récupérés des terrassements), murs et cloisons intérieures en pierre calcaire massive (60 cm et 30 cm d’épaisseur) brute de sciage, en provenance de Corse ou du Lubéron, charpente en pin Laricio (une essence locale), menuiseries en acier, portes en châtaignier, sols en béton ciré teinté. Etagés dans la pente, les bâtiments sont fédérés par un réseau de pergolas appelé à se couvrir de vignes en quelques années. Cette collection ampélographique (qui se rapporte à la vigne, à ses espèces, etc.) tamisera le soleil l’été mais le laissera pénétrer l’hiver.
Bioclimatique
Soucieux de respecter les grands enseignements de l’architecture bioclimatique, Gilles Perraudin explique cette implantation fragmentée, par des raisons d’orientation et de ventilation naturelle : l’air marin circule librement entre les bâtiments orientés au sud et charge les murs de pierre de ses embruns. « L’unique préoccupation pour la thermique d’hiver a précipité la pierre dans l’oubli. Or, la pierre est un matériau vivant qui joue un rôle clef dans le confort thermique d’été, rappelle Gilles Perraudin. C’est particulièrement vrai pour les calcaires tendres à semi-durs qui absorbent la fraîcheur et l’humidité nocturne pour les restituer ensuite en journée. »
Sanitaires, locaux techniques et de stockage sont implantés au nord, formant des espaces tampons. La forte inertie des murs, les toitures plantées recouvertes de terre végétale, de même que, disposée çà et là, une série de bassins, de gargouilles et de rigoles, procureront une exquise fraîcheur l’été, période de forte affluence. Ainsi, le maire de Patrimonio, Guy Maestracci, mise sur 100 000 visiteurs par an lorsque les aménagements paysagers extérieurs et la muséographie seront en place.
