Polémique à Porcheville sur le salaire d'ouvriers polonais de la centrale EDF

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Alors que le Parlement européen doit se prononcer le 16 février sur la directive "Bolkestein" de libéralisation des services, voici qu’éclate une affaire de "dumping social" sur un chantier d'une centrale EDF à Porcheville (Yvelines) où une quarantaine de travailleurs polonais seraient actuellement employés pour 400 euros par mois.

Depuis le mois de novembre, une quarantaine d'ouvriers polonais travaillent à la remise en état de la centrale électrique de la ville. Ils sont employés par l'entreprise polonaise Zrew, qui les met à disposition de la société française Alstom, chargée par EDF du chantier après un appel d'offre.

L'entreprise polonaise, Zrew, emploie "depuis plus d'un mois 36 travailleurs polonais, sur le site EDF de Porcheville, à 1.500 zlotys par mois", soit moins de 400 euros, a dénoncé Eric Roulot, secrétaire fédéral de la CGT Mines-Energie.

Zrew est une société spécialisée dans la construction et la remise en état des centrales électriques, qui a réalisé en 2004 un chiffre d'affaires de 163 millions de zlotys (42,6 millions d'euros). Les ouvriers sont, de l'avis unanime, reconnus comme bons professionnels, mais c’est leurs conditions d'emploi et de séjour en France font l’objet d’une polémique.

"Ils sont employés à des conditions sociales polonaises et payés 400 euros par mois, pour les mieux lotis", explique Michel Lebouc, secrétaire général du syndicat production-transport CGT en région parisienne.

"Ce chiffre de 400 euros est faux, il ne correspond qu'au salaire de base. Nous payons en plus, à chaque employé, 45 euros par jour de prime d'expatriation", soit quelque 1.350 euros par mois, rétorque l'entreprise polonaise Zrew, dont un responsable a été joint à Varsovie par l'AFP.

Un calcul réfuté par la CGT. "Selon la directive européenne 96-71 sur les prestations de services dans l'Union européenne, la rémunération de base des salariés doit être soumise à la législation du pays où ils interviennent, en l'occurrence celle de la France, hors primes et indemnités de déplacement", explique M. Lebouc.

"Selon la loi, ces ouvriers relèvent donc de la convention de la métallurgie, où les salaires de base sont supérieurs au Smic", ajoute-t-il.

L'entreprise Zrew met, elle, en avant d'autres avantages accordés à ses salariés expatriés. "Nous leur payons un logement à Evreux, le transport tous les jours jusqu'à la centrale de Porcheville et même des excursions touristiques en Normandie", explique son responsable, qui n'a pas voulu que son nom soit cité.

"En France, nos employés n'ont à payer que leur nourriture", insiste-t-il.

"Avec les 45 euros par jour, les ouvriers doivent manger matin, midi et soir. Quant aux logements, avant notre intervention les appartements n'étaient pas meublés et les ouvriers dormaient sur des matelas à même le sol, à 4 ou 6 par appartement", conteste M. Lebouc.

Interrogée par l'AFP, la direction d'Alstom a insisté sur la prime d'expatriation de 1.350 euros versée aux salariés et sur "la compétence reconnue de l'entreprise Zrew". La direction d'EDF a pour sa part déclaré qu'elle n'était "pas légitime pour s'exprimer au sujet des prestataires employés par Alstom".

J-P Defawe (avec AFP)

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