Poitiers : le chantier de la Caserne converti à la culture du réemploi

Vertueux dans sa démarche, ce modèle n'est néanmoins pas sans contraintes : approvisionnement, garantie produit...

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
La réhabilitation de l'ancienne caserne des pompiers de Pont-Achard (5000m²) devrait s'achever en fin d'année.

La Ville de Poitiers (Vienne) et son maître d'ouvrage délégué, la SPL Poitou Aménagement, devraient achever en fin d'année la réhabilitation de l'ancienne caserne des pompiers de Pont-Achard (5 000 m2), opération voulue comme une vitrine du réemploi. Vertueux dans sa démarche, ce modèle n'est néanmoins pas sans contraintes.

Outre un process de sélection des matériaux, de diagnostic des ressources et de dépose soignée, le réemploi draine son lot de difficultés. « Pour les façades à ossature bois du chantier, nous devions récupérer 60 m3 de la charpente d'une ancienne église. A la suite d'un problème technique, la ressource n'a pu être acheminée à temps. Résultat, il a fallu partir sur du bois neuf », relate Agathe Bély, architecte spécialiste du réemploi, qui accompagne l'agence Duclos-Riboulot-Kester sur cette opération. Elle avait anticipé cet aléa et s'était assurée d'une autre source d'approvisionnement.

Travail avec les assureurs

La garantie produit reste également un sujet délicat. Pour avancer sur la question, Agathe Bély travaille en partenariat avec les assureurs sur deux hypothèses : « Soit nous faisons appel à un qualificateur chantier qui atteste de la conformité du réemploi des matériaux ; soit nous nous appuyons sur une plateforme physique qui garantit les produits. » Sur le terrain, les entreprises doivent adapter leurs pratiques.

Pour Marc Berger, gérant de l'entreprise viennoise Guillon-Berger (lot menuiserie intérieure et agencement), la caserne représente « une première d'ampleur ». « Le plus difficile, c'est de faire évoluer les mentalités, convaincre nos salariés qu'ils doivent déposer proprement et conserver des éléments susceptibles de servir sur un autre chantier alors qu'il est plus simple de jeter. » Pour le chef d'entreprise, la démarche est chronophage. « Il ne suffit pas de trier, il faut réfléchir à la manière dont on peut adapter les matériaux à l'usage d'aujourd'hui. Des essais préalables sont nécessaires avant toute validation… » énumère-t-il. Et Agathe Bély de conclure : « Les freins au réemploi existent mais, sur une telle opération, il y a eu bien plus de réussites que d'échecs. »

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !