Grand Poitiers (Vienne) multiplie cette année les démonstrateurs pour faire du chanvre le matériau de construction de demain. Mais avant de le transformer et de le livrer sur un chantier, il faut bien sûr le faire pousser : une dizaine d'agriculteurs cultivent actuellement 30 ha. A terme, cette surface devrait atteindre 200 ha.
« Cette culture est source de co-bénéfices, explique Frédy Poirier, vice-président de la communauté urbaine chargé de l'agriculture, l'alimentation, le développement rural et la gestion des milieux aquatiques. La diversification est un avantage pour les agriculteurs et constitue un revenu complémentaire . La culture du chanvre permet aussi de réduire l'usage des pesticides et, ainsi, de protéger la qualité de l'eau. Enfin, des denrées alimentaires saines peuvent être tirées de la plante. »
Extension du CCAS
Cependant, c'est bien son application dans la construction qui intéresse le plus Grand Poitiers, notamment pour l'extension de 200 m2 du centre communal d'action sociale (CCAS) dédiée à la petite enfance. Ici, du béton de chanvre est injecté dans des murs porteurs en ossature bois, préconstruits en usine par Merlot à Châtellerault. « Nous avons opté pour une projection mécanique qui permet de réduire le temps de séchage », explique Philippe Mulnet, architecte cogérant de l'agence poitevine Corset-Roche, en charge du projet. L'isolation sera recouverte d'un enduit chaux-chanvre à l'intérieur et chaux-sable à l'extérieur. La livraison du bâtiment (2,1 M€ HT de travaux) est prévue fin 2026.
Béton projeté
En parallèle, un second chantier mobilise le béton de chanvre au sein même des locaux de la communauté urbaine. « Dans le cadre du réaménagement du troisième étage du bâtiment D, le matériau est utilisé comme isolant, projeté sur des murs en pierre de taille, indique Manon Baqué, conductrice d'opération à la direction du patrimoine bâti de la collectivité. Nous faisons appel à la société Chanvre Mellois dans les Deux-Sèvres, qui possède une défibreuse, mais nous espérons nous approvisionner encore plus localement dans le futur. » Si les démonstrateurs constituent bien le premier palier de la démarche, Frédy Poirier estime que « la clé du développement est détenue par les industriels qui seuls peuvent sécuriser la filière et la faire changer d'échelle. »