Jacques-Henri David, président du directoire de la Banque du développement des PME (BDPME), a rendu publiques les conclusions d'une étude sur la transmission des PME-PMI réalisée par sa filiale Sofaris. L'enjeu de la transmission d'entreprise est de taille pour l'économie, puisque dans la seule catégorie des PME de plus de 9 salariés, 5 000 d'entre elles changent de main chaque année en France. Quelque 200 000 emplois sont ainsi directement concernés tous les ans par des opérations de transmission.
Les entités reprises sont surtout de taille modeste : en effet, environ 70 % des entreprises cédées réalisent un chiffre d'affaires compris entre 5 et 49 millions de francs (26 millions en moyenne) ; dans le BTP, on rachète des entreprises entre 10 et 20 millions de francs de chiffre d'affaires (20 millions de francs en moyenne).
58 % des transmissions sont liées à des départs en retraite : cette tendance tend à s'accentuer depuis 1993 avec une accélération de l'anticipation des départs des dirigeants. A noter qu'en 1997, 51 % des transmissions se sont accompagnées du maintien en place du dirigeant vendeur, contre 35 % lors de la dernière étude Sofaris de 1993, afin d'assurer la continuité de l'entreprise.
De plus en plus de reprises sont effectuées par des entreprises : il s'agit là d'une tendance nouvelle. En 1997, 24 % des reprises réalisées dans le cadre d'opérations de croissance externe ont concerné des entreprises créées par des cadres. Ceci s'explique en partie par un changement du tissu des entreprises françaises, notamment par la multiplication des micro-groupes repreneurs. En moyenne, l'entité née de la reprise compte 53 salariés pour un chiffre d'affaires de 41,7 millions de francs, note l'étude. Le repreneur rachète en général une entreprise de taille identique ou inférieure.
Cependant, 76 % des reprises, en moyenne, sont encore opérées par des personnes physiques. A noter ici une tendance nouvelle depuis 1993, à savoir la présence de repreneurs de plus de 45 ans, qui étaient souvent des cadres supérieurs, voire des dirigeants.
Dans le BTP les entreprises rachetées le sont à 82 % par des personnes physiques. Autre tendance nouvelle : 21 % de ces repreneurs n'ont pas l'expérience du secteur d'activité de l'entreprise rachetée. Mais en contrepartie, ces cadres apportent des fonds propres qui constituent une part importante des ressources mobilisées (en moyenne 36 %).
Les facteurs non financiers sont souvent déterminants dans l'échec ou la réussite de la transmission : si une valorisation trop élevée en Bourse, et/ou un endettement trop lourd sont souvent déterminants, les facteurs non financiers (surtout humains) le sont encore plus : les transmissions mal préparées, liées au décès du dirigeant, sont 1,5 fois plus risquées que celles dues à son départ en retraite.
Les transmissions familiales sont mieux assurées que les transmissions non familiales : les premières sont six fois moins risquées que les reprises par des personnes extérieures à l'entreprise. Mais d'une façon générale, la transmission est toujours une opération délicate qui fragilise d'autant moins l'entreprise qu'elle est bien préparée, avec un repreneur possédant une bonne expérience du secteur d'activité et une transition assurée par le vendeur.
LES CHIFFRES CLES
Répartition de la transmission par secteur sur les 3 200 cas étudiés entre 1986 et début 1997 : industrie (57 %), commerce de gros (22 %), BTP (12 %), services aux entreprises (9 %).
Taux d'échecs : près de 30 % des transmission échouent et plus de 20 % dans les 5 premières années.
Le repreneur est une entreprise dans le cadre de la croissance externe (24 %), une personne physique (76 %), dont le salarié de l'entreprise (23,5 %), une personne extérieure à l'entreprise (42,5 %), un descendant du dirigeant (10 %).
Age moyen du repreneur personne physique : 42 ans en moyenne.