Quelle est votre plus belle réussite professionnelle ?
Le viaduc de Millau (*) évidemment. Ce projet fut un pari insensé de par les choix qu’il impliquait : laisser au plus petit des quatre groupements candidats le soin de financer et faire avec ses propres moyens ; et retenir du coup une solution métallique très innovante. Je le voyais comme une occasion unique pour Eiffage de quitter la seconde division des constructeurs français. J’ai réussi à en convaincre Jean-François Roverato qui, au départ, ne voulait pas le financer. Le fait que le ministre de l’époque (le communiste Jean-Claude Gayssot, ndlr) ait suivi la préconisation du jury contre l’avis d’un certain nombre de membres de l’administration a été une marque de confiance forte pour notre groupe. Il faut dire que nous avions un avantage de taille par rapport à la concurrence : nous nous engagions à le réaliser en 39 mois (36 en réalité), soit un an de moins qu’eux ! Le pari technique, économique, financier et humain a été gagné. Nous avons réussi à faire fonctionner ensemble les équipes du métal et du béton.
Quel est le plus grand regret de votre carrière dans le secteur de la construction ?
Qu’Eiffage n’ait pas réussi à acquérir GTM en 2000, finalement racheté par la SGE (Vinci). J’avais à l’attention de GTM la vision d’une entreprise de moines-soldats et d’ingénieurs. Le mariage avec Eiffage aurait très bien fonctionné, nous aurions pu faire de très belles choses ensemble.
(*) Jean Guénard publiera cet été un texte sur le viaduc de Millau pour l’association des ingénieurs et diplômés de l’INSA de Lyon (Aidil).
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