Des résultats semestriels « difficiles, et c’est un euphémisme ». Yoann Choin-Joubert, P-DG du groupe coté Réalités, a planté le décor, en début de visioconférence avec la presse le 17 octobre, du siège basé à Saint-Herblain (Loire-Atlantique).
Outre un chiffre d’affaires en baisse de 30% sur un an à 121M€, le 19e promoteur national, selon notre dernier classement, affiche un résultat net de -86,5M€. « Ces pertes sont utiles, souligne le dirigeant. 2024 est une année de purge et de restructuration sévères (…) Si on ne purge pas en 2024, on obère le rebond en 2025. »
Cet optimisme contraste avec la tempête que traverse Réalités, dont l’activité repose en majorité sur la vente de logements. Yoann Choin-Joubert cite les « difficultés à engager des garanties financières d'achèvement » ou encore « la diminution des ventes depuis 2022 », qui incite son groupe et la concurrence à réduire la masse salariale et à déstocker les programmes issus de fonciers achetés avant la crise de la demande qui secoue le secteur depuis deux ans.
Des cessions à venir pour se recentrer
Le stock dur des promoteurs, c’est-à-dire les logements livrés mais invendus, a doublé en un an, pour atteindre 7% de leur offre commerciale disponible à fin juin, selon la société de conseil Adéquation. Chez Réalités, « on n’en a quasiment pas car on a fait l’effort de baisser nos prix pour trouver le marché, mais cette action réaliste engendre des pertes », détaille-t-il.
« Mon regret, c’est que Réalités a été trop généreux », confie-t-il, en référence aux différentes acquisitions et investissements dans des métiers non prioritaires et au sponsoring sportif. En témoigne la liquidation judiciaire cet été de l’équipe de handball féminin des Neptunes de Nantes. L’ex-actionnaire majoritaire du club n’avait pas trouvé de repreneurs...
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« Le Réalités de demain », annonce-t-il, sera recentré sur son cœur de métier : la maîtrise d’ouvrage. Adieu, par exemple, l’activité de restauration, promise à une cession en 2025. Ses autres filiales hors promotion, comme les micro-crèches, sont également destinées à quitter le navire Réalités.
Comme rythme de croisière, le groupe créé en 2003 vise « à moyen terme un volume d’affaires de 350M€ et un backlog d’1Md€ », espère-t-il.
De 550 à 200 salariés
La présentation des résultats semestriels s’est tenue au lendemain du placement en redressement judiciaire, par le tribunal de commerce de Nantes, de deux filiales : la holding du groupe Mayers (13 salariés) et Mayers industrie (62 salariés). « L’activité de promotion ne peut plus investir dans cette innovation industrielle, la construction bois hors-site. Il n’y avait pas d’autre solution », justifie-t-il pour cette dernière, qui était censée décoller sur fond de décarbonation du bâtiment.
Le mois dernier, une autre entité de Réalités, le bureau d’études Mayers ingénierie et environnement (32 salariés), avait déposé le bilan. Cet été, le groupe avait annoncé un plan social. Une centaine d’emplois sont concernés. De fin 2023 à fin 2025, les effectifs - hors filiales cédées, à céder ou ayant déposé le bilan - devraient passer de 550 à « 200 salariés », envisage Yoann Choin-Joubert, en attendant de fixer un nombre de départs précis avec les représentants du personnel.
En octobre 2023, Réalités avait été le premier promoteur national à détailler sa stratégie RH face à la chute des ventes de logements : entre 50 à 100 suppressions de postes, dans les fonctions support et la maîtrise d’ouvrage, étaient alors anticipées d’ici mars 2025.
