Et si on trouvait une donnée positive dans la présentation semestrielle de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) ? Défi relevé : les mises en chantier de logements collectifs affichent +5,1% sur un an.
Pas de quoi s’enflammer : « C’est grâce aux commandes de CDC Habitat (au T2 2023, NDLR), donc ce n’est pas vraiment une reprise », précise Pascal Boulanger, président de la FPI, en conférence de presse le 5 septembre.
Les mises en vente au plus bas
Le rebond est encore loin. Les chiffres suivants le prouvent.
Sur les six premiers mois de cette deuxième année de crise de la demande, les mises en ventes n’ont jamais été aussi faibles. La FPI a recensé 27 952 lancements commerciaux de logements neufs, en baisse de -36,8% par rapport au premier semestre 2023.
Malgré la légère baisse des taux depuis plusieurs mois, les suspensions ou arrêts définitifs d’opérations représentent plus de 20% du total des logements commercialisés avant le lancement du chantier.
Une lueur d’espoir en Ile-de-France : ce nouvel indicateur trimestriel de la FPI, révélateur des difficultés de commercialisation de ses adhérents, est repassé sous la barre des 15% au T2 2024. Une première depuis le T3 2023. Jusqu’au T3 2022, la FPI comptait en moyenne moins de 5% d’opérations retirées du marché.
Deux ans pour écouler un programme
Passons maintenant au délai d’écoulement moyen. A l’échelle nationale, il continue de grimper, pour atteindre 23 mois au T2 2024. Rouen détient désormais le record national, de trois ans. Avant « le début des ennuis (commerciaux, NDLR), en novembre 2022 », rappelle Pascal Boulanger, la profession était habituée à écouler ses programmes en moins d’un an.
La pente sera longue à remonter : les promoteurs ont enregistré 26 592 ventes au détail. Il s’agit du pire premier semestre depuis le S1 2023 (34 020), marqué par la rapide hausse des taux qui a désolvabilisé les ménages.
Les ventes en bloc, principalement aux bailleurs sociaux, progressent de 30,3% sur un an (à 14 247), mais restent insuffisantes pour permettre aux professionnels de se relever. Le résidentiel géré, comme le coliving qui plait aux investisseurs institutionnels, est stable sur un an, avec 3000 ventes.
Les prix restent élevés
Au global, les prix des logements neufs se stabilisent à un niveau élevé, autour de 5000€. « La correction se fait sur les volumes », observe Didier Bellier-Ganière, délégué général. En clair, les promoteurs se retirent du marché faute de demande solvable mais aussi faute d’équilibre économique. « Nos marges sont en moyenne de 5%. En dessous, les banques rechignent à nous financer », insiste Pascal Boulanger.
En englobant les entreprises de bâtiment, les architectes ou encore les bureaux d’études, « la filière perd 10 000 emplois par mois », confie le président de la FPI. Selon leur dernier rapport de branche, les promoteurs employaient 29 850 personnes l’an dernier, contre 32 300 en 2021.
En attendant la formation d’un nouveau gouvernement, la FPI se plaint encore du manque de volontarisme des collectivités. « Chaque mois depuis un an, 15 000 logements collectifs sont autorisés. La moyenne s’élevait à 17 000 depuis les dernières élections municipales de 2020 », souligne son délégué général. Ce n’est pas gagné.