Pierre Madec (OFCE) pilonne le « choc de l’offre » voulu par le gouvernement

A l’occasion d'une conférence organisée par le courtier en crédits immobiliers Cafpi, Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), condamne la suppression de l’APL-Accession et le recentrage du PTZ. Pour lui, le « choc de l’offre », voulu par le gouvernement, conduira surtout à « désolvabiliser » les ménages.  

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Pierre Madec, économiste à l'OFCE, critique avec virulence la stratégie du gouvernement.

« Ce sont des économies à la marge. » L’assertion est lancée par l’économiste Pierre Madec de l’OFCE (observatoire français des conjonctures économiques), à l’occasion de la conférence du courtier en crédits immobiliers Cafpi, le 9 novembre 2017. L’économiste critique avec virulence le choc de l’offre espéré par le gouvernement. Dans sa ligne de mire : la suppression de l’APL-Accession, qui permet de devenir propriétaire de sa résidence principale grâce aux aides au logement, et le recentrage du dispositif du prêt à taux zéro (PTZ) sur les zones tendues.

Collision de l'actualité, c'est à peu près au même moment que les députés choisissaient d'adopter en commission, et conformément à la promesse d'Emmanuel Macron aux professionnels lors des 24 heures du bâtiment, un maintien du dispositif du prêt à taux zéro (PTZ) dans le neuf pendant deux ans supplémentaires pour les communes en zone B2 et C.

Et à écouter Pierre Madec, ils ont bien fait. « Depuis 2014, avec la conjoncture (taux bas et prêts d'accession sociale à la propriété), on constate que le prêt à taux zéro coûte de moins en moins cher. En réalité, le PTZ ne représente qu’une tranche marginale des aides à la pierre », soulignait-il. Pour l’économiste, le recentrage de ce dispositif d’aide à l’accession engendrera un effet inflationniste dans les villes des zones tendues, mais surtout, privera les territoires détendus de nouveaux acheteurs. « Au 2e trimestre 2017, l’investissement dans les zones B2 et C a représenté 53% des PTZ dans le neuf. Cette part est encore plus importante pour les PTZ dans l’ancien où elle représente 84% ! », complète Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi.

« Des économies de bout de chandelle »

Même constat pour l’APL-Accession, qui ne constitue qu’une petite part des aides à la personne selon l’économiste. « Avec l’évolution des prix de l’immobilier à la hausse, certains ménages n’ont de toute façon plus les ressources suffisantes pour accéder à la propriété, ils n’ont donc pas recours à l’APL-Accession », enjoint Pierre Madec, qui va même plus loin dans son analyse. « De manière plus large, le nombre d’accédants bénéficiaires a baissé depuis ces trentes dernières années. C'est notament lié aux restrictions budgétaires, comme le gel des plafonds pour le calcul des aides », observe l’économiste.

Résultat, « le choc de l’offre voulu par le gouvernement conduira à désolvabiliser les ménages, et plus spécifiquement les primo-accédants, alerte le représentant de l’OFCE. Ce sont en réalité des économies de bout de chandelle guidées par Bercy ». Pour Pierre Madec, la réalisation d’ « un choc de l’offre » doit passer par un changement de l’outil fiscal. « La taxation sur les plus-values ne marche pas, la taxe d’habitation et la taxe foncière sont injustes », énumère l’économiste, pour qui une réforme de la fiscalité immobilière devrait inciter à dégager plus de foncier et de bâti.

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