Pénibilité : le BTP peut-il se contenter des départs anticipés à 60 ans ?

La loi sur les retraites autorise les départs anticipés, à 60 ans, pour les salariés justifiant d’un taux d’incapacité de 20 %. Au regard des difficultés rencontrées par les entreprises pour maintenir certains salariés dans l’emploi, cela pourrait ne pas suffire.

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Entre 55 et 59 ans, un tiers des ouvriers du BTP sont pris en charge par les régimes maladie ou chômage.

Alors que la branche du BTP s’apprête à entamer des discussions sur la prévention de la pénibilité, nombre de chefs d’entreprises s’interrogent sur la problématique des départs anticipés. Bien sûr, la loi sur la réforme des retraites apporte une première réponse aux salariés justifiant d’un taux d’incapacité de 20 %. Pour eux, l’âge de la retraite reste à 60 ans. Mais pour les autres ? Entre 55 et 59 ans, un tiers des ouvriers du BTP « sortent » de l’emploi pour être pris en charge par les régimes maladie ou chômage. « La prévention de la pénibilité ne va pas supprimer toutes les pénibilités, note Eric Aubin, chargé de ces questions au sein de la CGT. Aussi, il est à craindre que les sorties de l’emploi à partir de 55 ans perdurent ! Sans compter que le coût de ces sorties de l’emploi est supporté par des régimes déjà bien à la peine financièrement. »

Toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Plus elles sont petites, plus le problème est grand. « Si nous ne trouvons pas de solutions pour gérer la question de nos seniors fatigués, ils iront grossir les rangs de salariés inaptes ! C’est un pis-aller désespérant, regrette Martine Dudit du groupe ABS (plâtrerie, rénovation tous corps d’états, 60 salariés). Pour peu qu’on leur en donne les moyens, les entreprises du bâtiment sont aujourd’hui suffisamment matures pour organiser des sorties de l’emploi dignes. »

Chez Bouygues Construction, on réfléchit à un dispositif ad hoc

Ceci supposerait de mettre en place et de financer un dispositif permettant aux seniors de partir un peu plus tôt à la retraite. A l’heure actuelle, les organisations professionnelles n’y sont pas favorables. En attendant, « il est probable que des négociations s’ouvrent dans les grandes entreprises. Reste à savoir si les accords iront au-delà des dispositions prévues par la loi et s’ils restent dans une logique d’individualisation », interroge Yvan Laplace, du groupe Alpha.

Bouygues Construction mène une réflexion sur la mise en place d’un dispositif qui permettrait aux salariés de stopper leur activité un ou deux ans avant l’âge légal de la retraite. « Les compagnons pourraient épargner des jours de RTT, de congés, dans un compte épargne temps avec un abondement de l’entreprise. Nous allons en parler avec les partenaires sociaux et espérons pouvoir le mettre en œuvre en 2011 », expose Jean- Manuel Soussan, directeur du développement des ressources humaines. De son côté, Lafarge Ciments serait en train de négocier un accord permettant à des salariés de partir à 58 ans en maintenant un certain pourcentage de leur salaire. « Nous nous sommes retirés des discussions car ce projet d’accord est assorti d’un plan de mobilité professionnelle », déplore Sylvain Moreno, délégué syndical central CGT. Reste que le mouvement est enclenché et que d’autres accords verront certainement le jour.

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