Négoce- Comment se porte le marché du bricolage sur ce premier quadrimestre ?
Pascal Prugneau – Même si la consommation repart un peu, la période est difficile. Les arbitrages budgétaires des ménages sont toujours là. Le marché était encore en recul sur le premier quadrimestre de l’année de 2,4 % après une chute de -4,3 % sur la même période en 2024 et une baisse de 1,4 % en toujours sur la même période en 2023.
Nous sommes entrés dans un marché sous tension à l’instar de ce qu’a vécu l’alimentaire depuis 10 à 15 ans. Tout le monde veut reprendre la parole autour du prix avec une très forte hausse des opérations commerciales. Depuis plusieurs semaines, nous observons une intensification de la guerre des prix chez nos concurrents.
Quelle est votre réponse à ce contexte ?
PP – Notre réponse s’appuie sur deux volets principaux. Le premier est commercial. C’est notre retour à notre ADN, le discount. Nous sommes déterminés, n’ayons pas peur des mots, à être agressif.
Ainsi, nous avons lancé à partir mai, une mécanique percutante et récurrente contre le bricoler cher, le construire cher, le décorer cher… Chaque mois, nous proposons un produit emblématique à un prix jamais vu, un prix tapé. Le tout est évidemment appuyé par une communication en radio, dans la presse quotidienne régionale.
Attention, notre objectif n’est pas de faire des coups mais de réinstaller dans l’esprit du consommateur que nos enseignes Bricomarché, Bricorama, Brico Cash et Tridôme sont les mieux placés sur les prix, avec une vraie régularité.
Quel est le rôle de vos marques de distributeur (MDD) dans ce plan commercial ?
PP- Leur rôle est essentiel. Nos PNM (produits à nos marques, Ndlr) représentent près de 20 % de notre chiffre d’affaires. Nous visons un minimum de 30 % d’ici deux à trois ans. Pour y parvenir, elles doivent devenir nos armes contre le bricoler cher à l’instar de notre griffe Nuance en peinture qui rivalise avec les marques nationales. Nous voulons reproduire cette réussite sur d’autres familles de produit en travaillant notre offre ou la repositionnant comme sur l’électroportatif avec McKenzie avec une baisse de prix.
Et quel est le second volet de réponse ?
PP- C’est l’amélioration de notre expérience client avec notamment une évolution de notre concept NEC (Nouvelle Expérience Client, Ndlr), lancé après le Covid. Il était très abouti mais rigide. Imaginé pour répondre à un marché en croissance, il impliquait de tout refaire le magasin. Cela représentait un coût non négligeable pour les adhérents. Résultat, depuis son lancement, seulement une trentaine de point de vente l’avaient implanté.
Nous avons donc revu notre approche pour aboutir à un concept plus simple, mois cher à implanter (environ 50 %) et qui s’adapte plus facilement aux magasins existants. Nous allons commencer à le déployer. Notre objectif est de l’implanter d’ici cinq ans dans 100% de nos magasins dont une cinquantaine d’ici à 2026.
Par ailleurs, nous avons relancé le digital. Nous étions en retard par rapport à nos concurrents avec l’absence d’une application. C’est un chantier prioritaire pour nous. Elle sortira en 2026.