Confrontées à une conjoncture difficile avec pour impact des baisses de chiffres d’affaires, des marges réduites et des trésoreries difficiles, les entreprises de travaux publics en Paca s’inquiètent fortement pour leur avenir, à l’heure où les perspectives d’évolution de la commande publique (70% de leur activité est générée principalement par les collectivités locales) ne sont guère favorables.
«Nous craignons que face aux politiques de réduction des déficits budgétaires, de baisse des dotations d’Etat, l’investissement des collectivités territoriales soit encore et toujours la variable d’ajustement. C’est notre principal sujet de préoccupation, bien plus que celui de la présence ou de l’arrivée de nouvelles entreprises étrangères dont l’impact est moins fort dans les travaux publics que dans le bâtiment dans la région» souligne Laurent Amar, le président de la FRTP Paca. Ce secteur d’activité qui a un poids important dans l’économie régionale (plus de 800 entreprises, 26 000 salariés, près de 4 milliards d’euros de travaux par an soit 10% du chiffre d’affaires national), après deux fortes baisses en 2008 et 2009, s’est stabilisé ensuite et a même vu les dépenses en travaux publics des collectivités progresser en 2012 (1,8 milliard réalisé, +9%) et 2013 (2,6 milliards budgétés contre 2,5 milliards en 2012).
Favoriser les «bons» investissements
Mais l’horizon est en train de se charger de nuages: les taux d’exécution des opérations dans les collectivités s’inscrivent à la baisse (élections, changement de gouvernance, etc.) et la région qui, traditionnellement suit avec un effet retard les tendances nationales, pourrait en 2014 connaître une année beaucoup plus difficile que les précédentes. D’autant que les perspectives sur les relais de croissance futurs sont minces. Exemple: le contrat de plan Etat-Région. Le contrat 2007-2013 qui s’achève a permis à l’Etat et aux collectivités d’investir en Paca 1,5 milliard d’euros avec un taux de programmation de près de 90% des opérations. Pour maintenir la dynamique et achever les projets, l’Etat et la région ont mobilisé dans le cadre d’un avenant près de 200 millions d’euros pour 2014. Mais pour la suite et le prochain contrat de plan 2014-2020, les choses s’annoncent beaucoup moins claires. «Les négociations ont débuté mais nous n’avons pas les enveloppes futures que l’Etat va consacrer à ce contrat de plan» souligne-t-on du côté du conseil régional. Pour l’amélioration des nœuds ferroviaires de Marseille et Nice, retenus à la suite de la LGV Paca, la DUP est prévue par le gouvernement en 2017 mais il n’y a aucun financement pour l’heure pour permettre les travaux.
Face à ces perspectives assez moroses, les travaux publics lancent un message: il est indispensable de recentrer l’investissement et la commande publique sur des projets prioritaires qui produisent de l’emploi, de l’activité, de l’aménagement du territoire. «Nous en voyons au moins deux catégories: les grands projets structurants indispensables au développement économique du pays et l’entretien du patrimoine local, qu’il faut privilégier pour maintenir la qualité de service aux citoyens dans les territoires» juge Laurent Amar. «Et contrairement aux idées reçues, des financements existent: les banques ont repris des couleurs, l’Etat a créé des structures dédiées comme la BPI, la Caisse des dépôts, avec ses financements, peut jouer un rôle contra-cyclique. La profession doit également s’adapter en identifiant précisément les territoires qui ont des projets et pourquoi pas en dénonçant ceux qui ne font rien» ajoute Laurent Amar.