Dans l’expression « obligation de rénovation », il y a ceux qui ne voient que le mot « obligation ».
Parmi ceux-là, il y a ceux qui y voient une atteinte à la liberté comme Michel : « Donnez l’envie de, au lieu, toujours, de contraindre les gens à … Marre d’une société où le normatif est la règle ! » , Vincent : « encore une immixtion de l’Etat dans la vie privée et la liberté de chacun…. » ; Bruno G. « chacun doit être libre de faire ce qu’il lui plait chez lui sinon où est la liberté ? », bref : « Idée totalitaire » résume Serge. «Que devient le mot Liberté, il devrait être banni de notre devise », se désespère Sophie.
Il y a ceux qui estime qu’elle est irréaliste compte tenu de l’’état du marché.
Comme Guion : « Pour la plupart de mes pertes thermiques, il n’y a aujourd’hui aucune solution rentable, même faiblement. - Enfin, le pire : la très, très, grande difficulté à trouver des entreprises ayant une expérience avérée de ces travaux. Dans ce contexte, rendre les travaux obligatoires, c’est mettre la charrue de la demande avant les bœufs de l’offre … Les entrepreneurs vont profiter de l’aubaine, mais les économies ne seront pas au rendez-vous et les aides seront distribuées sans contrôle possible. »
Et il y a ceux qui ne conçoivent pas cette obligation sans soutien financier.
« J’aurai volontiers voté oui », nous dit AGATHE10 … « si les financements d’Etat prévus étaient à la hauteur ». « Je veux bien faire des économies d’énergie mais l’État doit aider avec des subventions tous travaux de rénovation pour permettre aux personnes seules de faire un seul type de travaux et non un bouquet comme le dernier texte le prévoit… », explique Christophe.
Françoise et « Godin » ont entamé un dialogue qui pose les bases de la réflexion. Françoise : « Que toutes les personnes qui ont des livrets A ou des livrets DD emploient cet argent pour la rénovation car cet argent profite maintenant aux banques. » « D’accord », répond Godin « Mais quid des personnes qui n’ont pas les moyens (propriétaires à bas revenus : endettés à 33%, veuves à demi-retraite, etc…) ?Même avec des subventions, PTZ et crédits d’ impôt, c’ est mission impossible. Quelqu’un connaît-il la recette ? »
« Dans un pays où le pouvoir d’achat de la majorité des ménages est complètement dégradé, instaurer une obligation de rénovation énergétique ne peut qu’aggraver la situation. Madame Duflot n’a qu’à financer ses grandes idées ! » renchérit Thermisole.
« Tout dépend de nos revenus on ne peut pas obliger l’exécution de travaux. C’est comme si on m’obligeait l’achat d’une voiture. » conclut JP.
Que faire alors ?
« Pour faciliter l’accès des personnes modestes à la rénovation, il faudrait obligatoirement permettre à celles-ci d’accéder à des prêts de petits montants remboursés sur de longues périodes, avec des taux bas et de petites mensualités », répond Corto, architecte. « Aujourd’hui, les taux bas sont réservés aux prêts longs. Si l’on emprunte des petites sommes, on doit les rembourser sur deux ou trois ans, ce qui fait des mensualités insoutenables pour les petits budgets. Par ailleurs, plus les sommes sont petites, plus les taux sont élevés. Pour accéder aux taux bas, il faut emprunter au-delà de 65 000 euros ou 70 000 euros, et de ce fait, la hauteur des mensualités est peut-être plus basse, mais quand même dissuasive. Cela écarte un grand nombre de personnes de la possibilité d’emprunter. Cela favorise aussi les projets neufs au détriment de la rénovation. On pourrait appliquer ce dispositif uniquement pour la rénovation, comme c’est le cas pour le taux de TVA. »
« L’argent est effectivement un problème pour les ménages à faibles revenus, mais on sait très bien aussi que si l’on veut réduire notre consommation d’énergies, cela passe d’abord par le logement qui génère de nombreuses pertes à causes d’une mauvaise isolation. Alors, pour ne pas alourdir le budget des petits revenus, si des économies sont à attendre de travaux de rénovation et d’isolation,(c’est le but non?) ne pourrait-on pas ajuster leur financement des travaux par une péréquation avec les économies réalisées sur leurs consommation en gaz, électricité et chauffage? » propose Graux.
IN-CI-TA-TION, répondent de nombreux internautes.
« Plutôt que de parler d’obligations, parlons d’incitations fortes. Pas de location sans (rénovation), pas de vente, malus fiscal en dessous d’un certain niveau de performance énergétique », propose un lecteur anonyme.
« Une bonne incitation vaut mieux qu’une mauvaise obligation qui entrainera des effet pervers qui ne serviront pas la cause de l’environnement . Mettons l’homme au coeur des projets dit le développement durable. Et si on lui laissait la possibilité d’agir en responsable et non en béni oui-oui ? » interroge Cédric.
« Bien sûr qu’il faut inciter plutôt que contraindre », approuve Véronique Henry. « On peut faire le parallèle avec le neuf, le passage du BBC (incitatif) à la RT 2012 (obligatoire), pour le particulier, l’attestation (et donc l’étude thermique) n’est qu’une taxe supplémentaire. Cela n’a pas conduit à rechercher un mode constructif économe mais à fournir un document administratif pour pas chère. Et de plus une fois obligatoire, fini les aides! »
Il s’en trouve quand même – peu, très peu - pour défendre le principe :
« Les magasins de bricolage sont toujours pleins! Comment peut-on encore hésiter à rendre obligatoire un volet travaux de rénovation thermique dans les logements? » se demande Josy. « Certaines villes (Villeneuve d’Ascq dans ma région parmi d’autres) financent le conseil à l’auto réhabilitation pour éviter le n’importe quoi… mais on peut aussi encourager le recours à l’architecte; en Belgique, c’est presque obligatoire et c’est pas ça qui a mis le précédent gouvernement par terre ! L’argent pour être utile doit circuler, faisons le circuler ! Au lieu de créer de la monnaie qui part enrichir le Top 500 de Forbes avec des coûts sociétaux immenses, commençons pas balayer devant notre porte et aider tout le monde à rénover son logement : avec en plus à la clé économies d’énergie, moins de précarité énergétique, et le secteur du bâtiment qui sort du marasme actuel et ira dépenser ses revenus dans l’économie française ! Que du bonheur ! »
Alors incitation ou obligation ?
La parole à Raphaël Catonné : « Oui l’incitation est certainement la meilleure des formules, mais elle ne sera jamais adoptée unanimement. Or, dans un souci de justice vis à vis des devoirs que nous avons tous concernant la réduction des GES, l’obligation, à un moment, fait partie des moyens pour atteindre nos objectifs. »