Comment s’organisent les bailleurs sociaux en Paca et en Corse ?
Dès le 17 mars, date de début du confinement, ils avaient tous pris des mesures d’urgence et de maintien des relations avec les locataires, leurs salariés, leurs fournisseurs et l’ensemble de leurs partenaires : maîtres d’œuvre, constructeurs, services de l’Etat, collectivités locales, etc.
Par exemple, la plupart a pris l’engagement de payer les fournisseurs dans les délais les plus courts, voire d’anticiper les échéances. Ceux qui louaient des locaux professionnels ou commerciaux ont organisé un report du quittancement ou proposé un mode de recouvrement avec délai.
Des cellules de crise ont été mises en place avec un organigramme et un calendrier réorganisant les fréquences d’intervention des personnels de terrain. Tout cela fonctionne certes en « mode dégradé ». Mais un service est bien maintenu pour entretenir les parties communes, enlever les ordures ménagères, réparer une chaudière qui menace, etc.
« La dématérialisation s’est étendue à de nouvelles fonctions »
Cela conduit-il à des changements de pratiques ?
Le secteur vit une petite révolution. La dématérialisation s’est étendue à de nouvelles fonctions. Elle permettra demain, par exemple, la tenue des commissions d’attribution. Certains bailleurs sociaux vont même jusqu’à envisager la visite virtuelle des logements à attribuer. Le versement des salaires et le paiement des échéances se font par voie dématérialisée. Dans les ordonnances récentes, le mouvement HLM a obtenu que les appels d’offres et autres consultations soient complètement dématérialisés et exceptionnellement allégés. Par ailleurs, un grand nombre d’agents « télétravaillent ».
Quelles sont les actions mises en place par l’AR HLM Paca & Corse ?
Chacun des membres de notre équipe appelle un à deux dirigeants par jour pour maintenir le lien. Au début du confinement, nous avons lancé une enquête auprès des directeurs généraux. Les 36 bailleurs sociaux membres de l’association régionale y ont répondu. Nous avons aussi pris le temps d’appeler les Coopératives HLM ou les EPL qui font de l’accession sociale à la propriété et ne peuvent plus commercialiser. Depuis quelques jours, nous essayons d’identifier les sites critiques. Enfin, notre prochaine lettre électronique sera consacrée à la crise sanitaire et aux réponses des organismes HLM. Elle servira d’abord à informer nos partenaires.
Quelles difficultés rencontrent les bailleurs sociaux ?
La gestion quotidienne des sites, notamment dans les quartiers prioritaires, n’est pas simple. L’accumulation des déchets avec des risques de feux de poubelle, la sûreté des chantiers arrêtés ou bien encore l’accompagnement des personnes isolées et âgées font partie des problématiques majeures. Dans certains quartiers, enfin, les trafics sont perturbés. Cela peut générer des tensions.
« La question du gardiennage des chantiers est un point sensible »
Le gouvernement souhaite que l’activité reprenne sur les chantiers. Qu’en pensez-vous ?
Nous sommes pris en étau entre deux logiques : le respect du confinement et le maintien de l’activité économique. A ce jour, la plupart des entreprises a dû arrêter les chantiers. La question du gardiennage de ces derniers est un point sensible. Les experts de l’USH recommandent de se référer aux textes et aux contrats signés. Il sera toujours temps de discuter de la prise en charge du coût du gardiennage.
La position partagée par la majorité des bailleurs sociaux est celle d’essayer de faire les choses le plus proprement possible pour une reprise d’activité. Il est à noter que les maîtres d’œuvre sont très réservés sur une possible remise en activité en cette période de confinement. Et, des communes, à l’instar d’Ajaccio en Corse ou de Bandol dans le Var, ont pris des arrêtés interdisant tous chantiers, hormis d’urgence, sur leur territoire.
L’USH travaille actuellement avec les organisations professionnelles sur un guide des bonnes pratiques...
En effet. Nous l’attendons avec impatience, tout comme les préconisations nationales de l’OPPBTP et des fédérations professionnelles. Il faudrait aussi que l’Etat réexamine les conséquences de l’ordonnance du 25 mars 2020 qui proroge les délais d’instruction des autorisations de construire. Si on veut que notre secteur participe à la relance économique, ce serait bien qu’il dispose à la sortie de crise d’un stock de logements autorisés.