Interview

« Nous croyons à un rythme de croissance fort et durable », Antoine Metzger, président du directoire de NGE

NGE anticipe un exercice 2017 en croissance à deux chiffres. Recrutement et restauration des marges sont prioritaires, annonce-t-il au Moniteur.

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Antoine Metzger, président du directoire de NGE

Sommaire

1 - Bilan 2017

2 - Grand Paris Express et politique du gouvernement

3 - Recrutement et management

4 - Prévention

5 - Stratégie 2018

vous misiez sur un chiffre d’affaires de 1,7 Md€ en 2017. Avez-vous atteint votre objectif ?

Antoine Metzger : Nous osions croire à une croissance à deux chiffres et nous y arriverons. Nous n’avons pas encore les données définitives, mais pouvons annoncer un chiffre d’affaires (CA) pour 2017 supérieur à 1,8 Md€ (contre 1,6 Md€ en 2016, soit une croissance d’au moins 13% NDLR). Le carnet de commandes a quant à lui augmenté de 50% en un an, pour atteindre aujourd’hui 3 Mds€.

A.M : Le marché s’est clairement redressé dans tous les domaines. Cependant, l’augmentation de notre CA vient principalement de nos gros contrats. Celui du pôle grands projets devrait croître d’environ 50% en 2017. L’international enregistre une hausse de 20%. Mais n’oublions pas qu’un tiers de notre CA est réalisé auprès des collectivités locales, avec un contrat moyen à 200 000 €. Ce pôle régions devrait lui aussi progresser, de 5% environ.

A.M : En chiffre d’affaires comme en embauches, notre marché le plus important a été celui de la fibre optique dans le Grand Est (1,3 Md€ attribué au groupement NGE-Altitude, NDLR). En tout, les réseaux d’initiative publique représentent autour de 800 millions euros de carnets de commandes : environ 600 millions pour les grandes affaires, et une dizaine de départements autour de 30 millions. Il reste encore quelques appels d’offres et nous espérons de bonnes nouvelles dans les prochaines semaines.

Viennent ensuite des affaires ferroviaires telles que les marchés de renouvellement de voies à haut rendement (suites rapides, NDLR). L’an dernier, nous n’avons pas obtenu de chantiers du Grand Paris Express (GPE) mais nous nous étions vu confier des lots importants peu avant. Et nous attendons les nouveaux.

Enfin bien sûr, 2017 a permis de confirmer notre dynamisme en Amérique Centrale avec le tramway de Cuenca, en Equateur, ou en Angleterre avec Crossrail, la ligne ferroviaire de Londres.

arbitrages du gouvernement sur le Grand Paris Express (GPE) ?

A.M : Nous comprenons les contraintes budgétaires de l’Etat mais le gouvernement ne doit pas nous enlever de la visibilité sur le GPE, chantier pour lequel nous nous sommes tous préparés, nous avons investi… Concernant la ligne 16, il y a urgence car nous avons tous dépensé beaucoup d’argent, réalisé des études, répondu aux appels d’offres…

A.M : Nous assistons à une séquence positive, le gouvernement réfléchit aux infrastructures de demain, à l’utilisation de l’argent public. Les projets seront choisis, priorisés, financés et surtout réalisés. Ce qui est assez révolutionnaire ! En revanche, les Assises ont aussi eu pour effet de retarder certains dossiers : le canal Seine-Nord Europe n’est toujours pas lancé. Les appels d’offres du Lyon-Turin prennent du retard. Comme tous les entrepreneurs, nous attendons la copie et une ligne claire.

beaucoup recruté en 2017 ?

A.M : Nous avons créé l'an dernier près de 1700 postes, le nombre total d'embauches s'élevant, avec les remplacements, à environ 2500. Pour y parvenir, nous avions commencé dès la fin 2016 à structurer une cellule RH « de combat », avec sept nouveaux recruteurs. Pour renforcer notre dynamique d'embauche, nous avons aussi lancé, à l'automne dernier, le « hub des influenceurs ». Des salariés se portent volontaires pour parler du groupe dans différents forums ou sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, NGE compte près de 11 000 collaborateurs. Et nous misons, pour les cinq ans à venir, sur 2000 recrutements annuels.

A.M : En premier lieu, un véritable dynamisme économique, supérieur ces trois dernières années à nos grands concurrents en France. Ensuite, nous fonctionnons comme une PME. NGE est une entreprise à taille humaine, qui peut créer des postes sur mesure pour ses salariés, ce qui n'est pas le cas dans les grands groupes. Autrement dit, il s'agit de mettre en place une organisation autour des hommes, et non de leur imposer une organisation déjà figée. Autre atout : la délégation n'est pas un vain mot chez nous. Nos patrons de filiale et de chantier sont responsables et autonomes. Nous leur déléguons le pouvoir de prendre des décisions sans leur imposer un reporting excessif, contrairement, là aussi, à ce qui a cours dans les grands groupes.

A.M : Notre taux de fréquence d'accidents du travail [nombre d'AT par million d'heures de travail NDLR] pour 2017 se situe au-dessous de 20, étant précisé que notre courbe décroit régulièrement depuis longtemps, mais que l'intégration de petites structures au sein du groupe ont pu la faire remonter. Reste que cet indicateur demeure à mon sens trop abstrait : nous déplorons la survenue, l'an passé, de 323 accidents. Or, nous ne saurions avoir d'autre objectif que le « zéro accident ». Aussi, nous nous battons tous les jours pour faire évoluer les mentalités, faire cesser les mauvaises habitudes, et prenons en compte la prévention dans nos modes de construction. Notre ambition, dans un premier temps, est de descendre à un taux de 15 à l'horizon 2020.

A.M : Nous prévoyons un budget à 1,9 Md€. J’aimerais que la croissance à deux chiffres ne soit pas un épiphénomène et ose croire qu’elle peut se reproduire plusieurs années durant. Le marché est là, et nos anticipations nous font croire à un rythme de croissance fort et durable. Ce qui nous manque, en revanche, c’est la marge. Elle n’est pas à la hauteur des efforts déployés, des moyens investis et des risques pris. Nous dépensons des millions d’euros en études sur des projets comme le GPE, le plan de relance autoroutier, le plan France très haut débit. Mais aussi pour embaucher et former les personnes qui nous accompagnerons demain. Nous acceptons la situation depuis plusieurs années en pariant sur des jours meilleurs. Mais tout cela pèse lourd sur nos comptes. Aussi, si je pouvais formuler un vœu pour 2018, ce serait que les entreprises de travaux publics retrouvent des marges de manœuvre financière.

A.M : Outre le GPE et les grands projets, nous attendons des réponses et des attributions de lots du plan de relance autoroutier, notamment du côté de la Sanef. Nous n’avons pas remporté de grands marchés l’an dernier et sommes dans une phase de démarrage ou de fin de travaux.

De façon générale, nous guettons toujours les nouveaux marchés et les opportunités de diversification. SNCF Réseau investit massivement dans les schémas d’accessibilité des gares en Ile-de-France par exemple. Nous avons décidé d’entrer rapidement sur ce créneau, ce qui nous a permis de remporter les marchés pour une vingtaine de gares. Cela représente entre 30 et 50 millions d’euros au carnet de commande.  Nous ne faisions pas de réseaux de chaleur il y a encore quelques temps, ni de pathologie d’ouvrage ou de réparation d’ouvrages anciens et nous en avons désormais un certain. De même, nous avons mis un pied dans la sécurité ferroviaire : nous comptons plus de 400 salariés actuellement, alors que l’activité n’existait pas il y a trois ans. C’est aussi cela, être entrepreneur, s’adapter aux nouvelles formes de produits demandés par les clients. Indirectement, ces diversifications nous ont permis de traverser la crise dans les travaux publics et de maintenir notre chiffre d’affaires.

A.M : Notre stratégie en ce sens est la même depuis 2002 : proposer une offre la plus globale possible en faisant travailler nos différentes filiales ensemble, sur des projets communs. Sur les projets du plan de relance autoroutier par exemple nous avons constitué un groupement avec 5 ou 6 filiales de NGE qui interviennent sous la responsabilité d’un interlocuteur unique. Avec l’acquisition de Dacquin, intégré en 2017, nous sommes entrés sur le marché des fondations profondes, afin de compléter notre offre en parois moulées et pieux d’un certain diamètre. Une expertise utile sur le Grand Paris Express, qui nous permet aussi de nous différencier des concurrents sur d’autres projets.

Nous avons un pied dans le bâtiment depuis 2016 avec le rachat de Cardinal Edifice. Nous avons déjà opéré des synergies multimétiers sur des chantiers de bâtiment, sur lesquels les fondations sont réalisées par Dacquin ou GTS, le terrassement par Guintoli… 2017 a été une année chargée pour Cardinal Edifice, avec deux opérations phares : l’extension-rénovation du centre commercial Carré-Sénart, en Seine-et-Marne, et l’Institut des Mines télécoms à Saclay, où nous faisons travailler toutes nos filiales. C’est sur ce genre d’opérations que nous misons pour développer Cardinal Edifice. Et le groupe ne s’arrêtera pas à ces métiers, notre volonté est de continuer à nous développer sur de nouveaux secteurs.

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