- Dans quel contexte faites-vous votre entrée à Qualibat ?
Le bâtiment requiert désormais une meilleure maîtrise de l'énergie, de la santé environnementale, de l'accessibilité. Les entreprises doivent évoluer vers ces compétences. Les clients réclament d'elles plus de fiabilité, l'adaptation aux nouvelles exigences et une approche globale du bâtiment.
Des couvreurs, des chauffagistes ou des électriciens posent des capteurs photovoltaïques comme des maçons, des façadiers ou des peintres proposent de l'isolation thermique par l'extérieur (ITE). Les frontières des métiers sont bouleversées. Et de nouveaux métiers apparaissent : les unions de métiers doivent s'adapter, les organismes certificateurs également.
D'ores et déjà, les labels Eco Artisan ou Les Pros de la performance énergétique couvrent une vision plus complète de la construction et de la rénovation durable, et non pas seulement un corps de métier. L'assurance d'un savoir-faire devient une nécessité pour le maître d'ouvrage.
Il faut objectiver les compétences des entreprises : distinguer sur des critères indiscutables les bons professionnels des autres.
- Comment Qualibat entend- t-il jouer son rôle de certificateur objectif ?
L'organisme qui délivre une reconnaissance professionnelle doit être indépendant et impartial et être accrédité par le Cofrac, comité français d'accréditation. Il doit notamment réunir l'ensemble des parties concernées. Ainsi, dans notre conseil d'administration, les représentants des organisations professionnelles (Capeb, FFB, FNTP, FNSCOP) siègent aux côtés des représentants de la maîtrise d'œuvre, de la maîtrise d'ouvrage et des intérêts généraux. Preuve de cette indépendance, Qualibat est accrédité par le Cofrac. Cette accréditation lui a permis d'être retenu par la Capeb pour gérer son label Eco Artisan, ouvert à tout artisan compétent, syndiqué ou non.
- Pour autant, votre procédure, qui s'appuie sur des dossiers construits par les candidats, est parfois critiquée.
Nous allons diversifier et compléter l'offre Qualibat. La vérification des compétences des entreprises sur dossier ne sera plus notre seul mode de contrôle. Nous auditerons également les chantiers pour nous assurer de la qualité effective du travail réalisé. Dès lors, nous proposerons deux niveaux de contrôle : l'écrit (si vous me permettez la comparaison scolaire) accordé sur dossier et l'oral après visite de chantier. Ainsi, nous permettrons aux artisans allergiques aux démarches administratives de concourir directement au niveau « visite de chantier ».
Par ailleurs, nous proposons d'introduire une hiérarchie dans les qualifications qui pourrait monter, pour suivre notre image scolaire, jusqu'au doctorat. Le niveau master correspondrait à la qualification d'entreprise qui s'engage sur le résultat, sur la performance atteinte en fin de chantier. Sur le plan du système de management de la qualité, nous proposerons la « démarche écoresponsable ».
- Comment voyez-vous l'avenir de votre profession, la certification, dans un contexte où les labels foisonnent ?
Le milieu nécessite de la cohérence, une harmonisation des référentiels pour que les labels ne se concurrencent pas, mais également des conditions de fonctionnement des organismes identiques correspondant aux exigences de l'accréditation du Cofrac.
Dans cet esprit, nous allons discuter avec chacun pour créer un partenariat au sein d'une éventuelle fédération des organismes de certification qui pourrait partager des moyens et des outils communs.
