Un peu plus d’un an après le passage du Club Med sous pavillon Chinois, quel premier bilan pouvez-vous tirer ?
Henri Giscard d’Estaing. Il faut rappeler que nous avons eu de longues fiançailles avec Fosun, puisque celui-ci est entré au capital du Club Méditerranée en 2010 et en est devenu le premier actionnaire. Le président de Fosun, Guo Guangchang, et son directeur général pour le tourisme ont été administrateurs du Club pendant cinq ans avant que Fosun en devienne l’actionnaire principal en 2015 ! Nous nous connaissions bien, nous avions déjà beaucoup travaillé ensemble et il n’y a pas eu de surprises. Ce qui est très positif depuis un an, c’est que la société a maintenant un actionnaire de long terme avec une vision et une claire ambition de faire de nous un leader mondial des vacances tout compris haut de gamme pour les familles et les couples, tout en s’appuyant sur le savoir-faire français. Nous le ferons dans le monde entier, parce que Fosun est certes une entreprise d’origine chinoise mais c’est aussi un groupe global avec des actions et des participations aussi bien en Amérique, qu’en Europe et bien sûr en Asie.
Quels sont vos projets en Chine ?
H.G.E. Nous y sommes très actifs. Nous inaugurons sur l’île de Hainan -la destination touristique chinoise comparable à Nice pour la France ou à Miami pour les États-Unis- notre quatrième Club Med sur la côte ouest de Sanya. Un resort de 384 chambres et suites situé sur un terrain splendide de 15 hectares avec une plage de 300 mètres de long. Nous ouvrirons en novembre prochain, à Beidahu (province de Jilin) sur un terrain de 5 ha, notre cinquième village et notre second dédié au ski. Il viendra renforcer notre leadership international sur les sports d’hiver. Par ailleurs, nous avons signé quatre projets pour le Club Med en Chine essentiellement des Club Med Joyview : de vrais clubs, mais situés à proximité de grandes villes comme Shanghai, Pékin et Canton pour que les familles puissent y passer de longs week-ends.
S’agit-il de nouvelles constructions ou de réaménagements d’hôtels existants ?
H.G.E.Aujourd’hui en Chine, la moitié des projets sont des reprises d’hôtels existants avec une adaptation pour en faire de vrais Club Med. L’autre moitié, ce sont de nouvelles constructions. Nous avons à l’heure actuelle en construction sur un terrain de 6 ha un Club Med Joyview à Changli Beach, au nord de Pékin et à 30 kilomètres de l’aéroport de Beidahe. Son ouverture est prévue en 2018. Nous avons également en construction le Club Med Joyview Anji sur un terrain de 25 ha dans le "Pays du thé blanc", à une heure de route de Hangzhou. Et le Club Med Zhoushan situé sur un terrain de 6 ha sur les plages au sud de Shanghai, à vingt minutes de l’aéroport de Zhoushan Putuo. Les ouvertures sont prévues à l’été 2017 [pour ces deux derniers projets, NDLR].
H.G.E.Nous y accélérerons notre développement. Nous travaillons sur l’ouverture à l’hiver 2017/2018 d’un deuxième Club Med de ski au Japon, Tomamu, sur un espace de plus de 5 ha à Hokkaido. Nous sommes par ailleurs très avancés avec l’Indonesian Tourism Board pour construire un Club Med à Lombok, l’île voisine de Bali. Un projet absolument magnifique qui devrait ouvrir en 2019 sur une propriété de 15 ha à trente minutes de l’aéroport international de Lombok. Nous avons un projet au Vietnam sur les plages d’Ho Chi Minh dans la province de Vung Tau. Je me suis rendu dernièrement aux Philippines où il y a une grande envie d’avoir un Club Med. Nous y recherchons activement de belles propositions. C’est un pays magnifique avec énormément de potentiel, fort bien situé à proximité de la Chine, du Japon et des pays d’Asie du Sud-Est. Il y a encore un problème d’équipements et d’infrastructures mais, comme au Vietnam, le gouvernement est en train d’y remédier.
Le manque d’infrastructures est-il un frein pour développer de nouveaux clubs dans ces pays ?
H.G.E.C’est un frein. C’est d’ailleurs pour pouvoir bénéficier de l’aéroport international que nous avons favorisé au Vietnam un projet à proximité d’Ho Chi Minh Ville. L’accessibilité est toujours un sujet essentiel dans notre métier. Nous nous sommes installés à Sanya, car le village se trouve à 20 minutes de l’aéroport international, qui a des dessertes sur toute l’Asie et prochainement sur l’Europe. Je suis convaincu que progressivement, le Vietnam et les Philippines deviendront des destinations accessibles.
Pierre & Vacances arrive en Corée. Cela vous inquiète-t-il de voir des marques françaises prendre position sur des marchés similaires avec des investisseurs chinois différents ?
H.G.E.C’est évidemment une fierté pour nous de voir que le Club Med a ouvert la voie et sert d’exemple. Le premier, dès lors qu’il reste dynamique, a toujours un avantage ! La deuxième chose, c’est que c’est un signal très intéressant de l’évolution que nous avions anticipée : ces marchés asiatiques vont privilégier des modes de loisirs et de vacances proches des nôtres, dans lesquels les entreprises françaises sont particulièrement dynamiques. Là aussi, c’est un signe encourageant. Je préfère être sur un marché qui va croître très vite avec de la concurrence que sur un marché qui baisse.
Avez-vous des projets en Corée du Sud ?
H.G.E.Nous y avons tout d’abord des clients et c’est un marché qui se développe très bien pour nous. C’est une destination intéressante en Asie dans le ski, en particulier parce que ce pays va accueillir les Jeux olympiques d’hiver en 2018. L’une des contraintes de la Corée du Sud réside dans sa saisonnalité : c’est une destination d’été dans le domaine balnéaire classique. Par ailleurs le concept Joyview est un concept où l’accessibilité et la proximité d’une grande ville sont importantes que ce soit en TGV, en voiture ou par un vol très court. Cela fait partie des sujets que nous étudions.