Une approche moderne, des techniques traditionnelles.

Située dans le parc d'exposition de Niort, le long de la Sèvre, la halle polyvalente est le troisième bâtiment confié par la ville à l'architecte Hervé Beaudouin. Simple parallélépipède dégagé de tout point porteur, le bâtiment se singularise par une mise en oeuvre particulière des matériaux de façade, le bois goudronné et la pierre banchée. Amorcée avec l'extension de l'agence d'architecture qui a servi de prototype, cette technique de pierre, mise au point avec le maçon Manuel Paiva, est directement inspirée des « bétons du désert » de l'architecte américain Frank Lloyd Wright, mélanges de ciment, de sables et de blocs de pierre. La technique, simple et économique, s'adapte aux pierres calcaires locales, qui ont été ici récupérées.

Sur la face intérieure du bâtiment, le mur est monté sur un coffrage de planches toute hauteur, tandis que, sur la face extérieure, les banches sont montées au fur et à mesure, par rangs de pierre successifs. Les pierres, assez plates, sont posées sur chant contre la planche de façade, et jointoyées à l'arrière avec un béton coulé au seau et tassé manuellement. Avantage de cette mise en oeuvre : les pierres ne sont pas retaillées et leur quantité au mètre carré est faible.

Grand lanterneau traversant. En raison du caractère exceptionnel de la structure de la halle, la technique a nécessité quelques adaptations. L'espace libre intérieur, de 50 m de large par 60 m de long, est en effet divisé en trois travées, la nef centrale étant supportée par une poutre triangulée de 60 m de portée (et de 5 m de côté). Habillée de verre (Reglit), elle forme un grand lanterneau traversant. Sa dimension exceptionnelle a imposé de doubler les piles qui la supportent, hautes de 18 m, par un mur de béton coulé en place et vibré normalement. Il sert de fond de coffrage au mur de pierre banchée, les deux murs étant reliés par un ferraillage spécial. Pour le soubassement, façade épaisse dans laquelle sont ménagées les portes de secours, c'est la technique initiale qui a prévalu.

Comme les barques du marais poitevin. Séparé des piles par des bandeaux de verre verticaux, le bois, un résineux traité à coeur, est enduit d'un goudron de houille, comme les barques du marais poitevin (produit employé : « Black Warnish », Langlois). Facile d'entretien et de bonne tenue au vieillissement, il est constitué de planches verticales de 22 mm d'épaisseur posées à recouvrement selon un rythme alterné devant/derrière, ce qui donne un léger relief au bardage. Les planches sont vissées sur des tasseaux avec des vis en acier inoxydable pour assurer une meilleure tenue.

Décomposition des coûts par lots

Terrassements des abords : 173 658 francs.

Fondations spéciales : 422 716 francs.

Gros oeuvre : 2,552 millions de francs.

Charpente métallique : 2,967 millions de francs.

Bardage bois : 861 840 francs.

Habillage cuivre : 319 370 francs.

Etanchéité : 1,073 million de francs.

Miroiterie : 361 333 francs.

Menuiserie : 473 949 francs.

Peinture : 362 972 francs.

Electricité : 841 645 francs.

Plomberie : 61 846 francs.

FICHE TECHNIQUE

Maîtrise d'ouvrage : ville de Niort.

Maîtrise d'oeuvre : Hervé Beaudouin, architecte ; Jean-Claude Cornet, économiste ; YAC Ingénierie, fluides ; Ates, structure et charpente ; Socotec Niort, contrôle.

Surface : 2 900 m2 utiles.

Coût : 8,442 millions de francs, soit 2 900 francs environ au m2.

Entreprises :

Eurovia, terrassements abords ; Sonfedor, fondations spéciales ; Legrand, gros oeuvre ; Canam, charpente métallique ; Famob, bardage bois ; Klein, habillage cuivre ; Soprema, étanchéité ; BGN, miroiterie ; Pintaud, menuiserie Aciera ; Rouvereau, peinture ; Spie Trindel, électricité ; Self Industrie, plomberie.

PHOTOS :

1 et 2. L'identité de la halle,

simple parallélépipède scindé par

un lanterneau central, est

donnée en façade par le bois

goudronné et la pierre banchée.

3. Quatre larmiers horizontaux de cuivre rythment les façades de bois goudronné.

4. La technique de la pierre banchée est mise en oeuvre avec des pierres calcaires récupérées. Sur la face extérieure apparaît l'appareillage avec des joints importants de béton. La face intérieure est en béton banchée.

Technique du bois goudronné : comme les barques du marais poitevin, le résineux est simplement enduit d'un goudron de houille ; deux couches seulement sont nécessaires, appliquées avant et après la pose des planches.

5. Vue intérieure de la halle : le volume de 50 m de large et de 60 m de long est libéré de tout point porteur grâce à une poutre triangulée centrale.

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