Ni propriétaire, ni locataire

Un récent sondage le confirme : les nouvelles formes de propriété deviennent la norme.

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Xavier Lépine, président du directoire de la société foncière La Française

La révolution lente qui transforme le secteur du logement en France depuis près d'un quart de siècle a franchi le mois dernier un seuil symbolique. Pour la première fois, à la question « quel est votre statut dans votre résidence principale ? », la réponse la plus couramment donnée par les ménages n'a été ni « propriétaire », ni « locataire », mais « autre ».

Les réalités que recouvre cette catégorie fourre-tout sont diverses. Au cours des vingt dernières années, les grands acteurs du secteur du logement et du financement de l'immobilier ont rivalisé d'ingéniosité pour permettre aux Français d'acquérir le bon logement au bon moment. Ceci dans des conditions de sécurité et de gestion patrimoniale satisfaisantes.

Les modes inédits de détention du logement ont encore renforcé l'attractivité des métropoles.

Priorités : le prix et le niveau de services.

Propriété temporaire, propriété partagée, propriété partielle, usufruit… les formules utilisées - tout comme les marques qui les promeuvent -sont nombreuses. L'ensemble de ces dispositifs repose en définitive sur un pilier identique : un tiers institutionnel qui, en conservant un intérêt de long terme dans les biens qu'il commercialise, permet d'en faire baisser les prix et de multiplier les services qui leur sont attachés. Le prix et le niveau de services sont d'ailleurs les deux raisons mises en avant par les ménages - ultra- majoritaires chez les primo-accédants - qui choisissent ces nouveaux modes d'habiter. Pour eux, l'usage l'emporte sur la propriété. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la révolution des modes de détention de l'immobilier ait servi d'aiguillon à une effervescence de services connexes.

Pour séduire les jeunes acheteurs, toute la chaîne de production du logement a dû repenser ses pratiques afin d'incorporer dans ses bâtiments des espaces dédiés aux services partagés. Ce qui a créé un terrain fertile pour une multitude d'entreprises innovantes.

Fracture territoriale aggravée. Faut-il pour autant anticiper une généralisation de ces dispositifs à l'ensemble du parc de logements, comme le laisse supposer leur succès spectaculaire ? On ne se risquera pas à un tel pronostic. Car le revers de la médaille est connu : l'amplification de la fracture entre les métropoles dynamiques et le reste du territoire. Les modes inédits de détention du logement ont en effet été inventés pour répondre aux enjeux des zones sous tension, qui ont dû faire appel à l'innovation pour rester abordables. L'objectif est atteint mais non sans avoir encore renforcé l'attractivité des métropoles.

Ailleurs, ces outils restent beaucoup plus confidentiels, les services qui leur sont associés ne se déploient pas aussi vite, et la qualité du parc immobilier se dégrade… Voici peut-être le prochain défi à relever par les acteurs du logement : trouver les mécanismes pour étendre les bienfaits de cette révolution sur l'ensemble du territoire ?

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