Sans atteindre les performances des années 1999-2000 ( 4 et 6 %), le chiffre d’affaires de la construction (en euros constants 2004) aura légèrement dépassé les attentes du ministère du Logement : 3,6 %. Une performance bien supérieure à celle de notre économie nationale. Comme si l’adage « Quand le Bâtiment va, tout va » devait être jeté aux oubliettes de la prévision économique.
La croissance du produit intérieur brut national ralentit de 1,9 % en 2004, il se réduit à 1,6 % en 2005, nous annoncent les experts du Crédit Lyonnais dans France Secteurs. Ce ralentissement est connu à l’échelle de la planète même si la zone Euro avec ses 1,4 % de croissance fait bien pâle figure dans le concert international face aux 7 % de la zone asiatique et aux 3,6 % américains. Pour 2006, les prévisions internationales sont plus modestes encore (3,4 % pour les Etats-Unis). Par contre, l’Euroland verra sa croissance du PIB s’améliorer ( 1,9 %), l’Hexagone se situant dans les mêmes eaux. Cette amélioration de nos activités laisse un arrière-goût amer : la France qui faisait partie du groupe des poursuivants, sans faire la course en tête, se retrouve reléguée dans le peloton de l’Euroland.
Le miracle Bâtiment
La consommation des ménages reste supérieure à l’inflation, mais ce moteur de l’économie nationale ralentit. Même si les mesures gouvernementales devraient accroître les capacités financières des ménages, la réduction du taux de croissance devrait se poursuivre en 2006 pour se limiter à 1,8 % (contre 2,2 % en 2004 et 2 % en 2005). Heureusement, l’investissement des entreprises prend le relais. Après 2 % en 2004, cet indicateur atteint 3 % en 2005 et devrait se maintenir à ce niveau en 2006.
Donc, le Bâtiment fait des miracles, essentiellement grâce au logement. Ainsi, Développement Construction dans le Marco 2005 prévoyait aux alentours de 370 000 nouveaux logements. En fait, le nombre de mises en chantier recensé en 2006 atteint 390 000 logements ordinaires (soit 400 000 tous confondu). La croissance est tirée par le collectif. Le nombre des mises en chantier a augmenté de 20 % sur l’année alors que la maison individuelle devait se contenter d’une croissance de 5 %. Toutes les conditions sociologiques, politiques et bancaires sont réunies pour maintenir le marché à un bon niveau : multiplication des ménages, volonté gouvernementale concernant les logements sociaux (Plan Borloo) et crédit à taux faible et à long terme. Par contre, un certain emballement du marché de l’immobilier conduit à des niveaux de prix prohibitifs et à un début de frilosité bancaire. « Mais nous ne saurons si nous sommes dans une bulle qu’après son éclatement », commente Théo Woelfinger (Développement Construction) avec bon sens.
Donc, Marco, l’étude de son cabinet, ne prévoit pas la catastrophe mais un ralentissement de la croissance du logement à 2 ou 3 %. Ce qui nous entraîne tranquillement vers un nouveau record historique de 410 000 logements à construire.
Les locaux faisaient plus triste mine : - 2,4 % de mises en chantier sur l’année. Imparfait de rigueur, car sur le dernier trimestre, la croissance était de 3 %. Prémices d’une reprise d’activité que Développement Construction situe à 1 % en 2006. Le tertiaire, avec une croissance de 3 %, puis l’industrie (1 à 2 %) devraient tirer le marché en dépit des difficultés de l’agriculture (- 2 à - 3 %). La reprise des investissements industriels se fait sentir dans le Bâtiment.
Les artisans à la traîne
L’entretien-rénovation connaît également des niveaux d’activité intéressants. 5 % de croissance dont 5 % pour le logement et 5,5 % pour le non résidentiel. La décision du maintien de la TVA à 5,5 % jusqu’en 2010 devrait permettre au marché de se maintenir à ce taux de croissance.
La croissance des artisans plus faible que le marché s’explique sans doute par un problème de main-d’œuvre. En effet, le niveau des carnets de commandes ne cesse de s’accroître ( 27 jours en un an), les difficultés de recrutement augmentent ainsi que l’emploi intérimaire.
Par contre, les grandes surfaces de bricolage vont aspirer un vrai bol d’air avec la remontée des taux de TVA. Si elles parviennent à maintenir leur croissance à 2,7 % grâce au développement du discount, les GSB s’appuient sur un marché qui est tombé à 0,7 % de croissance. Ceci posé, le négoce subit également cette baisse de la demande directe des particuliers qui influe sur sa marge même si il profite d’un accroissement du CA via les artisans.
Négoce : 3,5 %
Le négoce a perdu deux points et demi de taux de croissance en un an, nous indique le Négoscope. Sa croissance 2005 se limite à 3,5 % contre 5,9 % en 2004. En fait, les moindres performances des artisans, la demande « faiblarde » des bricoleurs conduisent à atténuer l’effet positif de la croissance de la construction. Que sera 2006 dans de telles conditions ? Difficile de le pronostiquer.
Restons optimistes ! Le niveau d’activité reste élevé : le chiffre d’affaires est supérieur de 43 % à celui réalisé en 1995.
Le premier réseau de distribution bénéficiaire de la conjoncture est naturellement le diffuseur de produits de gros œuvre, le négoce en matériaux. Comme l’an dernier, il fait mieux que les autres spécialités du marché avec un taux de croissance de 4 %. Mais une érosion de trois points par rapport à 2004. En dix ans, il a accru ses ventes de 51 %.
Le négoce de bois suit tranquillement avec une croissance parfaitement en ligne avec l’indice général. Depuis 1995, son activité a été très fluctuante enregistrant même des périodes de décroissance en 1996, 2002 et 2003. Même l’année dernière, il enregistrait une croissance très en deçà de ses collègues (3,8 % au lieu de 6 %). Cette année, il est le seul à avoir à peu près maintenu son niveau de croissance. En dix ans, son activité a gagné 23 %.
Le négoce en sanitaire-chauffage a, pour sa part, gagné 41 % de chiffre d’affaires depuis les années 1995. Mais, ce fort niveau de croissance s’est ralenti au début du millénaire. En 2004, il affiche un taux de 5,6 % qui est tombé aujourd’hui à 3 %.
Après 3,3 % de croissance en 2004, les grossistes en décoration frôlent la décroissance avec un taux limité à 0,5 %. Pourtant, le fort niveau de construction en 2004 augurait d’un marché de la finition de bons volumes. Le développement du logement vendu « prêt à décorer » a-t-il résorbé une partie du marché ? Peut-être. Mais les restructurations vécues dans certains groupes et les mauvaises performances des indépendants isolés ont sans doute plombé l’indice d’activité de la profession. Quoi qu’il en soit, les grossistes en décoration depuis les dix dernières années n’ont amélioré leurs ventes que de 12 %.