Croissance 2007 divisée par deux selon France Secteur du Crédit Lyonnais, prévisions proches de la DAEI – département des affaires économiques et internationales du ministère du Logement –, « croissance légèrement inférieure à 2006 » selon Marco de Développement Construction, « activité similaire » annonce la Capeb, les prévisionnistes ne sont d’accord que sur un point : l’embellie du Bâtiment ne durera pas éternellement. Sa fin n’est pour autant pas programmée.
Rénovation et non résidentiel en relais du logement ?
Certes, le logement neuf marque le pas en 2006. Moteur de la croissance de 2004 ( 9,5 %) et de 2005 (13,1 %), la construction de logement doit se contenter de 5,5 % (7,5 % pour le collectif et 3 % pour la maison individuelle, selon les estimations de Développement Construction dans son Marco). En outre, les statistiques de la Daei montrent que les stocks de logements augmentent plus vite que leurs ventes. Pour la première fois, depuis plusieurs années, le nombre de mises en chantier enregistrées par la DAEI entre septembre et novembre 2006 est moins élevé que le recensement pour la même période de 2005. Dans le même temps, la demande de logements, notamment sociaux, s’exprime fortement dans les médias : on parle d’un besoin de 800 000 non pourvus qui, certes, trouvera sa réponse en partie par l’ancien.
L’ancien lui-même va générer des travaux de rénovation pour les entreprises du Bâtiment. Les nouvelles exigences de maîtrise de l’énergie, les diagnostics de performances énergétiques, la pression des producteurs d’énergies, légalement obligés aux économies, conduisent à des travaux d’amélioration de l’habitat par des artisans ou par le particulier lui-même. Le Baromètre de l’entretien et de la rénovation annonce une croissance de 5,6 % en valeur, soit aux alentours de 1,5 % en volume, nous précise la Fédération française du Bâtiment qui estime l’inflation des matériaux à 4 %. En 2005, elle atteignait 5,1 %, après 5,5 % en 2004 et 2,1 % en 2003. La DAEI annonce pour 2007, un volume légèrement supérieur à 2006 dans le logement comme pour les locaux.
Parent pauvre de la construction, le bâtiment non résidentiel (-1 % en 2005) a rejoint en 2006, le niveau de croissance du logement avec 6,5 %, selon les estimations de Développement Construction. Le cabinet ne prévoit qu’une augmentation de 1,5 % en 2007. La DAEI, pour sa part, table sur une fourchette de 2,7 % et à 4,5 %.
Autre indicateur porteur d’avenir : les carnets de commandes. Tous secteurs confondus, les artisans déclarent que leur carnet de commandes a augmenté de 23 jours en un an. Les enquêtes réalisées pour notre compte par I C montrent qu’il atteint 181 jours, soit (en comptant 20 jours travaillés par mois) 9 mois. Revers de la médaille : les entreprises n’arrivent plus à avaler la demande, ce qui ralentit les capacités de croissance du Bâtiment. Côté face : la demande demeure extrêmement importante et le Bâtiment « en a encore sous le pied » pour reprendre une expression triviale. Donc, même si la croissance ralentit cette année, ce ne serait qu’un palier, et non un retour aux vaches maigres des années 90.
6 % : forte croissance de la distribution Bâtiment
Quoi qu’il en soit, les distributeurs de produits Bâtiment profitent à plein de la dynamique de la demande. Certes, avec l’aide d’une inflation forte : 4,7 % contre 2 % en 2005. Ainsi, les distributeurs de matériel électrique, portés par la hausse du cuivre, affichent des croissances records à deux chiffres. Rexel annonce 10 % en France.
Les autres distributeurs Bâtiment suivis par le Négoscope (matériaux, bois, décoration, sanitaire-chauffage, quincaillerie) ont atteint très précisément, la même performance qu’en 2004 : 5,9 %. Comme 1999, 2000 et 2004, 2006 fait partie des grandes années de la décennie écoulée : depuis 1996, la croissance moyenne annuelle étant de 5,1 %. Hormis un effondrement en avril, l’année n’aura été qu’une succession de croissances mensuelles dépassant les 3 % avec même une accélération en octobre et novembre (11,5 % et 12,5 %).
Les matériaux en pivot
Le moteur de cette croissance se nomme négoce en matériaux : son activité s’est accrue de 61 % en dix ans. Le premier réseau de la distribution Bâtiment a acquis un rôle pivot sur le marché. Profondément modernisés, forts d’un maillage très dense, les multispécialistes – auxquels le terme de généralistes ne colle plus – accueillent particulier comme entreprise, collectivité ou artisan, répondent autant aux marchés de la rénovation que du neuf, autant sur le collectif que sur la maison individuelle, etc. Les accélérations de la demande leur profitent donc directement. Ils finissent l’année avec un 7,1 %, sans connaître une seule décroissance mensuelle, même en avril.
La deuxième performance annuelle est le fruit des quincailliers. Le premier cumul glissant sur douze mois* de la quincaillerie Bâtiment annonce une croissance annuelle de 6 % en 2006. Au terme de notre première année de suivi, nous ne pouvons pas publier un historique de l’activité des négoces en quincaillerie. Toutefois, nous pouvons remarquer des fluctuations mensuelles relativement fortes : la meilleure croissance mensuelle atteint 15 % en octobre, la plus basse -1,5 % en avril.
D’une croissance atone en 2005, plus mauvaise performance de l’année, le négoce en décoration prend la troisième place au hit-parade des spécialités 2006 avec 5,6 % de croissance. Après l’année des restructurations en 2006, les grossistes en décoration retrouvent sérénité et allant pour rattraper la croissance du Bâtiment. Pour arriver à de tels résultats, il faut accumuler les fortes croissances mensuelles : le plus mauvais indice se limite à 1 %. Les résultats 2006 donnent un peu de couleur à une activité à la traîne dans le paysage de la distribution Bâtiment : 21 % de croissance seulement en dix ans.
Les grossistes en sanitaire-chauffage ont amélioré beaucoup plus faiblement leur tendance annuelle : de 3 % en 2005 à 4,7 % en 2006. Fortement pénalisés par la déconvenue du mois d’avril (- 3 %), ils n’ont pu se hisser à la moyenne de la distribution Bâtiment malgré les fortes croissances mensuelles des six derniers mois. En dix ans, leur chiffre d’affaires a augmenté de 45 %.
Si une spécialité n’a pas su profiter de l’accélération de la construction du Bâtiment, c’est bien le négoce de bois. Ecologie, développement durable, maison ossature bois, dynamisme marketing des leaders… les conditions semblaient pourtant favorables à cette spécialité. Et bien non, elle a au contraire perdu 0,1 point de croissance de 2006 à 2007. En dix ans, son activité s’est améliorée de 32 %. Peut nettement mieux faire !
Pour 2007, le négoce devrait continuer à bénéficier de conditions favorables à son activité. D’ores et déjà, le Négoscope prévoit une croissance trimestrielle à 9 % pour porter la tendance annuelle à 6,4 %. Un bon augure qui donne le goût de l’investissement !

