Négoce travaux publics La concentrations'accélère

Face à une conjoncture qui s'assombrit encore en 2015, les mouvements de rapprochements vont s'accentuer.

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«L'impact de la réorganisation des régions et de la baisse des dotations de l'État aux collectivités locales va se faire lourdement sentir dans le secteur des travaux publics avec des licenciements au printemps prochain, pronostique Éric Lotenberg, directeur d'activité TP du Groupe Samse. L'annonce du désengagement de l'État nous inquiète en tant que négoce TP. » Avec un retrait de 1 à 2% de son chiffre d'affaires 2013 (100 M€ en TP et 30 M€ pour l'induction d'eau) par rapport à 2012 dans un marché en recul de 6,5 %, la branche TP et adduction d'eau du Groupe Samse a tenu bon en 2013 ainsi qu'en 2014. « Nous résistons depuis trois ans grâce à l'importance de nos stocks et au bon niveau de formation de nos équipes. Mais les carnets de commandes de janvier restent vides, avec peu d'é-tudes et de projets en perspective, et la demande de fourniture a baissé de 10 à 20 % pour début 2015 », continue Éric Lotenberg. Nathalie Roisné, chargée de mission économique du syndicat Canalisateurs de France, confirme : « Le recul important de l'activité et l'absence de comman-des des collectivités ont poussé certains adhérents à mettre en place des procédures de chômage partiel pour un tiers de leurs effectifs. Nous observons aussi de nombreuses fusions et dépôts de bilans. »

Ce contexte délétère exacerbe la concurrence et entraîne logiquement une baisse des prix. « L'impact de la crise sur les prix est difficile à chiffrer et très différent d'une région à l'autre, souligne Nathalie Roisné. Mais 90 % de nos adhérents considèrent que les prix sont bas à très bas, et qu'ils ne vont pas remonter. » Dans ce secteur, aucun indicateur positif de reprise n'est annoncé pour 2015, pas même le décret du 27 janvier 2012, sur laquelle les professionnels comptaient pour renouveler le patrimoine des réseaux d'eau potable dès 2014.

Élaborer des stratégies de résistance face à la crise

Asphyxiées au niveau trésorerie par une crise qui dure, des entreprises familiales de distribution TP qui fonctionnaient depuis dix ou quinze ans se retrouvent désormais à la merci d'un impayé ou d'une baisse d'activité. De nombreux petits négoces sont rachetés par des entreprises plus importantes qui consolident et étendent leur périmètre d'action au niveau géographique ou en diversifiant leurs activités. « Nous avons acquis plusieurs petits négociants et comptons poursuivre en 2015 si des opportunités se présentent, précise Éric Lotenberg. Il est plus facile de résister quand on est gros que petit, la massification des achats est une façon efficace de peser auprès des banques. Dans ce contexte, l'entreprise progresse ou régresse, elle ne peut plus stagner. À moyen terme, il ne restera que quelques majors. »

Ce n'est pas le cas aujourd'hui, puisque la majorité des grandes entreprises de négoce TP restent au niveau local. Elles se répartissent entre les négoces généralistes, qui proposent de tout, les multispécialistes autour de deux ou trois métiers très pointus, et des ultra-spécialisés qui proposent des produits très techniques. Seuls les deux leaders, Pum Plastiques, du groupe SGDB France (260 agences) et Frans Bonhomme (380 points de vente), ont une envergure nationale. Ce dernier, qui vient de changer de président (Patrick Destang remplaçant Dominique Masson) a été racheté au groupe Cinven, en 2014, par le fond Centerbridge Partners, actionnaire majoritaire, et Angelo, Gordon & Co. Ce rachat n'a pas eu d'effet sur l'évolution de l'entreprise, puisque la baisse du chiffre d'affaires de 5,5 % en 2013, à 616 M€, se confirme en 2014, malgré la réduction de moitié de sa dette de 600 M€. Stratégiquement, l'entreprise poursuit sa diversification, renforçant ses partenariats sur les marchés de l'eau et de l'assainissement. Sa gamme de 36 000 références (de 90 familles) s'étend au-delà de son métier historique. Les tuyaux et raccords plastiques ne génèrent plus qu'environ 60 % de son activité, l'accompagnement et le conseil étant mis en avant.

Si la tendance est à la concentration, cela ne signifie pas pour autant la disparition des PME. Pour résister à la crise, les entrepreneurs mettent en avant la formation de leurs équipes, leur capacité à faire les bons choix d'investissement et à résister à la morosité ambiante. Ils développent de nouvelles gammes de produits et élargissent celles existantes. « Je crois profondément aux PME familiales, explique Jacques Plattard, président du groupe Plattard. Notre objectif 2015 est de sauver tous nos salariés. Ces hommes et ces femmes sont la richesse de notre entreprise. Notre stratégie est toujours la même. Nous vendons les mêmes choses aux mêmes prix, il faut donc former et motiver nos équipes pour qu'elles vendent mieux. À nous, dirigeants d'industrie, de faire les bons choix d'investissement. »

Les PME au cœur du négoce

En 2015, le groupe Plattard renouvelle sa centrale à béton de Villefranche-sur-Saône et prévoit l'extension d'une carrière existante. Il poursuit aussi le déploiement de ses agences, avec l'ouverture d'une nouvelle entité à Villefranche Nord, la 34e. « La France s'en sortira en donnant de l'espoir aux PME. Nous rassemblons les savoir-faire, cultivons la relation aux hommes et femmes de l'entreprise, créons de la richesse locale par notre capacité à nous mobiliser dans les moments difficiles. Le fait d'être adossé à un grand groupe (en l'occurrence Samse, actionnaire à 34 %) permet de garder notre indépendance tout en bénéficiant de la politique d'achat et du réseau d'un groupe très diversifié (bâtiment, TP, rénovation, etc. qui s'adresse à tout type de clients, NDLR). » Cela autorise aussi le groupe Plattard à reproduire le modèle en prenant, à son tour, des parts dans des petits négoces multispécialistes. Une façon de maintenir vivant le tissu des PME du négoce TP.

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