Nature en ville : Carpentras, vitrine du programme S’Green

Carpentras recueille les premiers projets issus de S’Green. Cette plateforme d’ingénierie proposée par la Caisse des dépôts vise à ramener la nature au centre des agglomérations moyennes, sélectionnées dans le programme Action cœur de ville.

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Parvis Carpentras
La végétalisation du parvis du siège de la Communauté d'agglomération Ventoux Comtat Venaissin soulagera l'entrée de Carpentras (Vaucluse) pendant les canicules.

La Communauté d’agglomération Ventoux Comtat Vénaissin (Cove) montre l’exemple. La végétalisation du parvis de son siège contribuera à rafraîchir le cœur de Carpentras, ville centre de l’établissement public de coopération intercommunale, avec 30 000 habitants sur 70 000. Le chantier de 300 K€ se déroulera de septembre à novembre. La collectivité espère recueillir les cofinancements de l’Agence de l’eau Rhône méditerranée Corse et de l’Etat, via le Fonds vert.

L’aiguillon du pic de chaleur

Sous la maîtrise d'oeuvre de Cereg, la désimperméabilisation de 3000 m², associée aux plantations et à la gestion des eaux pluviales à la parcelle, fait partie des premières retombées locales du programme S’Green, lancé en 2020 par la Caisse des dépôts. L’écho de cette initiative nationale s’est amplifié dans la foulée d’une étude communautaire nourrie par une campagne de mesures menée pendant la canicule de 2019. Le pic de température mesuré à Carpentras avait atteint 44°C.

« Le 23 juin à 5 h du matin, les sondes ont révélé une différence de 5°C entre la périphérie et le cœur de ville. Nous avons alors touché du doigt la réalité des îlots de chaleur urbains », témoigne Geneviève Boissin, en charge du plan climat air énergie territorial de la Cove. « A l’échelle de l’agglomération, le diagnostic cartographié a mis en lumière trois sous-ensembles. Le chaud et le très chaud couvrent chacun 45 % des surfaces, contre 10 % pour le tempéré », résume Séverine Charrière, directrice de pôle d’Espelia.

Une méthode en trois temps

Ce bureau d’études fait partie du pool d’ingénierie sélectionné en 2020 pour lancer S’Green, avec ses trois étapes : le diagnostic, les projets pilote et le cahier de prescriptions. « Un premier bilan d’Action cœur de ville avait révélé le poids relativement faible de la végétalisation, dans les projets », rappelle Marie Aboulker, experte territoriale chargée de ce programme d’Etat à la Caisse des dépôts.

L’appropriation de S’Green par la Cove répond d’autant mieux aux intentions de la banque d’Etat que les projets finalement retenus par les élus locaux ne correspondent pas à ceux qu’avaient proposé Espélia à l’amont. A titre d’illustration possible, le bureau d’études avait identifié une rue, une cour d’école et une place. Les décideurs ont choisi d’autres sites, tout en retenant la méthode et les orientations.

Appropriation réussie

Geneviève Boissin partage cette analyse. « Sans la traduction opérationnelle facilitée par S’Green, le plan Climat ressemblerait à une stratégie perchée », souligne-t-elle. Dès 2022, les premiers permis de végétaliser, délivrés sur le square Pasculin de Carpentras, ont donné le mouvement. Une cour d’école a suivi.

« Grâce aux animateurs du programme des Petites villes de demain, plusieurs bourgs de la Cove se lancent. Malaucène signe ses premiers permis de végétaliser », se réjouit la responsable du service communautaire Environnement Energie. L’agglomération stimule l’élan par la publication d’un guide de l’aménagement durable, bientôt complété par une charte.

Chemins multiples

« L’agglomération de Carpentras est entrée dans S’Green par les îlots de chaleur. D’autres vecteurs fonctionnent : révéler une nature peu visible en fonds de vallée à Morlaix ; améliorer le cadre de vie en profitant de l’opportunité de restructurer une place à Chinon ; plusieurs villes sont entrées dans le sujet par la renaturation d’une friche », égrène Marie Aboulker. « La mayonnaise a pris », conclut l’experte territoriale, qui recense 60 villes embarquées dans S’Green.

Interrogée sur les obstacles à franchir, Geneviève Boissin apporte une réponse encourageante : « Le plus dur, c’est de commencer. Une fois les premiers aménagements réalisés, l’envie de dupliquer se propage. Nous le vérifions avec les cours d’écoles ».

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