Dans le Vaucluse, la CNR teste un nouveau type de parc photovoltaïque

En partenariat avec plusieurs industriels et la SNCF, la Compagnie nationale du Rhône va tester, à partir du mois de février et pendant trois ans, un démonstrateur de parc solaire linéaire. L’enjeu du projet, baptisé Ophelia et soutenu par France 2030, est de faire transiter l’énergie produite sur des dizaines de kilomètres sans pertes en ligne.

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Parc solaire line?aire par la Compagnie nationale du Rho?ne
Le parc solaire se compose de six structures posées en ombrière au-dessous de la véloroute à Caderousse, dans le Vaucluse.

Concessionnaire du Rhône jusqu’en 2041, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) ne se contente pas d’exploiter les ouvrages hydroélectriques qui émaillent le fleuve sur 500 km pour une puissance installée de 3 000 MW. Dans la recherche d’optimisation de son foncier, l’entreprise développe aussi des projets solaires et éoliens. Après avoir testé à Sablons (Isère) un démonstrateur de parc photovoltaïque linéaire qui a la particularité de pouvoir être installé sur un site long et étroit, la CNR va déployer un équipement similaire sur un autre de ses terrains à Caderousse (Vaucluse). Dans l’objectif de déboucher sur un développement commercial, elle a constitué un consortium avec Nexans, Schneider Electric, la SNCF et SuperGrid Institute (centre de recherche pour la transition énergétique) pour porter le projet Ophelia dont le coût de 20 millions d’euros bénéficie d’un financement de France 2030 accordé par l’Ademe.

Architecture électrique

Mis en service à la rentrée prochaine sur une partie de la piste cyclable ViaRhôna, le parc photovoltaïque ViaSolaire du Colombier, d’une puissance installée de 1 MWc, se composera de six structures en ombrières. Elles auront la particularité d’être disposées en enfilade sur un site étroit de 1 km de long et de 6 m de large. C’est là que réside l’innovation. En effet, si le photovoltaïque linéaire présente l’avantage d’être facilement inséré dans des surfaces déjà artificialisées, le dispositif se heurte aujourd’hui à un frein technique : il est compliqué de faire transiter l’énergie produite sur des dizaines de kilomètres sans pertes d’énergie dans les câbles.

Tout l’enjeu d’Ophelia est justement de lever ce verrou technologique. Il consiste à mettre au point une architecture électrique permettant d’acheminer un maximum d’électricité avec un minimum de pertes. Avec ses partenaires, la CNR travaille sur une technologie en courant continu à haute tension comme solution de remplacement du courant alternatif pratiqué sur leur réseau par Enedis et RTE. « Le courant continu a en effet l’avantage de générer beaucoup moins de pertes sur de grandes distances. C’est pour cela qu’il est utilisé pour relier des pays entre eux. Mais, la technologie est aujourd’hui réservée à de très fortes puissances, entre 500 et 4 000 MW, car elle est coûteuse. L’intérêt d’Ophelia est de vérifier l’intérêt d’appliquer le courant continu haute tension sur des échelles beaucoup plus petites », explique Caroline Ramondou, coordinatrice du projet Ophelia à la CNR.

Instrumentations

Par exemple, SuperGrid va développer un convertisseur qui va permettre d’élever la tension, afin de limiter les pertes, entre les panneaux solaires et le point d’injection dans le réseau Enedis. Schneider Electric va plus particulièrement travailler sur les organes de protection afin de couper le courant continu en haute tension en toute sécurité. Nexans va développer un câble adapté. Quant à la SNCF, elle va étudier les possibilités d’intégration de panneaux photovoltaïques sur ses terrains linéaires, à proximité des rails, et comment les raccorder au réseau ferroviaire existant pour alimenter, par exemple, les caténaires.

En février, le consortium aura posé les panneaux photovoltaïques et les structures. Il testera, ensuite, pendant trois ans, les prototypes installés dans les postes électriques. « Si c’est concluant, nous espérons contribuer à l’essor du photovoltaïque linéaire le long de routes, des véloroutes, des berges ou des voies ferrées sur plusieurs dizaines de kilomètres par projet », poursuit Frédéric Storck, directeur Transition énergétique et Innovation à la CNR, qui estime le potentiel de déploiement de parcs photovoltaïques linéaires à environ 35 GWc.

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