Long de 3 km, c’était le dernier tronçon à deux voies simples du périphérique nantais. Les 42 km du boulevard qui encerclent la métropole nantaise sont désormais entièrement en 2x2 voies et en font le 2e plus long de France derrière celui de Bordeaux (45 km), mais devant celui de Paris (35 km). « L’aménagement de la Porte de Gesvres aura été un chantier exemplaire répondant à un défi ambitieux : celui de la construction, sous circulation, de deux nouvelles voies de liaisons, de deux viaducs et d’un ouvrage d’art » a résumé Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes qui a tenu la salué le travail des compagnons, dont Eric Bon, en charge du chantier mais aussi des « hommes en jaunes » qui ont assuré la sécurité de jour comme de nuit avec « 1 878 étapes de balisage ».
Lancé à l’été 2021, cet aménagement a consisté d’une part à mettre en 2x2 voies les liaisons entre les périphériques Nord et Est et d’autres part d’améliorer les conditions de circulation de tous les usagers sur la partie Nord-Est de ce boulevard circulaire fréquenté aujourd’hui par plus de 87 000 véhicules/jour et près de 100 000 en 2044. Il va permettre de gagner jusqu’à 30 % de temps de trajet entre la porte de Rennes et la porte de la Chapelle. « Pour les habitants du quartier Nantes Nord, il va permettre d’alléger la circulation sur les boulevards Einsten et Cassin, le trafic se reportant sur un périphérique plus fluide » s’est félicité Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole.

Inauguration de l’aménagement de la Porte de Gesvres le jeudi 6 juin 2024 en présence de Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes, et des élus locaux dont Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. © Jean-Philippe Defawe
L’investissement a été de 47,9 millions d’euros, dont 75 % financés par Vinci Autoroutes et 35 % par les collectivités locales (Nantes Métropole, le département de Loire-Atlantique et la région Pays de la Loire). Comme 18e avenant au contrat de concession de Cofiroute, il s’inscrit dans le Plan d’investissement autoroutier, validé par l’Etat en 2018. L’inauguration du 6 juin a été l’occasion, pour Pierre Coppey, de rappeler que Vinci Autoroutes, qui gère 750 km dans les Pays de la Loire, investit « sur la période 2015-2025, plus de 500 millions d’euros dans la région ».
Ouvrages non courants
Le chantier de la porte de Gesvres a été à multiples facettes avec la création de deux ouvrages non courants, de type viaduc, construit au-dessus de la porte de Gesvres pour assurer les liaisons A11/périphérique Est et périphériques Est/périphérique Nord, ainsi que des bretelles d’insertion et des aménagements hydrauliques. Un nouvel ouvrage a également été construit au-dessus du périphérique Nord. Il supporte la circulation de la route de La Chapelle-sur-Erdre (6 000 véhicules/jour). En courbe, le viaduc Est culmine à 6,5 m au-dessus de l’A11 sur une longueur de 106 m. Il est constitué de trois travées, dont une de plus de 40 m surplombant l’autoroute. Le point d’orgue de ce chantier dans le chantier a été le lançage du tablier qui a duré une nuit entière. De son côté, le viaduc ouest, long de 120 m, est constitué de 44 éléments assemblés sur place. Le lançage de cette charpente métallique de près de 520 tonnes s’est effectué sur une longueur de plus 100 m en trois nuits.
Un des enjeux du chantier a été de mener les travaux sur plusieurs niveaux de voiries, en maintenant la circulation. Pour cela, des bretelles et un pont provisoires ont été construits afin d’assurer la continuité des liaisons quotidiennes. Une grande partie des travaux a été menée de nuis (365 au total) afin de limiter la gêne aux usagers. C’est ainsi que dans la nuit du mardi 12 avril 2022, cinq pelles mécaniques de 50 t équipées de croqueuses ont démoli par « grignotage » le pont de La Chapelle-sur-Erdre qui enjambe le périphérique Nord et dont les piles gênaient l’élargissement. Sous la maîtrise d’œuvre d’Arcadis, ce chantier a été conduit par Bouygues Travaux publics et son sous-traitant Occamat et, à 6 heures du matin, le périphérique était rouvert à la circulation.

Parmi les moments forts du chantier, dans la nuit du mardi 12 avril 2022, cinq pelles mécaniques de 50 t équipées de croqueuses ont démoli par « grignotage » le pont de La Chapelle-sur-Erdre qui enjambe le périphérique Nord et dont les piles gênaient l’élargissement. © Vinci Autoroutes
Un chantier exemplaire
En moyenne, 100 personnes de différents corps de métier ont travaillé en permanence sur le chantier. Au total, ce sont 1 500 personnes avec des périodes de fortes coactivités qui sont intervenues pendant la durée des travaux avec plus de 23 000 heures consacrées à l’insertion professionnelle (12 900 prévues initialement). « La sécurité a été une préoccupation majeure de ce chantier, raconte Julien Trackoen, de l’OPPBTP. Je me souviens de la toute première réunion où des risques insolites ont été pris en compte comme le passage de sangliers ou la chute des balles du golf voisin ».
Outre la sécurité, Vinci a veillé à faire de cet aménagement un chantier exemplaire avec la création de 3 km de Chaucidou (chaussée pour les circulations douces) et d’une voie réservée pour les transports en commun sur l’A11, la plantation de 260 000 plants et arbres, la mise en place de 3 km de talus raidis, l’installation de 365 m de protections acoustiques en béton bas carbone, la pose de 30 à 40 % d’agrégats d’enrobés recyclés ou encore la réutilisation sur un chantier voisin de 30 000 m3 de matériaux en excédent.
Johanna Rolland s’est facilité de ce « partenariat entre le public et le privé » et a salué le travail mené avec l’ensemble des parties prenantes et notamment les habitants. « 1 900 visiteurs ont pu découvrir le chantier à travers 26 rencontres » a-t-elle rappelé.