Mipim : le « soutien absolu » du Medef aux promoteurs

Avec ses homologues d'Action Logement, Bruno Arcadipane, et de la FPI, Pascal Boulanger, le "patron des patrons", Patrick Martin, a rencontré un panel de promoteurs. Avec lesquels ils ont redit, qu'au delà des solutions existantes pour enrayer la crise du logement neuf (simplification de l’acte de construire, suppression de normes inutiles, innovations bancaires), l'urgence est d'agir en soutien de l’investissement immobilier.

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Bruno Arcadipane, président d'Action Logement, Patrick Martin, président du Medef et Pascal Boulanger sur le tapis rouge du Palais des Festivals de Cannes
Lors du Mipim de Cannes, Bruno Arcadipane, président d'Action Logement, Patrick Martin, président du Medef et Pascal Boulanger ont lancé un appel à l'action pour relancer la construction et la vente de logements.

Absent de l’Alliance pour le logement mais présent au rendez-vous de l’industrie immobilière.

Au Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim) le 13 mars à Cannes, Patrick Martin, président du Mouvement des entreprises de France (Medef), a affiché un « soutien absolu » aux promoteurs français fragilisés par la crise de la demande de logement, engendrée par la rapide hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) entre mi-2022 et mi-2023, elle-même répercutée par les banques dans les crédits immobiliers accordés aux particuliers, occupants ou investisseurs.

Alerte sur les finances publiques

Outre les recettes fiscales en moins liée à la chute des ventes, de26% en 2023 par rapport à 2022, la crise pèsera sur les finances publiques, scrutées par « les agences de notation qui pourraient dégrader la note de la France », a-t-il souligné, avant d’insister sur les conséquences de la casse sociale en cours : « La destruction de 100 000 emplois dans la filière coûtera plus de 2 milliards à l’Unédic, sans parler du milliard de cotisation en moins. » Autre chiffre inquiétant, selon lui : « L’effet contagion de la crise immobilière qui se traduira par -0,3% de PIB de cette année. »

En tant que représentant du patronat, le président du groupe Martin Baleysoud, spécialisé dans le chauffage, les fluides ou encore les produits sidérurgiques, s’inquiète en outre du manque d’offres qui freine les mobilités professionnelles.

« La solution est beaucoup plus simple que veulent croire nos gouvernants : il faut stimuler à nouveau les investisseurs particuliers, en réactivant le Pinel par exemple, car Action Logement ne pourra pas éternellement acheter des programmes aux promoteurs. » Une référence aux 30 000 logements commandés au deuxième semestre 2023 par le groupe partiaire, pour débloquer les programmes privés qui peinent à trouver preneurs.

Dans un pays qui a besoin de produire plus de 300 000 logements par an, selon le Secrétariat général à la planification, équipe rattachée à Matignon, moins de 95 000 lots ont été vendus l’an dernier par les professionnels, soit presque deux fois moins que la moyenne annuelle pré-Covid. L’époque de "l’argent gratuit", qui permettait d’écouler le stock sans difficultés, même avec des fonciers acquis au prix fort, paraît tellement loin…

Les agriculteurs inspirent les promoteurs

« S’ils veulent mettre le logement à terre, qu’ils le disent », a lancé Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). À cran, ses adhérents « réfléchissent à rejoindre les agriculteurs », a-t-il confié. Idem au sein de la FFB, a-t-il ajouté : « La base dit au président Olivier Salleron : mais qu’est-ce que vous foutez ? »

Bruno Arcadipane, président d’Action Logement et vice-président du Medef, a rappelé qu’il n’y aura « pas de réindustrialisation ni de plein-emploi sans logement ». Autre message envoyé au gouvernement : « Le couple Kasbarian-Béchu (ministre délégué du Logement et ministre de la Transition écologique, NDLR) fait preuve de solidarité avec la filière, au moins dans l’analyse et l’envie d’avancer. »

Annoncées la veille au Mipim par Guillaume Kasbarian, les nouvelles mesures de simplification pour stimuler la construction de logements ne convainquent donc pas. Pour relancer la machine et éviter un creux de livraisons en 2025 et 2026, il faudrait s’attaquer à la crise de la demande. Problème : le gouvernement veut laisser le marché se réguler et concentre ses efforts sur le « choc d’offres » souhaité par le Premier ministre Gabriel Attal.

Pour faire bouger Matignon et Bercy, Jacques Ehrmann, directeur général du groupe Altarea, a parlé politique : « Au Portugal, le gouvernement (socialiste, NDLR) vient de perdre les élections sur le sujet du logement. Il est suicidaire de ne rien faire. »

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