Au deuxième semestre 2007 doivent débuter, sur la commune de Salles-Curan dans le Lévezou aveyronnais, les travaux du parc éolien à ce jour le plus important de l’Hexagone, 29 machines produisant 87 MW, soit la consommation d’une ville de 135 000 habitants. Le projet d’environ 100 millions d’euros est porté en partenariat par SIFF Energie France, filiale d’EDF Energies nouvelles, et un groupe d’investisseurs du département, au premier rang desquels Manuel Cantos, gérant de la holding du même nom. « Les énergies renouvelables deviennent un domaine d’investissement privilégié. Elles sont un axe de développement majeur de notre groupe. » Cantos exploite dans la région plusieurs microcentrales hydroélectriques. Mais l’éolien est désormais une priorité avec quatre autres sites en cours d’étude.
Selon le bilan publié par l’Observatoire régional de l’énergie en Midi-Pyrénées (Oremip), la région se situe pour l’éolien au 11e rang national avec seulement trois sites installés en 2006, dans l’Aveyron, la Haute-Garonne et le Tarn, 24 éoliennes au total pour une puissance de 25,3 MW.
Projets industriels. Mais le vent tourne. « Midi-Pyrénées possède de nombreux atouts dans les diverses filières des énergies renouvelables, hydraulique, bois, solaire ou éolien. Dans ce dernier domaine, la région a de fortes chances de se révéler demain comme l’une des deux ou trois premières régions françaises », ne craint pas d’affirmer Thierry De Mauléon, chargé de mission à l’Ademe. Plus d’une centaine de permis de construire ont été délivrés et près de 150 demandes déposées, sans compter les projets à l’étude. Une montée en puissance à la mesure du potentiel d’un territoire soumis aux vents d’ouest et au vent d’autan.
Quatre départements sont concernés au premier chef : l’Ariège, la Haute-Garonne, le Tarn et surtout l’Aveyron. « Avec plus de 200 MW de permis déjà accordés ou déposés, et des projets qui représentent 300 MW supplémentaires, l’Aveyron est en passe de devenir le 1er département de l’Hexagone en matière d’éolien », affirme Serge Bard, responsable à la Drire du secteur énergies renouvelables, attaché au suivi du dossier éolien. Des dossiers dont l’ampleur inscrit cette production dans une dimension industrielle.
Dans l’Aveyron, l’espagnol Gamesa doit installer dix éoliennes représentant 20 MW à Pont-de-Salars, les Allemands de RDE équiperont deux sites avec 12 éoliennes à la puissance de 21 MW, à Castelnau-Pégayrols, Ventura (groupe Théolia) se prépare à mettre en œuvre treize machines pour 22 MW, le groupe EVO 11 MW avec cinq éoliennes à Lestrade, etc. Le dossier déposé par Total et Harpen (filiale du groupe allemand RWE), associés dans une joint-venture à 50/50, devrait ravir la première place au site de Salles-Curan : 33 éoliennes tournant au pays belmontais (Sud Aveyron) avec une puissance de près de 99 MW. Des réalisations qui devront s’inscrire dans le périmètre des ZDE (zones de développement éolien) en vigueur dès juillet 2007.
Mobilisation efficace. Derrière ce gisement aérien, les autres départements font encore pâle figure. Un projet de 22 MW est prévu en Haute-Garonne, auquel s’ajouteront l’extension du site d’Avignonet-Lauragais, et un site près de Pamiers avec un projet de ZDE. Seul le Tarn est bien engagé avec onze projets et 60 MW en permis accordés. Parmi ceux-ci, le projet Cap’Eole de la société Abo Wind avec cinq éoliennes (10 MW) se heurte à un recours devant le tribunal administratif intenté par trois associations locales.
Ce qui désole Benoît Praderiegérant de Abo Wind France, basée à Toulouse: « Les arguments environnementaux ne sont souvent pas justifiés. Ces recours retardent la réalisation des projets et il est très difficile pour de petites structures de n’espérer réaliser un chiffre d’affaires qu’au bout de cinq à six ans au lieu des deux prévus initialement. » Benoît Praderie, également délégué régional du syndicat des énergies renouvelables, se félicite de la mobilisation en Midi-Pyrénées. « Il existe une réelle intention politique. Et la région est la première pour les installations solaires thermiques. »
