L’élection, en juillet dernier, de Frédéric Guinieri comme vice-président de la Métropole Aix-Marseille-Provence, délégué au Logement, à l’Habitat et à la Lutte contre l’habitat indigne, avait rassuré les acteurs de l’aménagement et de l’acte de construire.
Ingénieur TPE, fin connaisseur des questions du logement et des rouages de l’administration, le maire sans étiquette de Puyloubier, commune périphérique d’Aix-en-Provence, semblait le plus à même de piloter ces dossiers majeurs pour le territoire. Il vient de démissionner de ses fonctions pour raison de santé. Il en aurait informé en début de semaine Martine Vassal, la présidente LR de la métropole.
Ce soir, il ne sera donc pas aux côtés de la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, venue présider le premier comité pilotage du projet partenarial d’aménagement (PPA) de lutte contre l’habitat indigne et insalubre dans le centre-ville de Marseille, adopté en juillet 2019.
Manquera à l’appel une personnalité capable de conduire, selon de nombreux témoignages, le vaste chantier de la lutte contre l’habitat indigne et cela, en concertation avec la nouvelle équipe municipale à la Ville de Marseille. En la matière, le dialogue est essentiel. La plus grande partie de l’habitat indigne se situe dans la cité phocéenne et c’est la métropole qui a la compétence en matière d’habitat. Elle doit d’ailleurs adopter un programme local de l’habitat avant la fin de l’année.
Bon augure
Pour les représentants des collectifs et associations, les premières annonces de Frédéric Guinieri étaient de bon augure. « Sa volonté de produire plus de logements sociaux et très sociaux, ainsi que celle d’une répartition équilibrée sur le territoire métropolitain, allait dans le bon sens tout comme la décision de répondre à l’appel à manifestation d’intérêt du gouvernement sur le logement d’abord pour lutter contre le sans-abrisme », déclare Florent Houdmon, directeur de l’agence régionale Paca à la Fondation Abbé-Pierre.
Son seul regret est celui du refus de la métropole Aix-Marseille-Provence d’expérimenter l’encadrement des loyers à Marseille alors que la ville a voté une délibération en ce sens lors de son dernier conseil municipal le 23 novembre.
Période d’incertitudes
De plus, Frédéric Guinieri était pressenti pour prendre les rênes de la Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) créée en juin 2020. Un conseil d’administration, de la structure dont le capital est détenu à 59% par la métropole doit se tenir avant la fin de l’année (1). Il s’agit notamment de désigner le président et le directeur général de la SPLA-IN.
Là encore, le départ de l’élu ouvre une période d’incertitude alors que nombreux sont ceux qui s’impatientent de la lenteur de l’action publique dans la lutte contre l’habitat indigne et réclament une production plus adaptée de logement social à l’échelle des 92 communes membres de la métropole.
Dans une interview accordée au Moniteur, le 5 novembre, Patrick Amico, adjoint en charge de la Politique du logement et de la Lutte contre l’habitat indigne à la Ville de Marseille, estimait qu’il fallait produire en moyenne 3 000 logements locatifs sociaux par an contre les 1 000 actuellement.
(1)En Paca, le logement social représente 13 % du parc de logements, alors que 70 % des ménages y sont éligibles (source : Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires).
En 2019, 9 965 logements locatifs sociaux (contre 10 773 en 2018) ont été agréés en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), et 3 140 (contre 3 200 en 2018) sur la métropole Aix-Marseille-Provence (source : ARHLM Paca-Corse).
Pour 2020, l’Etat a présenté comme objectif 13 175 logements sociaux agréés. Au 17 novembre 2020, 1 800 l’ont été.