MATERIELS DE CHANTIER Ouvrir la voie au redressement

-Devant la déprime du marché français, les entreprises ont dû se restructurer. -En France, excepté les terrassements, toutes les spécialités stagnent ou souffrent. -A l'export, en revanche, les couleurs françaises flottent aux quatre vents.

Le marché français des travaux publics a connu, en 1996, sa cinquième année de récession : 8 % en volume, soit 130 milliards de francs, et la perte de 12 000 emplois. Par rapport à 1991, la chute est de 23 % et, l'an dernier, les 5 800 entreprises retrouvaient un marché au niveau de 1986 ! Exception faite des terrassements qui, soutenus par les programmes de grands travaux (40 % du total avec le TGV Méditerranée et les autoroutes), ont encore du grain à moudre jusqu'en 1999, la majorité des métiers de travaux publics est mal en point. Les routiers sont, de loin, les plus pénalisés par l'effondrement de la dépense publique. Dans ce domaine, l'Etat donne le « la » avec une baisse de 25 % de ses investissements routiers en 1997. En trois ans, leur marché de la route a perdu 20 %, passant de 50 à 40 milliards de francs par an. A mi-parcours, le volet routier des contrats de Plan Etat-régions se traduit par un taux d'engagement des financements de 38 %, au lieu des 60 % prévus. Bref, au lieu d'être réalisés sur cinq ans, ils le seront sur huit ans. Conséquence : tous les groupes vivent à l'heure des restructurations et mettent fin au principe de concurrence interne qui faisait florès du temps de la croissance.

Le secteur génie civil/ouvrages d'art ainsi que celui des fondations, sondages, forages souffrent eux aussi. Surtout en France. Mais, là encore, l'export, où s'illustrent plus particulièrement les majors, compense les défaillances du marché intérieur (voir ci-dessous). Ce hiatus, patent pour les travaux souterrains, est, pour bon nombre d'entreprises, aggravé par la multiplication des contentieux et des pertes sur chantiers (Eole, traversée de Toulon...).

Le secteur assainissement/canalisations devrait se maintenir en 1997, grâce au démarrage du VIIe programme des agences de l'eau et au renfort des grands projets de Gaz de France, notamment les artères des Hauts-de-France et le gazoduc Dunkerque-Bâle. Même prévision pour les travaux électriques, stables autour de 27 milliards de francs. Une stabilité qui cache les grands efforts de productivité des entreprises confrontées à des travaux plus qualitatifs, et à l'effondrement de sous-secteurs comme la caténaire ou les lignes très haute tension. Sans oublier la politique de désinvestissement de certains maîtres d'ouvrage publics comme EDF (-6 %) ou France Télécom (-20 %), voire le gel de certains notamment à la SNCF en 1997 (1,9 milliard de moins pour le TGV Méditerranée).

Prenant acte que les finances de l'Etat sont réduites durablement à la portion congrue, Philippe Levaux, président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), ne lui demande plus que d'honorer sa signature, et appelle les collectivités locales à investir (voir entretien). En effet, si les TP dépendent à 70 % de la commande publique, les collectivités locales sont, et de loin, le premier client, avec 42 % du total (voir graphique). Une fois de plus, l'arbre des grands travaux ne doit pas cacher la forêt des petits ouvrages. « La commande des collectivités locales, ce sont 70 000 marchés publics, et 40 000 d'entre eux sont inférieurs à 300 000 francs », martèle-t-il. C'est pourquoi la stratégie de la profession passe par la remobilisation des élus locaux. Cela suffira-t-il à enrayer la crise la plus profonde que les TP aient connue depuis la Libération ?

TABLEAUX : (1) COLLECTIVITES LOCALES : PRES DE 10% DE BAISSE EN 2 ANS

La déprime des travaux publics reflète le manque d'appétit des élus locaux pour les dépenses d'équipement. Source FNTP

(2) EN ATTENDANT L'ASIE, L'EUROPE EMERGE

L'évolution de l'activité export sur dix ans montre l'explosion du marché européen, la plongée de l'Afrique et l'émergence de l'Asie qui devrait bientôt être suivie par l'Amérique latine. Source FNTP

(3) ENTREPRISES PUBLIQUES : LA CHUTE DES DEPENSES TP S'ACCENTUE

La baisse régulière des investissements publics dans l'énergie, moins spectaculaire que la chute du secteur télécom, est plus pénalisante pour les entreprises. Source DAEI

TABLEAU : LES MAJORS RESISTENT GRACE A L'EXPORT

(2)UN MARCHE INTERIEUR EN LENTE EROSION

Si les résultats d'activité des majors font apparaître des progressions, ils ne reflètent ni le coût des restructurations engagées, ni les pertes subies (par Eiffage et SGE notamment). De plus, les majors, très présents à l'export, limitent ainsi la déprime du marché intérieur (-23% par rapport à 1991).

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