Malerba, une entreprise ultralocale acquise à l’ultramodernité

Loin de souffrir de sa situation enclavée entre les départements du Rhône et de la Loire, l’entreprise de blocs-portes Malerba fait feu de tout bois (et métal). Dans son arsenal anti-crise : des lieux de stockage bien répartis et des étapes de fabrication intégrées pour mieux rayonner dans tout l’Hexagone.

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Malerba
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Après avoir gravi une colline en pente douce, c’est déjà le moment de redescendre dans la vallée où se tient la nouvelle commune de Cours-la-Ville (Rhône).

À l’arrivée, au 250 rue Paul-Malerba, se trouve le siège de la société du même nom. Une coïncidence peu étonnante, étant donné que la ville, qui compte 3 797 habitants, abrite aussi une entreprise qui a réalisé plus de 200 M€ de CA en 2021 et emploie 524 salariés. Spécialisée dans la fabrication de blocs-portes en bois et métal et de portes techniques, elle a été créée en 1971 par Paul Malerba, et n’a depuis cessé de se développer avec son fils, Bruno Malerba… mais sans franchir les cimes des montagnes alentour. Onze sites industriels maillent Cours-la-Ville et les communes alentour. « 13 ! rectifie promptement David Palmero, directeur commercial de l’entreprise depuis onze ans. Je compte aussi Montibert et M Glass. »

Malerba
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La première entité est spécialisée dans la fabrication de menuiseries vitrées coupe-feu et a été rachetée en 2011. La deuxième a été mise en place en 2015. « M Glass nous a permis d’internaliser les activités de découpe et de préparation du verre nécessaires à nos activités, et fournit à la fois Malerba et Montibert. Dès que ça a du sens, nous intégrons », précise le directeur commercial. Et ce désir de maîtrise a donné naissance à un ovni en matière de stockage et distribution nommé Malerba Distribution. Le fabricant est en effet doté de sept sites de distribution en France, qui permettent de « dépanner » rapidement la clientèle et d’offrir des points de collecte. Mis en place en 2010, Malerba Distribution a, selon le directeur commercial, prouvé sa pertinence en 2020 et 2021 lors du confinement (qui a vu l’usine fermer ses portes) et de la reprise d’activité qui a suivi : « Nos stocks régionalisés, constitués des 80/20 de nos produits, nous ont aidés à continuer à fournir nos clients. » L’entité a d’ailleurs réalisé 20 M€ de chiffre d’affaires en 2021.

Commercer grâce à des chefs d’entreprise

Malerba fonctionne grâce à un réseau d’agents commerciaux scindé en deux secteurs : menuisier et serrurier métallier. « Ces indépendants ont en moyenne 17 ans d’ancienneté chez nous, explique David Palmero. Lorsque nous nous réunissons pour échanger sur notre activité et le marché, je parle à des chefs d’entreprise, pas à des collaborateurs, et l’approche est sensiblement différente. » Côté prescription, Malerba dispose d’une équipe en interne, en lien avec les agents commerciaux.

« Sous-traitant » interne

Lors de la visite, David Palmero montre sa connaissance des moindres recoins des usines Malerba. Avec la directrice de la communication et du marketing Lydie Chastan, il détaille les dernière modifications de l’outil industriel. Première étape, l’usine 5, le « sous-traitant » interne des usines Malerba. Des dizaines de bobines d’acier défilent dans l’entrepôt, ainsi que des stocks de tôles laquées destinées aux portes métalliques. David Palmero est catégorique : « Nous sommes les seuls en France à avoir internalisé cette étape de refendage. Nous retravaillons nous-mêmes les bobines en acier pour fabriquer nos huisseries, tout comme les portes et des petits éléments de quincaillerie. » Un investissement stratégique qui autorise une flexibilité à l’industriel. Deuxième étape, l’usine 3, qui fabrique des blocs-portes métalliques destinés à l’habitat. « Le secteur de la rénovation énergétique des bâtiments va se développer. C’est pour cette raison que nous avons lancé Malerbaréha, une application dédiée à cette activité », glisse Lydie Chastan. Direction l’usine 4, qui fabrique 3 000 huisseries métalliques destinées aux portes en bois. Des profileuses et des plieuses avec opérateurs se font face pour produire les quatre extrémités des huisseries au gré des commandes. Plus loin, des robots, présents depuis 2018, soudent les huisseries banchées, destinées à équiper les murs en béton banché des bâtiments collectif et tertiaire. « Nous développons nos propres machines avec nos partenaires avec pour objectif de réduire la pénibilité tout en améliorant la productivité. » Dehors, les huisseries, après un passage dans une bassine de peinture anticorrosion et dans un four, sont entreposées par centaines, en attente d’expédition.

Malerba
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La visite se termine par l’usine 6, qui fabrique en moyenne 2 700 portes en bois par jour. Elle dispose d’un stock tampon de trois semaines en panneaux agglomérés, médium, etc. Ici encore, des machines conçues spécialement pour Malerba, tel le poste de préparation des âmes de portes qui associe les composants afin leur conférer les caractéristiques techniques requises, notamment acoustiques, ou encore le nouveau centre d’usinage automatisé qui réalise des usinages plus complexes que les centres traditionnels, afin de produire des portes à forte valeur ajoutée équipées de verrous et ferme-portes encastrés, de jarretières, de charnières invisibles, de parcloses affleurantes, etc. Et David Palmero de conclure : « Ce qui fait notre force, c’est notre process unique. » Comme pour illustrer cette déclaration, Lydie Chastan présente le four, qui permet de tester au feu les blocs-portes, notamment vitrés : « C’est un moyen de réaliser de nombreux essais exploratoires et de s’assurer de leur bonne résistance au feu avant qu’ils ne soient testés officiellement par Efectis, un des laboratoires français accrédités pour les essais feu. »

Malerba
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Services (bien) compris

Le siège de l’entreprise est entouré de deux showrooms : l’un présente les gammes de portes destinées à l’habitat, aux hôpitaux, crèches et écoles ; l’autre réunit des portes métalliques techniques pour l’industrie et certains bâtiments tertiaires. La reponsable marketing précise quelques axes de développement : « Nous pressentons que cela va être compliqué dans les mois qui viennent pour l’activité logement neuf, en conséquence nous poursuivons le renforcement de nos activités tertiaires. Il y a un très gros volume d’activité en perspective, notammment pour les hôpitaux. » Ces marchés différenciés ont permis à l’entreprise, selon la directrice, de sortir de situations de crise, comme celle de 2008. Malerba s’appuie aussi sur une politique de stock importante. Mais c’est sur un autre point que David Palmero insiste : « La logistique, c’est notre clé de réussite. Et ce depuis 2015, lorsqu’il a fallu livrer un chantier difficile d’accès au ministère des Armées à Paris. Cela nous a amenés à travailler la logistique du dernier kilomètre. » Côté stratégie, les représentants de Malerba sont clairs : « Nous avons un outil industriel mature, il n’est pas question d’augmenter les capacités de production et d’aller chercher des parts de marché, mais de respecter nos engagements et d’améliorer nos services. » Et d’ajouter : « Les services comme le BIM (encadré ci-contre) nous distinguent. Ils répondent aux enjeux digitaux auxquels sont confrontés nos clients. » Car Malerba compte bien continuer de développer son activité à Cours, « même si on voulait s’étendre ailleurs, on ne saurait pas faire. Notre force, c’est notre appareil industriel centralisé. »

Le BIM et la réalité virtuelle, l'ultime pari 

Malerba propose ses produits en version BIM (photo) et en libre téléchargement sur son site. L’entreprise a développé 11 modèles de portes virtuelles qui englobent les caractéristiques techniques et esthétiques des gammes développées. Ce service a lieu dans trois cas de figure : des clients qui téléchargent les données des portes pour les intégrer dans leur maquette ; d’autres qui téléchargent l’objet BIM, qu’ils intègrent dans leur maquette ; enfin un service payant proposé par Malerba afin de paramétrer sur demande les objets BIM. Raffinement ultime, Malerba développe, grâce à des casques de réalité virtuelle, des espaces en trois dimensions dans lesquels utilisateurs et clients peuvent se mouvoir et interagir.

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