Maladies professionnelles Le BTP face aux troubles péri-articulaires

Les troubles péri-articulaires, dits aussi troubles musculo-squelettiques (TMS), sont la première cause de maladies professionnelles du BTP. Ils sont généralement dus à des mauvaises postures de travail et à des gestes répétitifs.

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Si de plus en plus d'entreprises sont sensibilisées face aux risques d'accidents du travail, elles sont encore peu nombreuses à s'être penchées sur les maladies professionnelles. L'une des explications est la période de latence, souvent longue, de la maladie ; ce risque différé inquiète moins les employeurs que la survenance d'un accident.

Pourtant, le nombre de maladies professionnelles BTP progresse. Parmi les 3 300 maladies reconnues en 2003, un tableau représente à lui seul 65 % des maladies professionnelles du secteur (voir graphique) : le tableau 57 sur les affections péri-articulaires, appelées aussi troubles musculo-squelettiques (TMS). « Ce tableau 57 concerne tous les métiers du BTP, rappelle Jean-Pierre Baud, médecin du travail BTP dans le Rhône. Quand on l'affine, on s'aperçoit que 87 % des déclarations concernent quatre pathologies. L'épaule, le canal carpien (le poignet), l'épicondylite (le coude) et l'hygroma du genou. Ces pathologies frappent souvent des salariés de plus de 50 ans dont le travail exige des gestes répétitifs » ou des postures de travail inconfortables pour les articulations.

Certaines entreprises ont décidé d'agir pour prévenir l'usure physique de leurs compagnons. « Dans notre secteur, l'activité physique rime avec fatigue, usure. Il faut sortir de cette logique, estime Jean-Claude Brossier, dirigeant de l'entreprise de travaux publics Jérôme. Les sportifs s'échauffent, s'étirent, s'entraînent. Pas nos professionnels. » Cette entreprise a mis en place une formation en ce sens pour l'ensemble de ses salariés (voir encadré). « L'échauffement actif n'est pas encore la règle, explique un chef de chantier de l'entreprise mais les compagnons ont appris à mieux gérer leurs efforts. Par exemple, ils démarrent le chantier par des tâches moins difficiles aujourd'hui. »

Haro sur les formations gesteset postures. Pour prévenir ces risques physiques, une solution a souvent été vendue par les préventeurs aux entreprises : les formations gestes et postures. Elles semblent aujourd'hui passées de mode. « C'est une formation aux bons gestes pour éviter le mal de dos. Elle est trop centrée sur l'apprentissage d'un geste », explique Dominique Picard, ergonome à l'OPPBTP. « Dans mon département, ironise Jean-Pierre Baud, j'ai une entreprise qui a formé 100 % de ses salariés aux gestes et postures ; elle avait les plus mauvais résultats en termes de lombalgie. La formation des salariés ne peut être qu'une solution de prévention ; l'entreprise doit réfléchir à l'organisation de ses chantiers, limiter le port de charges et les gestes répétitifs. »

C'est l'esprit de la démarche Adapt lancée depuis trois ans par l'OPPBTP. L'acronyme signifie « aide à la démarche d'amélioration des postes et situations de travail ». La démarche consiste à examiner le poste de travail et dégager les pistes d'amélioration. « Avec le chef d'entreprise, nous réalisons un état des lieux et nous filmons des situations de travail sur les chantiers », explique Fernand Plard, délégué à la formation au comité régional Nord-Ouest de l'OPPBTP. Le film permet d'engager un débat avec l'encadrement et les compagnons. « Mettre en œuvre la démarche Adapt sans impliquer l'encadrement ne sert à rien », affirme Pascal Florian, délégué à la sécurité au comité régional Nord-Est de l'OPPBTP.

Une analyse des situations de travail filmées a lieu avec le chef d'entreprise et l'encadrement. « Cela permet de mesurer l'écart entre le travail prescrit et le travail réel. Nous abordons les pistes d'amélioration. Souvent, ce sont des problèmes organisationnels qui émergent », expliquent les deux délégués. Une restitution s'effectue également avec les ouvriers. « Ils réfléchissent sur leurs postes de travail, proposent des améliorations ». L'entreprise TPC, filiale de GTM Construction dans la Manche (135 salariés), a utilisé la démarche dès 2004. « Six postes de travail ont été filmés. Cela aide les ouvriers à prendre conscience des risques. De là naît la discussion. Souvent les compagnons ont la solution sur les chantiers », reconnaît Philippe Simonnou, animateur qualité.

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