Qu'est-ce que l'hôpital post-Covid selon vous ?
A Marseille, dans les années 1960, lors de la construction des hôpitaux Nord et de la Timone, les chambres sont passées à deux lits. C'était déjà une révolution. Aujourd'hui, avoir 100 % de chambres individuelles avec cabinet de toilette est une nécessité pour limiter le risque épidémique. Mais cela implique plus de mètres carrés par patient, donc plus de mètres carrés à entretenir, chauffer et nettoyer. Les travaux en cours de notre projet de modernisation Cap sur 2030, doté de plus de 1 Md €, prévoient ce réaménagement. Il faut aussi penser modularité des locaux.
On peut imaginer des unités avec une taille relativement homogène pour les chambres. La structure des services pourrait être la même entre médecine et chirurgie, quelle que soit la typologie des pathologies. Ensuite, une couche superficielle d'architecture et de design permettrait de déplacer les cloisons s'il faut, à un moment donné, plus de médecine et moins de chirurgie. L'enjeu est d'avoir une organisation optimale en termes de charge et de conditions de travail, de nombre de soignants par patient. Nous avons vu les limites de l'hyper standardisation. Il faut réfléchir à l'environnement économique, social, urbain, aux moyens de transport. Le contexte n'est pas le même qu'à Paris.
Pourquoi ?
Il est difficile de se loger dans Paris intra-muros quand on est une infirmière employée à l'hôpital Necker ou à la Pitié-Salpêtrière. Et quand on vit en banlieue et qu'on commence à 6 h 30 du matin, cela implique de se lever à 4 h 30.
A Marseille, il est possible de trouver un logement abordable à vingt minutes de chacun des quatre sites de l'AP-HM.
Par ailleurs, dans la capitale, l'offre hospitalière est plus dense, un avantage du point de vue des patients. Ici, deux hôpitaux peuvent se trouver jusqu'à 20 km l'un de l'autre.
Qu'a changé le plan Ségur pour l'AP-HM ?
Il a permis d'améliorer la rémunération des professionnels et d'éponger une partie de la dette. Elle s'élevait à 1 Md € en 2018, elle est tombée à un peu plus de 800 M€ aujourd'hui. Par ailleurs, notre plan de modernisation bénéficie déjà de 478 M€ de financements au titre de France relance-France 2030 et du plan Marseille en Grand. De leur côté, les collectivités apportent 130 M€ supplémentaires. Cependant, l'AP-HM a besoin d'être davantage aidée sur le plan financier. Aujourd'hui, elle porte sur ses épaules à la fois un déficit et une dette.