« Les communes se réveillent. » Neuf mois avant l'entrée en vigueur de la directive européenne d'ouverture du marché de l'électricité, ce constat empirique a réjoui vingt-neuf régies municipales d'Alsace et de Lorraine, réunies le 13 mai par l'assemblée générale de l'Association des exploitants de réseaux publics d'électricité, d'eau, de gaz et de télécommunications.
« D'après les remontées du terrain, les communes commencent à se rappeler qu'elles disposent du pouvoir de concession des réseaux », indique Jean-Marie Wagner, directeur commercial de l'Usine d'électricité de Metz.
Selon l'émanation régionale de l'Anroc (1), cette prise de conscience peut tailler une brèche dans la position hégémonique d'EDF, détenteur de 95 % du marché français de la distribution. Elle pourrait aussi modifier l'approche du gouvernement, « qui a totalement ignoré les collectivités locales » dans son rapport de préparation à la libéralisation du marché.
L'application plus large de la directive européenne en France constitue le cheval de bataille des régies. Celles de l'Est se réfèrent à l'Allemagne voisine, qui a ouvert complètement son marché dès le 1er mai. Selon l'Association, EDF aurait tout intérêt à réclamer également une ouverture aussi large : en cas de restrictions à la libéralisation en France, le principe de « réciprocité négative » fermerait à l'entreprise publique les portes des marchés voisins.
(1) Association nationale des régies de services publics et d'organismes constitués par les collectivités locales. L'Alsace-Lorraine représente 30 % des adhérents.