Logement très social : "La raison, chance de la solidarité"

Pour le père Bernard Devert, président fondateur de Habitat et Humanisme qui s'occupe du logement et de l'insertion des personnes en difficulté, la hausse des prix de l'immobilier et les déficits publics ne doivent pas menacer la réalisation des programmes de logements sociaux.

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Habitat et Humanisme

L'immobilier repart. A la faveur des taux d'intérêt très bas, du risque d'inflation né du fort endettement public, l'habitat se présente comme une valeur raisonnable, mais le refuge des uns ne met-il pas "à découvert" beaucoup d'autres.

A l'aggravation du nombre de chômeurs, s'ajoutent plus de 300.000 personnes qui en fin d'indemnisation auront de grandes difficultés à supporter leur loyer. Si le modèle d'un Etat Providence est à l'agonie, alors s'impose avec plus de vigueur et de rigueur la nécessité de réguler le marché.

Jean Boissonnat note que l'on a peut-être oublié qu'Adam Smith, théoricien du capitalisme, soulignait que ce système n'avait d'avenir que s'il respectait deux obligations, le respect des autres et la maitrise de soi. Sans éthique et sans souffle spirituel, l'économie dérive vers un économisme conduisant au chaos.

Des populations souffrent, mais pour ne pas rencontrer les visages on en reste à des chiffres qui "gonflent", sourds au murmure de l'inquiétude ou au grondement de la colère.

Bernard de Korsak, Président d'Habitat et Humanisme Ile de France observe qu'au 31 décembre 2009 plus de 22.000 familles sur ce territoire ont été reconnues comme prioritaires pour accéder un logement décent. Or, seulement 4.200 d'entre elles ont pu être relogées à cette date. Pendant ces deux années, plus de 160.000 logements sociaux ont été attribués ...à d'autres !

Par le jeu des investissements publics (transports, équipements culturels, sportifs) le prix du foncier explose dans les grandes agglomérations. Est-il raisonnable d'accepter comme une fatalité cet enrichissement sans cause comme d'énoncer le droit du logement sans que soit revisité le droit de propriété. Sans justice ni cohérence la recherche de la cohésion sociale est vaine.

Les déficits publics ne sauraient être l'alibi du statu quo mais bien l'obligation de penser différemment la solidarité. Trois dispositions offriraient des avancées dans cette attention à la maîtrise de soi pour une meilleure estime de l'autre :

- modifier, pour son 10e anniversaire, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain afin que les communes ne puissent pas s'affranchir de la création de logements sociaux. Dramatique et barbare, cette richesse qui permet d'éloigner les plus pauvres !

- augmenter la densité des grandes agglomérations en majorant de 25% les droits à construire qui, affectés d'une charge quasiment nulle, autoriseraient le financement d'opérations aidées. Les intérêts privés seraient contenus, mais pas lésés.

- développer la propriété solidaire, l'Etat et les Collectivités Locales louant des bâtiments ou terrains pour que là où l'attente du logement est insupportable soient réalisés des logements accessibles à tous, dans une approche de mixité sociale et générationnelle.

A force de tolérer les injustices, ne nous étonnons pas de cet individualisme qui fait perdre à notre Société l'attachement à son unité.

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