« L’habitat précaire a été détruit quasiment en intégralité » et des logements plus robustes, en béton et non en tôle comme dans les bidonvilles, ont vu « leur toiture arrachée » : le premier état des lieux dressé le 16 décembre par l’entourage de la ministre du Logement démissionnaire Valérie Létard illustre la violence du cyclone Chido, qui a ravagé Mayotte deux jours plus tôt.
Outre les logements, plusieurs bâtiments clés ont été touchés. « La préfecture n’est plus debout, une bonne partie de l’hôpital est par terre, le conseil général est par terre. C’est apocalyptique », témoigne Yves Michel Daunar, directeur de l’Etablissement public foncier et d'aménagement de Mayotte (EPFAM).
Le seul hôpital de l’archipel a en effet subi « des dégâts des eaux importants, ainsi que des dégradations, notamment dans la partie chirurgie, réanimation, urgence, maternité donc des parties essentielles », a confirmé la ministre de la Santé démissionnaire, Geneviève Darrieussecq. Néanmoins, l'accès à ce centre hospitalier a pu être rétabli, a précisé le ministre des Transports démissionnaire, François Durovray, dans un post LinkedIn en date du 16 décembre au soir.
Citons également la tour de contrôle de l’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi. La reprise des vols commerciaux n'est pas envisagée avant « au mieux dix jours », selon une source préfectorale. Pour l'instant, l'aéroport est partiellement opérationnel. Seuls des vols en mode dégadré, de jour, peuvent atterrir, détaille le ministère des Transports.
Des écoles ou encore des casernes de la gendarmerie sont par ailleurs détruites.
Poteaux électriques à terre
Les autorités craignent « plusieurs centaines » de morts. L’heure est encore à l’urgence de retrouver des proches qui ne répondent pas au téléphone. Faute de batterie, d’électricité, de réseau…
Arbres arrachés, poteaux électriques à terre : les routes sont à déblayer pour secourir la population, acheminer eau et nourriture, faire circuler les forces de l’ordre et éviter les pillages des maisons et commerces éventrés. Menées par les forces civiles et militaires, les opérations de dégagements sont actuellement en cours, précise encore le ministère des Transports.
Avec des rafales de vent à plus de 220 km/h, l’œil de Chido a frappé directement les terres de Mayotte, où environ un tiers de la population vit dans de l’habitat précaire. Ce cyclone a probablement été favorisé par des eaux de surface proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d’énergie aux tempêtes, un phénomène lié au réchauffement climatique observé également dans l’Atlantique Nord et le Pacifique.
Habitat modulaire
Dans un deuxième temps se posera la question de la reconstruction. A moyen terme, « l’acheminement d’habitat modulaire » est envisagé, annonce l’entourage de la ministre du Logement. A long terme, quels matériaux utiliser, quels savoir-faire et main d’œuvre mobiliser pour rebâtir et anticiper de futures tempêtes ?
Les deux tiers des logements mahorais sont considérés comme surpeuplés, c’est-à-dire qu’au moins une pièce manque par rapport à la composition du foyer, contre 20% à la Réunion voisine mais distante de 1500km, d’où viennent les renforts et vivres.
Peuplé officiellement de plus de 300 000 habitants, le plus jeune et plus pauvre département de France compte moins de 300 logements sociaux, selon le Plan départemental d’actions pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées à Mayotte de 2023. Il y aurait « 100 000 à 200 000 personnes en plus, compte tenu de l’immigration illégale », selon une source proche des autorités, citée par l’AFP.
