Décryptage

Logement - Les Outre-mer veulent un traitement adapté

Les territoires ultramarins demandent une approche plus locale pour dégripper la production et la réhabilitation.

 

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En Polynésie française, le besoin annuel s’élève à 1 400 logements. (ici, un logement développé par l’OPH local sur l’île d’Arutua).

En matière d'habitat, les Outre-mer partagent un point commun : le manque de « logements décents et à coûts abordables », estimé à 90 000, selon Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH). Et le retard est loin d'être comblé : en 2020, l'offre nouvelle a plafonné à 8 018 unités, dont 6 855 HLM. La solution, mise en avant lors du Congrès HLM 2021 ? « Une décentralisation négociée », propose l'ancienne ministre du Logement.

En Guyane, cela pourrait se traduire par une adaptation de la réglementation nationale. « Nous sommes soumis à l'objectif de zéro artificialisation nette (ZAN), mais nous devrions faire l'objet d'une démarche spécifique, espère Denis Girou, directeur général de l'établissement public foncier et d'aménagement (EPFA) [lire ci-dessous]. La question qui reste à définir consiste à savoir quel est le bon référentiel en termes d'artificialisation. » Selon une étude de l'association Guyane Energie-Climat publiée en 2016, mais basée sur des données de 2012, « les activités humaines - hors zone du barrage hydraulique de Petit-Saut - occupent moins de 2 % du territoire, principalement pour les usages agricoles […] et l'orpaillage ». Une très faible occupation des sols qui pourrait bien compliquer la tâche de Denis Girou. Car l'opération d'intérêt national (OIN) instaurée fin 2016 vise à produire, en quinze ans, 21 000 logements et des équipements dont 16 groupes scolaires, quatre collèges… Autant de programmes consommateurs d'espaces. Problème : il faudrait créer 4 000 à 5 000 logements chaque année pour répondre à l'évolution démographique, quand le marché en produit « naturellement » 3 000.

Réduire l'importation de bois. Autre requête en Polynésie française. La collectivité, autonome d'un point de vue administratif, a recensé l'an passé 1 000 nouveaux logements. Or son besoin annuel s'élève à 1 400 unités, dont 800 HLM pour loger 3 500 familles en attente. « Pour augmenter la cadence, il faudrait servir la Polynésie avec des guichets Anru et Anah pour financer la construction sur quarante ans, le foncier et l'aménagement sur soixante ans », propose son ministre du Logement, Jean-Christophe Bouissou, qui souhaite voir arriver les deux établissements publics sur son territoire. En attendant, le « pays » dispose d'une marge de manœuvre, 100 % locale : l'aide aux matériaux, pour des logements construits, rénovés ou étendus par les habitants eux-mêmes. Le principe ? « Sur la base de leur devis, explique le ministre, une commande publique permet de tirer les prix des matériaux vers le bas. Ces familles reçoivent ensuite du bois, des tôles, de la peinture, du ciment… » En 2020, 1 500 foyers ont touché cette subvention. Autre idée : utiliser davantage de bois polynésien afin de réduire de 30 à 40 % l'importation.

Ce désir d'indépendance est partagé par Denis Girou, qui demande à « éviter que les certifications poussent à l'importation de matériaux, car, en Guyane, nous avons déjà une filière bois structurée. La part de ce matériau dans la construction atteint en moyenne 5 à 10 %, principalement pour réaliser les charpentes. Cette part pourrait sans doute augmenter ». Le nombre d'emplois aussi.

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